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lundi 4 avril 2016

La religion du loup

Dieu, après bien des échecs, aurait été remplacé par le Loup. Rares sont nos contemporains qui l’ont rencontré, et nombreux sont ceux qui devront se contenter de la parole de ses prophètes, retranscrite par son Eglise et gravée dans sa Convention. Ses fidèles dénoncent dans leur plainte ces nouveaux Satan que sont le berger incapable de protéger son troupeau, le chasseur criminel, le politicien véreux ... L'un serait assoiffé de subventions et fainéant comme une couleuvre, l'autre de sang, le dernier de pouvoir. Le berger en butte au loup décroche à coup sur le pompon, ayant le privilège de découvrir l'enfer dès ce bas monde ! Le progrès jamais ne s'arrête.


Deux loups mettent à mal un chien (Suède) qui sera sauvé de justesse par son maître et son gilet de protection






















Pourtant, une demi-douzaine de générations plus tôt, nos aïeux, souvent paysans-éleveurs ou journaliers agricoles, défendaient les troupeaux nourriciers et maudissaient sans exception le loup. Villageois, bergers et chasseurs vivaient encore sur la même planète. Depuis, les moutons qui ont permis aux générations de venir jusqu'à la nôtre, en nous nourrissant et en nous habillant, ont été relégués, au profit du prédateur qui nous en prive ! Les siècles, les millénaires de combat de l’homme contre le loup sont effacés. Dès les pénuries alimentaires disparues, notre mémoire a oublié la valeur de nos productions. Pourtant, la pauvreté n’est pas si loin ! Il y a un gros siècle encore, le loup n’était plus une entrave, mais la pénurie de nourriture était encore redoutée chez les petits paysans et chez les ouvriers. La mémoire familiale me l'a transmis. Les petits bergers mis "à maître" dès huit ans gagnaient déjà leur pain à la belle saison ! Et parfois une paire de sabots en guise de treizième mois. En ces temps, en Bresse, le premier job d’été de mes ancêtres était "berger des oies". Le marché, peu organisé allait de la ferme à la grosse bourgade où les Monsus (bourgeois) achetaient volaille fine, beurre et fromages tandis que les maquignons achetaient les bovins qui échappaient à la grande douve.


Acte de décès, Marboz, 1766 - Archives départementales de l'Ain
Remontons encore un autre bon siècle dans la Bresse où le paludisme n'a pas encore disparu. La petite Marie Anne Fromond, déjà orpheline de père, est croquée par un loup sur la paroisse où naquit mon papa, Marboz ; elle est l'avant-dernière des dix-huit victimes tracées dans les archives. Il y a eu heureusement d'autres Fromond, Vulain, Bérard et Daujat. On voit en cela que le loup est un prédateur drôlement raisonnable. Et qui aime jouer avec les chiffres, ai-je cru repérer : à trente kilomètres de là, en l'an 1768, trois enfants sont tués, et dévorés en partie, sur la même paroisse les 26 et 31 juillet, puis le 3 août ! Dix, onze, douze ans ! Étonnant, non ?




Ysengrin s’est assagi, encore qu'il ait joué récemment avec un skieur en Bulgarie, qui savait heureusement grimper aux arbres. S'il a oublié le goût de notre chair, il n'est pas devenu végan. Tout montre qu’il ne craint pas plus les bipèdes que les curés ne détestent les petits scouts. Croquant ici, dans un jardin italien, un petit chien du nom de Sketch, et là, en Allemagne, une jolie chèvre adorée répondant -ou plutôt ne répondant plus - au nom de Marcie. C’était dans la pâture à deux pas de la maison, et c’était quasiment un animal de compagnie. Une biche tuée et dévorée au centre d’un village de montagne français ... On ne connait pas son nom, à celle-là, et on s’en fout. Loup hybride ... chien ensauvagé ... proposeront PETA, WWF, FERUS, et tous les prophètes du loup, tous ses prêtres et tous ses marchands du temple ... Un loup à problèmes, peut-être ? Car après les enfants à problèmes, sont déjà arrivés les "ours à problèmes* ". Ça existe, et tout porte à croire que le concept de "loup à problèmes" viendra un de ces jours dédouaner sa calamiteuse - ou prodigieuse - corporation, selon la vision binaire qui convient. Il est étrange et rassurant de remarquer que les animaux sauvages poursuivis se rapprochent des habitations humaines, quémandant notre secours, ou espérant le loup suffisamment éduqué pour leur accorder le droit de refuge dans les villages. Ils rêvent ... Ce chien est pris dans la cour, images sévères, attention ... (https://youtu.be/B2SghVwu1xk)


Jura, un loup emporte un chat

Et le renard, bordel ! Il a fait si bien le job dans notre monde sans loup. Il assure le nettoyage de la nature habitée par l’homme avec une incidence limitée sur la grande faune et la faune domestique. Des faons de chevreuil, des volailles et des veaux en train de naître le maudissent bien un peu, c'est sur ... Et les grands corbeaux ou les vautours ? Souvent présents, pour pas cher, ils veulent bien contribuer à une nature toute propre sur elle. Bref, le loup n'a manqué à personne. La mémoire, si.




Il menace clairement le pastoralisme, sa production de paysages, d'aliments luxueux, de bonheur serein. Au plan économique il réduit la productivité des troupeaux. Au plan humain, il désespère les bergers.  Dans la montagne, il sème la peur parmi la faune sauvage et domestique.  La république ferme des écoles pour épargner cent mille euros mais trouve des millions pour Ysengrin. Si l’on explorait ce gouffre à grandes dents, en s'éclairant juste au bon sens, on remettrait aussitôt l’éleveur au centre du jeu. Comme quand la nourriture des hommes n’était pas un débat sur le gluten, et quand le loup était juste un loup.


Et si on laissait croître ces merveilleux loups ? Cinq mille loups dans dix ans, quinze mille dans quinze ans pour un rythme de 30 % ? Des schismes sont à craindre chez les croyants !


* euphémisme : l'ours est dit  à problème quand il attaque un humain




Sources :
http://www.unicaen.fr/homme_et_loup/ac_rech.php
https://www.facebook.com/FERUS-Ours-Loup-Lynx-Conservation-108137194175/?fref=ts
https://www.youtube.com/watch?v=9YM4cr4_N_M
https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_un-chien-de-chasse-muni-d-une-gopro-attaque-par-deux-loups-en-suede?id=9117493
http://www.nicematin.com/faits-divers/nouvelle-attaque-de-loups-en-plein-coeur-de-saint-etienne-de-tinee-28805
http://www.arezzonotizie.it/cronaca/un-lupo-mi-e-entrato-in-giardino-e-ha-sbranato-il-mio-cane/

http://www.telegraph.co.uk/news/2016/04/04/british-skier-to-lose-toes-after-fleeing-from-wolves-in-his-sock/

3 commentaires:

  1. très bien écrit , c'est agréable de te lire.

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  2. Parfait et cela vous réhabilite et ne fait pas douter de votre engagement contre les méfaits du loup! vous reconnaitrez aussi que le témoignage de cette éleveuse , tres"comprehensive" avec le loup pouvait amener quelques réactions "viriles" d'éleveurs plus impactes au quotidien et ulcérés de tant de propos niant systématiquement les nuisances du loup!!
    Cordialement

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  3. Merci pour cela, même si je n'ai besoin d'aucune habilitation. Bruno Lecomte m'avait contacté et j'envisageais encore, il y a deux mois de mettre en place une action d'information à base de ses films, en relation avec des syndicats agricoles.L'envie avait commencé à me quitter avant ces derniers délires ...
    Si peu d'intelligence de la tête et du cœur dans cette page font que FERUS ou WWF accepteraient probablement de la subventionner tant elle sait être contre-productive. Le combat devrait être de gagner des opposants et des "sans avis" à la cause des éleveurs. Et d'apprendre à lire, je crains aussi, tant les épisodes du vétérinaire suivant celui d'Alicia m'ont choqué.

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Merci de réagir, mais avec douceur et courtoisie.