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mardi 22 mai 2018

White Fisher

Modeste chasseur je suis ... et bien plus pauvre pêcheur encore.  Je fus surtout observateur. J'ignorais tout des pêches d'amateur qu'on peut faire en Corse avec un bateau ... si on a le talent et la connaissance d'un vrai piscadoru (pêcheur, en langue corse).



Captain JN à la manœuvre, Ajaccio.
Le joli  ketch, auquel j'avais goûté, a été remplacé par un petit 18 pieds (5.8 m) bien motorisé au cockpit généreux. Un autre monde aussi. Ça teufteuffe dur, ça avance un peu mou, mais bien plus vite que le voilier.


Bon, un pointu eut été davantage couleur locale, mais à patron-pêcheur donné, on ne regarde pas les dents !



Joli pointu photographié à Sagone



Pêche à la plume d'abord, une initiation. Madame me laissera peu la ligne, tant son goût pour la cueillette est naturellement recyclable dans la prédation. Des oblades destinées à la poêle ... pour celles qui ne seront pas nécessaires pour appâter.


Première prise, une oblade



Car il s'agit d'abord de récupérer des filets d'oblades pour des palangres, et des oblades vivantes pour taquiner le denti, un poisson qu'il est est gros et qu'il est bon. Certains peuvent trouver la pêche au vif un rien cruelle, mais il s'agit en fait d'une promotion fabuleuse pour une oblade ! Jamais avant elle n'aurait osé rêver de s'attaquer à un denti ou à un barracuda. Non, ne vous attendrissez pas ! Car si vous tombez définitivement du bateau, des oblades viendront peut-être vous bouffer quand le temps ... vous aura attendri.

Le lendemain matin, à une heure encore sauvage, des sars sont pris, mais aucun pagre, et un beau barracuda, manqué par la gaffe, brise la ligne et s'échappe. Consternation. Le soir, en bon naturaliste, je crois remarquer un étrange effet du milieu marin sur l'homme ... Mais non, finalement, ces écailles s'étaient juste collées sur mon mollet. Ouf !


Et c'est reparti le jour d'après, pour une pêche aux oblades, puis des palangres tendues sur fond sableux nous donneront des vives et un lézard, un poisson à l'étrange gueule, à l'étrange couleur de lézard. Juste comestible, contrairement aux vives qui sont un délice.

Le lézard et deux vives




le menu du jour sera servi à 500 m de fond ...
La gradation de nos pêches à la palangre se poursuit pour nous hisser au plus près des sommets ! En fait, des grands fonds ... Je n'imaginais pas qu'on pouvait descendre des lignes entre cinq et six cents mètres de profondeur. Eh bien si, et avec des hameçons gros comme ça et des appâts du même bois.  La pose est très longue, sophistiquée presque. L'avantage est qu'on peut pêcher de jour, car à cinq cents mètres les poissons restent actifs. Mais il faut quand même se lever tôt, selon mes critères.



quelques raies seront capturées



Relever ... Un petit treuil électrique aide à relever le plomb de la première bouée, plus de cinq cents mètres, c'est dur, le petit treuil souffre, et il ne faut pas casser,  la résistance n'est que de cent trente livres, environ soixante kilogrammes. Ouf, on tient le corps de la palangre, bien plus costaud, aux hameçons très éloignés les uns des autres. "Poisson", dit soudain JN ! et un premier requin de petite taille, suivi d'un autre. Et enfin une raie !  C'est un instant magique quand on commence à distinguer une forme sans savoir encore ce que c'est !



La plus belle prise ...


Puis une autre raie, un autre requin encore, deux congres, dont un de 10 kilogrammes, une dernière raie. Encore la seconde bouée et ses six cent mètres à relever. Le tableau est de trois raies, un gros congre, le reste est rendu à la mer.

Une bouillabaisse plus tard, je découvre la palangrotte pour une pêche de poissons de roche, pendant que deux palangres nous livrent quelques pièces aussi, dont une murène et deux pagres. La traîne à l'appât ne donnera rien.



Murène, pagres, girelles et jesaisplus !


De si beaux moments corses qui me donnent envie de reprendre modestement la ligne.