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jeudi 20 juin 2019

Terre-neuva d'Auvergne


Terre-Neuva d'Auvergne


Je vais vous narrer, et vous aller vous marrer, ma première campagne de pêche dans les quarantièmes meuglants (pas de tempêtes ni de rugissements ici, mais beaucoup de vaches). J'ai déjà coché-transposé   Le vieil homme et la mer, dans Le vieil homme et les vertes collines alors il me faut trouver un autre parallèle … Ce sera le quarante quatrième, alors. (44.929  N, 2.217 E)


Comme campagne de pêche, c'est un peu court, certes, mais j'ai dormi dans le bateau, quand même ... Six mois auraient été trop longs.

L'équipage a été choisi pour ses hautes qualités, tant physiques que mentales, car ce sera dur. Il est composé de moi-même, d'une dizaine de poissonnets qui s'ignorent encore être des spécialistes du sandre, de trois cannes à pêche, d'un sac de couchage et de fruits secs. Je pourrais éventuellement manger les gardons si la faim me tenaille et pêcher avec des fruits secs le lendemain. J'aurais pu emmener un gravier* pour sécher et préparer le poisson, un maître-saleur, etc … Mais l'ambition démesurée n'est pas ma caractéristique première.

Pourquoi je préfère dormir dehors ** ? Parce que j'ai horreur de me lever tôt et, à la pêche comme à la chasse, si tu dors à la dure, tu es content de te lever, et tu es déjà sur place, en prime.

Le port de Rénac n'a pas la dimension de celui de St-Malo ou de Dunkerque, aussi ai-je jugé inutiles les processions et autres fêtes païennes la veille de l'embarquement : celles où les marins sont déguisés en femmes. En fait, les marins partaient le lendemain vers Terre-Neuve ou l'Islande, leurs affaires étaient dans le baluchon, alors ils empruntaient les habits de leur femme, ai-je entendu …

Le lac est calme, moi aussi. Je file vers une anse où pointe un émissaire. Je me dis qu'un petit affluent est comme une cerise sur le gâteau,  qui lui-même ferait un dessert bienvenu ce soir. (44.927 N & 2.220 E). L'eau est déjà plus humide en Auvergne qu'ailleurs, mais je mouille quand même, à quelques mètres de fonds incertains et en restant par 3-4 mètres de fond, et je serai à l'ombre en prime. Ben non finalement, le soleil, il tourne bien ... Galilée, enfoiré !!!!

Le soir ...


Commence la galère du pêcheur moyen. Moyen, j'ai dit, pas médiocre. Le pêcheur de haut de gamme, lui n'a pas de souci, les nœuds d'attache se font comme par magie, il a un matos génial, et s'il prend un thon, c'est vraiment un poisson. Et tout ça finit en HD sur Youtube ... Mes montages à moi, mûrement pensés pourtant, nécessitent des retouches, elles-mêmes sujettes à retouches et re-retouches. La retouche avant la touche ? Ben non !

M'en fous, c'est royal ici. Un milan du même métal, royal, pêche un poisson en piqué devant mes yeux,  je lui jette mentalement des pièces. Ils sont trois à faire des arabesques magnifiques.

Si le milan est royal, ce n'est pas le cas de ma cambuse. C'est possiblement avantageux d'être petit et tordu dans la vie, plus en tout cas que d'être noir et bègue,  mais là, si ma longueur m'avantage ****, ma capacité à me contorsionner trouve aussitôt ses limites. La circulation d'air inexistante dans le petit bateau sans hublot ouvrant m'incite à dormir la tête vers la descente, mais l'air trop frais et les moustiques trop chauds m'incitent vite à un 180 degrés***. Ah qu'on est bien ! Pas bien du tout en fait, mais je finis par plonger. C'est le feu d'artifice qui me réveille ! Pas loin après l'endormissement, d'ailleurs. Merdre, il ne DEVAIT PAS y avoir d'orage. Que fait le gouvernement ?

Mais orage il va y avoir, et, annoncé ou pas, je risque de déraper sur mon mouillage précaire dans les rafales, et de passer une nuit épouvantable. Je lève le mouillage, et à la lampe frontale un peu , aux éclairs surtout, j'approche un ponton privé tout proche, qui semble solide ... sauf que rien ne permet de s'y amarrer. Je mets en fuite, avec mon stress et ma lampe frontale, car il fait nuit noire, parsemée d'éclairs, avec pour seul GPS mon téléphone et un logiciel de rando ... Pourvu que l'orage éclaire bien sans qu'il tombe trop d'eau et sans qu'il y ait trop de vent. Perdu, sauf pour la foudre, et il est un moment où seul le ciré jaune doit manquer au tableau … Et les vagues aussi, d'accord ! Après une trentaine de minutes de navigation crispante, j'arrive à ma bouée, m'en saisis … Ouf !

J'attrape encore une heure ou deux de sommeil chaotique avec bruit de clapot sonore, de gouttes sur la coque, de deux ou trois grêlons. Le jour me réveille et c'est archi-calme. Tout est trempé sur un bateau, le matin, qu'il ait plu ou pas. Je pointe la tête ... Des moyens poissons coursent les petits en surface, alors je course les moyens poissons avec leurre et vifs, mais pas moyen. Mes lignes semblent désormais presque au point, et c'est déjà ça.

Le soleil pointe, je décide de changer de poste, je vais en un endroit proche qui restera ombragé ***** encore une heure ou deux, mais la hauteur d'eau y est analogue à celle que je viens de quitter, et qui fut improductive. Alors je file vers une autre rive, proche d'une passerelle, où les fonds sont abrupts et rocailleux. Mon mouillage veut bien tenir grâce à la quasi absence de vent. Contre toute attente, au bout de presque deux heures une touche franche et dynamique, et un ferrage engagé, m'offrent une belle bagarre. Et ce joli sandre rejoint l'épuisette sans barguigner plus de trois minutes. Le soleil est chaud, ma nuit m'apparaît soudain sympa, le cadre idyllique, le monde merveilleux. Mon cœur s'envole ...

52 cm, 1.4 kg, pas un monstre, mais un plaisir monstre



C'est le premier sandre que je pêche, il n'était pas à la mode il y a quarante ans, en tout cas pas à la mienne. C'est un délice gastronomique, tout comme la perche.

Les cales ne sont pas pleines,  mais suffisamment garnies pour que je mette le cap sur le port.





    *[ Terre-Neuvas] Des enfants et adolescents étaient employés comme graviers pour assurer le séchage des morues sur les graves, les terrains caillouteux du rivage et exploités de manière éhontée (Wikipédia)

    ** Daran, Dormir dehors https://www.youtube.com/watch?v=Wmy1OFHk13s

    *** Non, ce n'est pas la température
    **** Question de couchage, donc longueur et non taille …
    ***** Le sandre serait un poisson qui n'aime pas les lumières violentes.

lundi 17 juin 2019

L'homme est bon

Deux fois !!! C'est la seconde. J'étais tranquille j'étais peinard, j'attendais que la porte du restaurant s'ouvre. C'était sur le Jean Nicoli, mon périf repéré ... mon ferry préféré. Grand, fort, et jeune encore, je me voyais, et je rentrais de mes vacances corsicaines ..." prenez ma chaise" qu'y m'dit.


La première fois, c'était il y a un ou deux mois. Une alerte qui aurait dû me faire réfléchir, je n'y avais pas prêté attention. Mais c'était une salle d'attente. Forcément, salle d'attente, ça fait penser médecin ou dentiste, alors que j'étais là pour assurer mon bateau. Un monsieur d'un certain âge s'était levé pour me proposer sa chaise. Homosexuel en chasse ? Pré-vieillard atteint du syndrome des jambes sans repos ?  Pour réfléchir à la question, je m'étais assis. Juste pour ça. Ce n'est pas parce que l'on boite un peu qu'on va tomber, ça se saurait.


Bien sur si j'étais là c'est aussi parce que j'ai changé de bateau, larguant les voiles - c'est joli, comme tournure détournée - pour un moteur. Parce que mon co-navigateur serait moins présent. Mais pas que, quand même, j'avoue.

Mais là, sur le Jean Nicoli, c'était un  homme grand et bronzé et pétant la santé qui a voulu me  céder son fauteuil ... Salaud de jeune, j'ai pensé. "Mais non - mais non", ai-je dit. "Mais si - mais si", qu'il a dit ... Vous n'imaginez pas comme c'est pénible ce genre de discussion pour le généreux qui fait face à un pisse-froid qui ne veut rien. Alors, j'ai obtempéré en prenant mon plus bel air " en parfaite santé quand même". Pour le faire chier !

La Corse jolie 


Si ça se trouve, il avait des hémorroïdes ou bien c' est un chirurgien orthopédiste en mal de clientèle... Tsss ! 

Mais surtout, moi qui lis et  entends comme vous, à longueur de temps, sur les méfaits de l'homme envers l'homme, envers la nature, envers les femmes, envers les enfants, envers les zanimos, envers le climat, etc., je me demande pourquoi je tombe toujours sur la crème de la crème ...  C' est pénible, des fois. 

Imaginez un peu : déjà, je vis bien, et sans travailler, par exemple ... Ma pharmacienne refuse que je paie mes médocs, aussi. Les paysans avec qui je travaillais aimaient leurs bêtes et soignent la montagne en prime. On se demande vraiment pourquoi ce destin funeste s'acharne sur moi ... Je n'ai même pas payé de location en Corse !  Et pour finir on se lève pour me donner sa propre chaise.

Alors que ce serait plein de cons, de salauds, impossible d'en débusquer un. C'est quoi ce monde de dégénérés? hein !!!  Qu'allons nous devenir face aux périls avec de pareilles mentalités bienveillantes ?


samedi 8 juin 2019

Le calamar au broumé


C'est pas pour me vanter, mais la houle ne m'a pas empêché d'innover dans la pêche du calamar ! Mieux, elle m'a aidé. Peut-être parce que je descends d'une lignée d'inventeurs pendant que d'autres, moins chanceux, descendent du bus en bas de la rue.

Le broumé, rappelons-le pour les incultes et les bas de plafond, est un mélange de bonnes choses que l'on jette avec science à la mer pour appâter le thon, peut-être  même  le marlin ou l'espadon. C'est souvent à base de sardines. Relisez Hemingway, "Le Vieil homme et la mer". 

Il faut des bagues, pour le thon rouge, désormais ... Attention, ça n'implique pas de l'épouser, le thon, c'est plus compliqué que ça. Pas de bague pour le calamar, heureusement.

Mon grand-père, Majot,  avait inventé dans un autre temps et un autre domaine  un raticide bio avant l'heure du bio, biodégradable, imparable, sans effet secondaire et sans gluten ! S'il ne fit pas fortune avec, c'est surtout parce que le traitement durait dix jours, ce qui demande de la suite dans les idées chez un consommateur qui, déjà, était bien volage. 



Le graal

Et ce raticide était en suppositoires, aussi. Ça n'a pas aidé.

Mais revenons au port où nous nous vîmes trois et embarquâmes sur l'Arvor **** corsicain et diesel de notre ami. Et au calamar rouge qui nous occupe. Nous partîmes  dans le golfe clair comme d'autres vers Terre-Neuve. Une demie heure de traversée sans feu ou presque, dans la nuit à peine éclairée d'un piètre premier quartier de lune. Aucun piéton, heureusement, ne traînait là, nous ne l'aurions pas vu. Un peu chahutés, je trouvais, par cette houle d'un mètre, en chargeant d'une sardine ma turlutte *** ... La position, le travail appliqué pour fixer la sardine, le mouvement du bateau, m'évoquaient une énorme assiette de lard à l'huile avec plein de crème dessus, qu'il fallait manger et manger encore. Allez savoir pourquoi, car on sortait du resto !

*** C'est ça 

Nous nous étions bien vêtus et n'eûmes pas à le regretter. La houle semblait avoir doublé dès que le moteur fut coupé.  Des tas d'assiettes de lard à  l'huile, débordantes de crème dansaient devant mes yeux, entre les lumières du port lointain et un goéland noctambule entiché du capitaine. Je me cramponnais à  ma ligne comme si elle était de vie, ou antispasmodique. Pas bien du tout, j'étais ...

Le capitaine


Et tout à  coup il fut clair dans mon esprit comme dans mon estomac qu'il fallait brouméger ** et je me jetais à genoux contre le franc-bord. Tandis que le capitaine et mon équipière remontaient des calamars.



L'équipière


Et moi ? Et bien je continuais de brouméger ***, de quart d'heure en quart d'heure, délaissant ma ligne de plus en plus. À minuit, en raison de mon piteux état, on valida ma nouvelle méthode d'amorçage révolutionnaire, et nous rentrâmes accompagnés d'une douzaine de calamars.


** jeter à la mer, avec science, le broumė.


**** un bateau à moteur de 6 mètres conçu pour la pêche de plaisance

samedi 18 mai 2019

Une recette de sanglier simplissime


Un souvenir de mes chasses à Avène est cette recette fameuse d'un hameau de la commune ... Le "coufi" de Serviès. Je suppose que "coufi" est confit en occitan. Pour cette recette il ne manque jamais d'ingrédient à la maison en général, hors bien sûr un sanglier dans sa couenne. Elle nécessite surtout du temps. Et je l'ai préparée pour mes invités du jour.


D'un beau biotope méditerranéen ensoleillé, extraire un sanglier de bonne souche et de bonne humeur. Avec musique des chiens, et pétards festifs. La chasse est une fête !

Après la chasse, donner au sanglier un bain très chaud, suivi d'une épilation, d'un massage.  Sels de bain parfumés, crèmes de beauté, parfums raffinés sont juste facultatifs.



La préparation du bain



Par contre, mais bien plus tard du thym, du laurier, un verre d'huile, du sel et du poivre seront nécessaires. Des baies de genièvre, aussi, contribueront à la perfection du goût.

Pour quatre personnes, vous n'aurez besoin de découper que trois livres de bons morceaux avec couenne. La couenne est le secret de cette recette. Offrir le reste du sanglier et vous aurez plein d'amis, ou bien le congeler vous aurez plein d'amis à votre table ...

Versez le verre d'huile dans une cocotte en fonte et faites rissoler, puis passez à feu très très très doux. Deux heures plus tard, lever le couvercle pour le bouquet garni, saler, poivrer ... et c'est reparti pour deux heures encore. Après la phase rissolage, je mets la cocotte au four à 160-180 degrés une heure environ, puis  130-140 degrés  pour cette seconde étape. Les plaques électriques vont bien aussi.

Bon appétit ... Cette recette n'a rien de diététique si l'on sauce le pain et si l'on mange la couenne, mais sinon, la viande de sanglier elle-même reste maigre.

Mes invités ont survécu.







mardi 7 mai 2019

L'oeuf mollet, le temps, les ondes gravitationnelles


Bien sûr, Nature, Science et Vie se battraient pour publier mes observations scientifiques. Mais je suis un modeste, un sauvage, et faire progresser la connaissance au travers de ce blog est tellement plus intimiste et plus conforme à ma personnalité.


A l'âge de pierre, l'homme des cavernes s'interrogeait-il comme nous sur le temps et sa fuite, sur l'univers, sur sa place minuscule dans le grand tout ? Il appréhendait déjà la distorsion du temps et de l'espace … mais seulement après une grosse bouffe et une bonne dose de champignons hallucinogènes.


L'un des soucis qui noircissait le quotidien et blanchissait les nuits cro-magnonnesques était plutôt la mesure du temps. Cinq minutes, ça n'existait pas, ni comme concept, ni comme réalité mesurable ... Alors, dès l'invention de l'eau chaude, réussir pile-poil un œuf mollet dans sa caverne fut un défi.  Alors la courbure de l'univers et la déformation de l'espace-temps, hein … Il s'en foutait un peu.

L'enjeu culinaire, lui,  était d'autant plus important que l'élevage n'était pas encore inventé, ni même la poule ! Trouver des œufs de Gallus gallus - plutôt indonésienne - relevait de l'impossible en Europe. Mais il y avait heureusement plein d'oiseaux pour les œufs mollets en ces temps où "produit de saison" avait tout son sens.

Les nécessaires progrès de la mesure du temps ont été constants depuis ces temps farouches. Nous pouvons tous aujourd'hui voir l'heure sur notre smartphone, accéder à son chronomètre, à son minuteur, ainsi qu'à la recette de l’œuf mollet. Dingue, non ? L’œuf lui-même, l'eau et le gaz ne sont pas encore dans le smartphone, se plaindront les vrais Français ...


La réussite de l’œuf mollet s'améliora un peu avec la venue de la clepsydre. Une sorte de montre qui non seulement n'était pas étanche, mais marchait à l'eau. Et sans batterie ! Avec de l'eau toute simple, pas du jus de pomme fermenté, comme son nom le laisserait supposer. Celle-ci disparut avec l'arrivée de l'horloge, conformément à la théorie synthétique de l'évolution. Mais Albert Einstein cassa le moral à tout le monde en tordant, au tableau, le temps et l'espace. Au tableau seulement !


Et ça n'arrête pas depuis ! On a quitté le calcul pour les observations ... Avec les ondes gravitationnelles mesurées, puis LE trou noir en photo. Pour les non-scientifiques, un trou noir serait une sorte de poubelle géante mais minuscule, qu'il n'est jamais besoin de vider. Mais qui n'est pas dans la cuisine.

Malheureusement tout ça coûte un bras à étudier, avec des outils délirants … Gabegie, je vous dis … J'ai détecté, moi tout seul la distorsion du temps et de l'espace dans ma cuisine pour le prix d'un sachet de thé noir …

 La distorsion du temps ...


Ce matin-là, vieux, con et mal réveillé, je regardais à travers la fenêtre partir un hiver et venir doucement un été de plus pendant que mon thé noir s'apprêtait à infuser ... Et soudain j'ai vu ce que j'ai vu. Le sablier avait été frôlé par un trou noir et la volée d'ondes gravitationnelles avait ébranlé l'espace et le concept de verticalité  ... 

... et  celle de l'espace.


Les enjeux de cette découverte sont énormes, tout comme les questions soulevées. Pourrait - on par exemple tordre le temps en boucle afin que le sablier s'écoule toujours, mais sans jamais se vider ? Juste pour moi ?


dimanche 17 mars 2019

Fromage de tête de sanglier



On l'appelle aussi pâté de tête, ou civier. C'est ma préférence. Car c'est léger et délicieux à manger, cela ne semble pas gras du tout, au contraire des pâtés de gibier, un autre délice, mais fort peu diététique.


Mmmmm !!! mais pour en arriver là ...


Mais si c'est léger dans l'assiette, c'est plus lourd à produire. A n'en pas douter, beaucoup de têtes de sanglier ne sont pas valorisées ainsi pour cette simple raison. Il faut beaucoup, beaucoup de temps.

Et peu de gens disposent à la fois d'un territoire de chasse, du permis de chasser, d'une carabine, de chiens ... et de la chance nécessaire pour mettre l'animal au tableau. Mais attention, il suffit parfois d'avoir un ami chasseur, pour obtenir gratuitement une tête de sanglier. Enfin, il existe un ersatz tout à fait acceptable, la demie tête de cochon chez votre boucher. Si c'est un cochon fermier c'est encore mieux.

Acte 1 OK  !



Alors … au boulot ! 

Sud ou pas sud ? L'heureux chasseur du sud bénéficie souvent d'une particularité de la préparation des animaux post-chasse : souvent, on ôte leur poil et non la peau, ainsi qu'on le fait pour les porcs. C'est un plus immense pour la daube. 
L’animal tué bénéficie de soins de thalasso : bain très très chaud, épilation manuelle attentive et totale, qui transforme la bête noire en un joli cochon rose. Au moins trois heures de boulot gagnées à la maison !


A couper en 4 ...


Pas sud ? L'arrosage ou le trempage quelques minutes  à environ 90 degrés et l'arrachage puis la lampe à souder. C'est ce que j'ai fait pour deux têtes, c'est long et vraiment pénible. Je suis passé depuis au "direct lampe à souder". L'idéal me semblerait une tondeuse à mouton pour raser au maximum, puis poursuivre à la lampe à souder.


En dehors d'une belle tête, et de quelques kilogrammes de patience, il faut peu d'ingrédients. 

Temps de cuisson : 3 heures, et cinq avec stérilisation. car il faut penser à en stériliser ! C'est un plat de roi quand des amis arrivent à l'improviste, servi avec une petite salade verte bien vinaigrée et des cornichons ... 

Ingrédients: 
1 tête de sanglier entière d'un sanglier de 50 kg par exemple, donnera environ huit verrines de 500 g. 
Romarin, thym, sarriette, laurier de votre petite sœur, genièvre, coriandre (je souligne mes préférences que j'associe) 
1 poireau 
5 à 6 carottes (bio, pour leur tenue) 
1 navet 
1 oignon 
sel à 12 -13 g /kg de produit. (peser le produit final, peser le sel)
et poivre 1 à 2 g 
1 verre de vin blanc (que j'oublie en général). 

Cuire la tête 2 heures, ajouter les légumes pour une heure, couper en petits morceaux, saler, stériliser ou pas









Parmi les légumes, les carottes seulement finiront dans les bocaux, les autres légumes y laisseront seulement leur parfum. 

Un petit verre de vinaigre est utile dans la phase préparatoire … Une vaste planche à découper, une scie, une grande casserole, quelques couteaux, une balance de précision pour le sel et le poivre, une lampe à souder, verrines …

D'abord couper la tête en quatre !
La méthode avec hâche très aiguisée et marteau, sur un billot solide, a le défaut de produire des esquilles d'os. La scie n'a pas cet inconvénient. Notez que vous pouvez alors récupérer la cervelle, c'est très bon. Il faut l'ôter de toute façon. Pour la demie-tête de porc du non-chasseur, demandez cette découpe à votre artisan boucher. 

Ceci fait, dans une grande casserole portez de l'eau à ébullition, ajoutez y un verre de vinaigre et laissez dix minutes la tête de sanglier en quatre morceaux. Puis brossage et rinçage à l'eau claire.

Dans l'eau claire d'une grande casserole, remplie pour couvrir les pièces de viande, commencez le grand bain de deux heures d'ébullition. Écumez si nécessaire en début de cuisson et ajoutez vos aromates. Au bout de deux heures d'ébullition, ajoutez les légumes. Une heure après sortez légumes et morceaux de viande. Avec une fourchette et un couteau désossez et coupez grossièrement l'ensemble de la viande. 

Dans une casserole propre que vous avez pesée, et qui peut être la même, mettez cette viande, et les carottes coupées en petits morceaux, ajoutez du bouillon jusqu'au niveau de la viande. Pesez. Vous avez le « poids produit » que vous salez à 12-13 g par kilo ; poivrez à un ou deux grammes par kilo. Portez à ébullition quelques minutes en remuant un peu pour une osmose parfaite.

Remplissez les verrines, et, pour la consommation dans les huit jours, un petit saladier ou deux. Stérilisez les verrines par deux heures d'ébullition. Lorsque c'est fini, coupez simplement le feu, découvrez la casserole, et laissez refroidir complètement sans y toucher. Les particules en suspension sédimentent, et la gelée sera magnifiquement transparente. 



vendredi 18 janvier 2019

L'idiot spatial

Avez-vous jamais trouvé de ces pâtés de maisons dont on ne parvient jamais à sortir, quoiqu'on fasse et qu'on refasse ? Pour ma part j'ai rencontré de ces étrangetés, ou au contraire des centres qui nous aspirent comme un trou noir ... Et connaissez vous ces « première maison à droite » qu'on ne trouve jamais ? Elles se sont absentées ? Elles n'ont jamais été construites ? Pourquoi cette histoire de chemin après la première maison à droite, alors ? Le pire, c'est quand le soleil perce enfin les nuages ... mais carrément à l'opposé de l'endroit où il DOIT être !

Déjà qu'être né avec deux mains gauches est un coup du sort, un non-sens de l'orientation abyssal est comme la goutte d'eau qui met le feu aux poudres. 

En conséquence, mes paysages préférés sont ceux de la montagne, avec une vallée à gauche et une à droite, le sommet à l'un des bouts. Là, on est cadré. Je me sens alors rassuré comme Collomb filant à l'ouest. Le navigateur, pas le ministre. Un bord de mer, puisqu'on en parle presque, c'est top aussi, à condition qu'il ait une certaine rectitude, qu'on ne le complique pas d'estuaires, de golfes, d'étangs adjacents ou de marées. Car ça devient vite un foutoir bleu sans nom.

Simplicité d'un paysage de montagne ...

... une montagne, deux vallées ...


Pour lutter, j'ai tout essayé, sauf l'homéopathie. Iphigénie sur terre, Sailgrib sur l'eau, Tom deux fois - j'évite les répétitions - sont mes médicaments de base. Pour le confort, je rajoute  VHF en bateau, radio à la chasse, téléphone et boussole partout. Et même la balise virtuelle, qu'il faudrait raconter … Et jumelles, bien sûr. Il paraît qu'ainsi suréquipé, chassant en montagne, je fais un bruit de sonnailles capable d'alerter n'importe quel chamois. Les gens sont médisants. Et si je tombe à l'eau, je coule aussi avec le barda, évidemment.


La technique n'a pas tout résolu : si je peux sans problème trouver la rue Jean Bart à Morlaix ou la rue Raymond Barre à St-Benoît, ou le port de Marseillan depuis l'étang de Thau, ça se complique drôlement à la chasse en battue. Le monde y est moins grand, mais il est drôlement compliqué. Le poste -pour le non chasseur – est un lieu précis qu'on attribue à chacun, sur un passage potentiel du sanglier. Il porte un nom bizarre, évocateur ou pas. Parfois, le poste est là, et pas à 5 mètres à gauche car que tu ne verrais pas arriver la bête, etc.

Les postes de chasse sont en général connus de tous. Soit parce que les gens chassent ou courent là depuis des lustres, soit qu'ils disposent d'une intelligence spatiale de bon niveau. Du coup je suis l'idiot spatial, ça ne m'avance en rien de savoir que c'est juste au-dessus du poste de Roger, ou que j'y étais il y a deux semaines ... Chercher les Quatre Combelles sur la carte ? C'est juste la Combe Nègre pour l'IGN …


Roche Tagnat, on s'en souvient à cause de la marche ...


Un souvenir amusant dans une chasse que je connaissais peu. « Mets toi au poste du Chêne » et en deux phrases on m'explique comment y aller. J'arrive et wouahh !!! Un grand chêne ! Je suis carrément fort ! Sauf que 300 mètres autour de ce grand chêne, d'autres grands chênes sont là. J'en choisis un et je m'installe, redoutant d'être celui par qui arrivera peut-être le désastre cynégétique. Aucun sanglier ne vient heureusement passer au Poste du chêne. J'apprendrai que le dit poste est au pied d'un ex-grand chêne foudroyé dont il ne reste à peu près rien, au bord du maïs. Et rien qui puisse montrer que c'était un chêne et pas autre chose . A 400 mètres près, j'y étais.

Mon poste préféré sur la causse, c'est celui de la moiss-batt. Car il y a vraiment une moissonneuse batteuse. Rose. La cochonne, elle s'appelle. Non je n'ai rien fumé, ou alors mon smartphone aussi ...


Le poste de la moiss-batt contient vraiment la jolie moiss-batt rose ... J'y vais maintenant les yeux fermés



Aidé de mon logiciel sur Androïd, Iphigénie, et des reliques de mémoire visuelle, au bout de nombreux bégaiements et répétitions, je finis quand même par enregistrer quelques postes. Ainsi , quand je retourne presque de mémoire, mais accompagné d'un collègue vers le Poste des genévriers, qui inclut  des genévriers et qui est atteint après un gros kilomètre de piste, surprise ! Car la piste n'est pas du même côté que dans mes souvenirs. Une autre fois, je crois avoir tout juste, sauf que tout d'un coup je ne reconnais pas cette partie du paysage ... Et que si, finalement, c'est bien là.

Nos faiblesses nous ré-enseignent sans cesse l'humilité.