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vendredi 18 janvier 2019

L'idiot spatial

Avez-vous jamais trouvé de ces pâtés de maisons dont on ne parvient jamais à sortir, quoiqu'on fasse et qu'on refasse ? Pour ma part j'ai rencontré de ces étrangetés, ou au contraire des centres qui nous aspirent comme un trou noir ... Et connaissez vous ces « première maison à droite » qu'on ne trouve jamais ? Elles se sont absentées ? Elles n'ont jamais été construites ? Pourquoi cette histoire de chemin après la première maison à droite, alors ? Le pire, c'est quand le soleil perce enfin les nuages ... mais carrément à l'opposé de l'endroit où il DOIT être !

Déjà qu'être né avec deux mains gauches est un coup du sort, un non-sens de l'orientation abyssal est comme la goutte d'eau qui met le feu aux poudres. 

En conséquence, mes paysages préférés sont ceux de la montagne, avec une vallée à gauche et une à droite, le sommet à l'un des bouts. Là, on est cadré. Je me sens alors rassuré comme Collomb filant à l'ouest. Le navigateur, pas le ministre. Un bord de mer, puisqu'on en parle presque, c'est top aussi, à condition qu'il ait une certaine rectitude, qu'on ne le complique pas d'estuaires, de golfes, d'étangs adjacents ou de marées. Car ça devient vite un foutoir bleu sans nom.

Simplicité d'un paysage de montagne ...

... une montagne, deux vallées ...


Pour lutter, j'ai tout essayé, sauf l'homéopathie. Iphigénie sur terre, Sailgrib sur l'eau, Tom deux fois - j'évite les répétitions - sont mes médicaments de base. Pour le confort, je rajoute  VHF en bateau, radio à la chasse, téléphone et boussole partout. Et même la balise virtuelle, qu'il faudrait raconter … Et jumelles, bien sûr. Il paraît qu'ainsi suréquipé, chassant en montagne, je fais un bruit de sonnailles capable d'alerter n'importe quel chamois. Les gens sont médisants. Et si je tombe à l'eau, je coule aussi avec le barda, évidemment.


La technique n'a pas tout résolu : si je peux sans problème trouver la rue Jean Bart à Morlaix ou la rue Raymond Barre à St-Benoît, ou le port de Marseillan depuis l'étang de Thau, ça se complique drôlement à la chasse en battue. Le monde y est moins grand, mais il est drôlement compliqué. Le poste -pour le non chasseur – est un lieu précis qu'on attribue à chacun, sur un passage potentiel du sanglier. Il porte un nom bizarre, évocateur ou pas. Parfois, le poste est là, et pas à 5 mètres à gauche car que tu ne verrais pas arriver la bête, etc.

Les postes de chasse sont en général connus de tous. Soit parce que les gens chassent ou courent là depuis des lustres, soit qu'ils disposent d'une intelligence spatiale de bon niveau. Du coup je suis l'idiot spatial, ça ne m'avance en rien de savoir que c'est juste au-dessus du poste de Roger, ou que j'y étais il y a deux semaines ... Chercher les Quatre Combelles sur la carte ? C'est juste la Combe Nègre pour l'IGN …


Roche Tagnat, on s'en souvient à cause de la marche ...


Un souvenir amusant dans une chasse que je connaissais peu. « Mets toi au poste du Chêne » et en deux phrases on m'explique comment y aller. J'arrive et wouahh !!! Un grand chêne ! Je suis carrément fort ! Sauf que 300 mètres autour de ce grand chêne, d'autres grands chênes sont là. J'en choisis un et je m'installe, redoutant d'être celui par qui arrivera peut-être le désastre cynégétique. Aucun sanglier ne vient heureusement passer au Poste du chêne. J'apprendrai que le dit poste est au pied d'un ex-grand chêne foudroyé dont il ne reste à peu près rien, au bord du maïs. Et rien qui puisse montrer que c'était un chêne et pas autre chose . A 400 mètres près, j'y étais.

Mon poste préféré sur la causse, c'est celui de la moiss-batt. Car il y a vraiment une moissonneuse batteuse. Rose. La cochonne, elle s'appelle. Non je n'ai rien fumé, ou alors mon smartphone aussi ...


Le poste de la moiss-batt contient vraiment la jolie moiss-batt rose ... J'y vais maintenant les yeux fermés



Aidé de mon logiciel sur Androïd, Iphigénie, et des reliques de mémoire visuelle, au bout de nombreux bégaiements et répétitions, je finis quand même par enregistrer quelques postes. Ainsi , quand je retourne presque de mémoire, mais accompagné d'un collègue vers le Poste des genévriers, qui inclut  des genévriers et qui est atteint après un gros kilomètre de piste, surprise ! Car la piste n'est pas du même côté que dans mes souvenirs. Une autre fois, je crois avoir tout juste, sauf que tout d'un coup je ne reconnais pas cette partie du paysage ... Et que si, finalement, c'est bien là.

Nos faiblesses nous ré-enseignent sans cesse l'humilité.