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mardi 29 septembre 2015

Alors, je n'ai pas tiré




Les deux plus clairs les plus hauts, des éterles ?


En haut les deux animaux au pelage plus clair sont des éterles probables (chamois femelles de 18 mois). Elles sont là à moins de deux cents mètres et paraissaient conformes à mes autorisations de tir. Jumelles, appareil photo avec agrandissement électronique pour jauger les trophées ... Deux cibles possibles,  mais à 220 mètres, maintenant ... Et l'animal tiré va dévisser au tir. Mais s'il ne dévisse pas, y aller sera risqué pour moi... Je décide d'attendre, aussi parce que je suis loin de la voiture, et que ma carcasse ne veut pas peiner comme ce fut le cas l'an dernier, au retour.

Dès que le groupe se trouve masqué en s'éloignant, j'avance, et je découvre le reste de la chevrée Tout ce qu'on veut, sauf un bouc. Lunette, jumelles, photos que j'agrandis sur l'écran de l'appareil. J'ai laissé à la maison la longue-vue dans un souci de légèreté. Des éterlous ou éterles, c'est sûr à 90 %, sont dans le groupe, et conformes à mes classes autorisées. Un tir à 160 ou 170 mètres est facile pour un chasseur entrainé, avec cette météo idéale. Mais je laisse ... Je régale mes yeux.

Deux autres beaux chamois de 18 mois































Les deux chamois ci-dessus sont dans la chevrée d'une douzaine d'animaux éparpillés et sont des éterlous "probables". Il m'est difficile de juger les cornes à 200 mètres, malgré la lumière parfaite, avec des yeux qui ont trois fois vingt ans. Bien sur la silhouette, le comportement juvénile, disent des choses. Mais 100 % de certitude, à part le cabri, ça n'existe guère à deux cents mètres ...


Le temps s'écoule comme il le doit, sans s'affoler. La chevrée doucement s'éloigne vers ses forts en pâturant. Je n'aurais pas eu souvent autant de tirs possibles sans décider de prendre un animal. 

Au fond le Puy Mary écrêté, et  au premier plan deux cabris, l'un presque entièrement visible, avant qu'ils ne s'approchent ...

Diane m'offre un cadeau en compensation, sous la forme de trois petits lascars du printemps, de moins de dix kilogrammes, qui m'ont perçu comme une chose bizarre, mais non dangereuse, et qui s'approcheront à une dizaine de mètres de moi. Je fais de belles photos, à ma petite échelle clic-clac Kodak, s'entend ... Ils sont tous trois aussi beaux que possible. Leur mères, et sans doute une ou deux grandes sœurs sont sous les rochers, à moins de quarante mètres, et je ne peux les voir. Peut-être irai-je ...


T'es qui, toi ?

Je te surveille, hein, fais gaffe !

Une léchouille



Mais non, finalement, la chevrée s'en va tranquillement, mes trois petits diables sont redescendus. Je me rends compte que je suis gelé et tout enraidi dans la bruyère humide.  Et je décide de prendre doucement le chemin du retour, avec en moi la joie de cette chasse bien menée, ces images merveilleuses. La chasse solitaire, c'est si bon.

lundi 14 septembre 2015

J'ai une ouverture ...



... A vous raconter. Souvent, je ramène mes prises dans leur peau. Ainsi,  les amateurs de chasse ou de faune peuvent les admirer encore chez moi, avant que l’état de steak ou de gigue ne dissimule leur beauté. Et puis, c'est tellement mieux de ramener un animal plutôt qu'une carcasse ! Il leur manque seulement les entrailles, laissés aux grands corbeaux. Joseph, mon voisin, dit le papi,   avec qui j’ai chassé le lièvre et le perdreau, adorait venir voir ainsi, presque vivants, le mouflon et le chamois qu’il n’a jamais chassés. Le lièvre, il le connaissait à fond, et il tirait droit. Nous mangions ensemble nos rares et merveilleux succès qui étaient le plus souvent les siens.

C'est le papi qui avait tué ce lièvre. Joseph, à gauche de l'image Vers 1999 ...


Alors comme d’habitude, j’ai ramené mon mouflon, dans la peau. Il est à la cave quand j’écris cela. Une sacrée belle ouverture, comme j’aime. Je n’avais pas trop envie, à cause de la météo annoncée, mais c'est passé pile-poil. Au lever du jour, je montais vers Seycheuse (1650 m), le souffle un peu court, calculant la bonne cadence. Un cèpe ! Je veux le récolter, mais je touche -sans m’émouvoir- un truc visqueux qui se sauve d’un saut. Une grenouille rousse ! Le cèpe, lui n’en est pas un, mais une coulemelle me consolera plus haut.

Bientôt le brame

Et un beau cerf se révèle à quatre cents mètres de moi! Le brame est sur le point de débuter, je lui souhaite bonne chance dans la conquête des belles. Il s’enfuit royalement – n’est pas un cerf qui veut- vers les résineux de Peyre Garric, que je contourne jusque vers un éboulis de rêve. Et, comme une fois sur trente à cette époque, ILS sont là. Une dizaine de mouflons, dont je vois quatre ou cinq exemplaires. Brebis, agneaux, jeunes béliers.

A gauche, un agneau

C’est un jour de chance après quelques jours de tristesse. Couché sur la roche, et après avoir armé la carabine mixte, je photographie et je filme, attendant qu’un animal se lève pour tirer. Pas une brebis ! Je ne la tirerais pas, car il y  au moins un agneau et je ne veux pas d’orphelin. Mais qu’un agneau se lève, ou un jeune mâle, et je ferai chasse. Car ils sont à moins de quatre-vingt mètres, et le tir est d’une facilité presque culpabilisante. Un jeune bélier se lève, je le photographie encore, puis le tonnerre de ma carabine provoque une fuite ordonnée, à laquelle il essaie de se mêler, mais ses forces l'abandonnent. Je saute sur l’appareil photo pour filmer la fuite de la troupe …

C’était une sacrée belle chasse de peu de kilomètres, courte et limpide. Vider et redescendre la bête ne sera pas trop dur. Un gros kilomètre de descente, et un copain, Nicolas, vient à mon secours.

Le jeune mâle ...



Mais Joseph ne viendra pas le voir, car il est en terre depuis vendredi. Il avait quatre-vingt-onze ans, c’était un homme  droit et fort. Parti à six ans de la province d’Almeria, chassé par la pauvreté, pour réussir une nouvelle vie. Comme il le souhaitait, il est mort chez lui, sans trop souffrir, très entouré. Son aura nous accompagnera un bon bout de temps.
 
En dépeçant ce mouflon, mes pensées voleront encore vers lui ...

mardi 25 août 2015

Coin-coin ... Ou pas ?

Cette chasse aussi authentique que possible se déroule dans une tourbière cantalienne, dont seule ma maladresse me tient le plus souvent éloigné à la mi-septembre...


7:40, 12 septembre 2010


A sept heures je suis à pied d'œuvre, et avec les trente chasseurs, nous cernons la tourbière. Personne ne s'échappera. J'ai acheté des cartouches presque aussi chères que l'or, une tragédie pour un auvergnat. Ça rafale dur, mais avec mon instinct habituel, j'ai trouvé le secteur que les canards ne survolent guère. Il y en a toujours un où on ne tire pas beaucoup, souvent j'y suis. Mais au bout de dix minutes de pétarade un petit volier m'arrive, et je tente le coup du président (à la verticale). Mes convictions politiques me font éviter - ou même trancher - le cou (p) du roi ... 

Ce n'est pas sans émotion que je vois un canard désuni par mon tir bouler dans le ciel et s'écraser dans les herbes aquatiques devant moi. Je suis fier comme Artaban, je me félicite, et je m'encourage pour la suite. Je pense aux navets qui sont sacrément la bourre dans le jardin. Un autre canard fait une passe suicide, lente, courbe… La première cartouche est inefficace et la seconde s'avère d'aussi mauvaise qualité. De l'acier à ferrer les ânes ! Mon voisin le traite de la même façon, ainsi que le sur voisin. Je me félicite de tant de savoir-vivre de leur part ; mon amour-propre reste quasi intact ! A l'évidence ils ont deviné sous mon dehors austère une sensibilité de jeune fille. Grâce à mon choix d'emplacement judicieux, je ne tire que quatre ou cinq cartouches, alors que d'aucuns en envoient une douzaine ou une vingtaine.  

Mais mon merveilleux colvert s'est abîmé en zone aquatique… Un aimable chasseur doté d'un plus aimable encore épagneul qui se jette à l'eau pour moi. « C'est du jus d'aile ! » me dit-il. « ? ? ? mklxiudzkh ?!?… » réponds-je sur la défensive, craignant pour la légalité de mon tir tout autant que pour mon acuité visuelle. Je regarde mon joli canard bien trop noir, avec une plaque blanche sur son bec pas vraiment de canard. C'est une judelle (sic) paraît-il, facilement confondue avec le colvert par le béotien, avec  le héron et même l'aigle royal par l'aveugle. "M'en fous, je suis pas broucouille", et c'est un gibier parfaitement légal. Mo partenaire a lui-même tiré un colvert que l'épagneul se fait un plaisir de rapporter. Mais l'heure de la messe approche, et je dois filer.

Je m'habille rapidement en civil, échangeant mes douilles vides contre un bréviaire encore neuf et un chapelet, mes bottes contre des mocassins de témoin de Jéhovah. « Z'avez tué ? » me demande alors un sympathique chasseur chargé de gibier et procédant lui-même à un changement d'apparence. Damned, je suis pris ! « ?!/mklxiudzkh[;@ ! » réponds-je humblement. Qu'à cela ne tienne ! Me voila doté d'un joli canard par ce fier tireur, qui déteste plumer. Les voies du seigneur sont impénétrables ! Je comprends soudain que ce don céleste récompense ma conversion inattendue, moi qui ai toujours craint de recevoir une cloche sur la tête dans chaque église,  bouffé du curé sous toutes ses formes, mais adoré Diane plus que de raison.
Ouvrant mon coffre pour ranger mes affaires tout en remerciant cet aimable chasseur, j'aperçois un vin de messe dans ma caisse à tout faire, de la marque "Ouyatou", que j'offre en remerciement au Nemrod. Il faudra plumer  … 

judelle, en haut, et cane colvert

samedi 22 août 2015

Un chamois chanceux


La montagne était sacrément belle, ce 2 décembre 2013. J’accompagnais Nicolas qui entendait occire un chamois -cabri ou éterlou- pour régaler ses papilles, car  Noël approchait. C’est un fort tireur à l’approche. Jusqu’à des distances ultimes, il ne manque pas, sachant aussi lire le vent pour les tirs lointains. En montagne, c’est parfois essentiel.

Biche et faon

Je ne devais être le tireur que si un bouc s’offrait au tirage au sort. Ce qui n’arriva pas. J’avais emporté quand même ma jolie carabine mixte Sauer & Sohn … Modèle 54, comme moi ! Tous les deux, nous avions dépassé le demi-siècle, aussi mon cœur cognait-il à gravir chaque mètre du versant  enneigé.

Nous avions belle compagnie, dans notre lente et silencieuse randonnée, observant biche et faon, et un magnifique bouc. Interdit. Puis d’autres chamois encore, avec des jeunes. C’est vers eux que nous reportons la chasse, et l’approche est physiquement rude pour moi et mes ans. Je rejoins enfin Nicolas, déjà assis dans la poudreuse, et jumelant.


Un cabri s’offre, qui nous était masqué par le relief, s’approchant de sa mère. 120 mètres, un tir facile. Comme chaque fois qu’un animal juvénile va être tiré, j’éprouve ce regret et je rêve qu’il soit épargné. On ne tire pas de cabri en Suisse. Sentiment plus fugace quand c’est moi le tireur ... Mais le hasard sauve le cabri, car son ainé apparaît !

Un magnifique bouc  pose 

Je filme l'éterle*, le cabri et leur mère, car il est impensable d’avoir à doubler un tir de Nicolas. "Eterlou ?" me fait il confirmer. "Pour moi c’est bon", dis-je. A un contre mille, l'éterle ne chute pas immédiatement au tir … ni dans les mètres qui suivent. Raté à 120 mètres, sans explication ! Pendant une heure nous tournons et cherchons à comprendre : des traces. Mais pas de sang.

Quelques secondes avant le tir,
trois générations, cabri de 6 mois au premier plan,
à gauche sa sœur de 18 mois,
et la mère des deux à droite ...




De retour, nous chargeons le film, et voyons au tir voler du poil, mais bien trop haut, au garrot. Mieux, en passant image par image, nous voyons le vol de la balle ce que je pensais impossible … et  … Et nous voyons vibrer la branchette à 15 mètres de nous, qui a déstabilisé la balle et a sauvé l’éterle !



Une histoire incroyable, heureusement parfaitement documentée !


mercredi 5 août 2015

Et pour la petite dame ???

" Et pour la petite dame, ce sera  ???" me glace. Car cette dame très âgée, forcément, ne fut pas toujours petite. Peut-être fut-elle très belle, ou très courageuse, très grande, très malheureuse ... ou je ne sais quoi, ou un peu de tout ça. Réduire une personne à l'état momentané de son grand âge fragile, qui n'est pas souvent une apothéose, est cruel. Qu'en penserait cette dame, d'ailleurs ? Chaque personne est une histoire. Passée déjà et à venir encore.

Il a 91 ans, mon voisin, et c'est  un sacré mec, bien droit. Venu en France à l'âge de six ans, avec ses parents chassés d'Espagne par la pauvreté, depuis la province d'Almeria. Il est désormais très malade, et on pourrait ne voir que son état, alors qu'il est une histoire forte et courageuse. A vingt ans, il s'est engagé avec les américains qui libéraient la France, a participé à la libération et à l'occupation en Allemagne. Il m'a fait partager quelques épisodes de sa vie, assourdi par le tir des batteries de marine américaine au bord du Rhin, ou ramassant  des morts d'une compagnie amie dans un champ. Il l'a fait pour gagner sa nationalité française, aussi. Puis, de salarié agricole, il est devenu agriculteur. La force de sa voix et de son regard, jusqu'à il y a peu, le protégeait absolument du "comment il va le petit monsieur ?" ... C'est sur. Et pourtant, il n'est pas grand.



Nous ne savons pas regarder les gens. Nous les réduisons au premier signe capté. Les gens qui voyagent beaucoup  le font peut-être mieux. Confrontés souvent à des personnes nouvelles, ils restent forcément curieux.

Dans la vie courante, je me dis juste que les gens sont ce qu'ils font. C'est un peu réducteur, mais au moins c'est pratique pour établir un point de vue. Ce qu'ils auraient pu faire, ou voulu faire,  ce qu'ils n'ont pas fait, c'est pour une discussion intime dans une relation approfondie. Ils ne sont pas tout à fait ce qu'ils voudraient être, en général, les gens. Déjà, pour arriver à être absolument soi, il faut du temps, presque une vie, parfois.

Regardons du côté du passé des gens âgés que nous rencontrons, et regardons les rêves, les projets, les aspirations  et les incertitudes des personnes jeunes. Nous y gagnerons une connaissance plus complète, et bienveillante. Et toujours, pour notre part, faisons au mieux de ce que nous sommes, afin de vivre en harmonie avec nous-mêmes.

Moi-même, je commence à me ratatiner. Va t-on me dire sous peu, dans un bar ou chez le primeur  "Et y veut quoi, le petit monsieur ?"

mardi 30 juin 2015

Sauvons la planète vite fait

Et voici la canicule, symptôme du réchauffement climatique. Je serai votre sauveur, si vous le voulez bien. Je sais, si ça se trouve, vous êtes vieux, vous êtes con, vous êtes moche, et de la planète vous vous contrefichez, pourvu que vous touchiez la pension de réversion de votre conjoint s'il meurt de soif en revenant du supermarché, ou d'insolation. Pourtant, sauver le climat est à notre portée, et je le prouve.

14 juillet, 10 heures

Juste avec un peu de bon sens, sans farfouiller dans tous ces gaz à effet de serre, possiblement nauséabonds, vous allez pouvoir retrouver une planète propre comme un sou neuf. Froide et belle, comme une blonde frigide. Grâce à moi, grâce à vous, grâce à nous. Dans notre cuisine, nous disposons tous de l'arme qui va bien. Sauf les pauvres, mais ils ne comptent pas. Le réfrigérateur contre le réchauffement climatique?  Eh oui, simple comme l’œuf de tourterelle.  Ah ? De colombe ? me souffle t-on.  De Colomb ? Enfin, c'est simple.

Le 14 juillet, tous ensemble, à 10 heures du matin, nous entamerons le premier jour du reste de l'histoire de la planète bleue, en ouvrant la porte de notre réfrigérateur.  Le 14 juillet, parce que peu de gens bossent, le 14 juillet parce qu'il fait chaud en général, et qu'on n'est pas motivé pour s'attaquer au problème du réchauffement en décembre.  Les calculs sont là : le soir même la planète aura commencé à retrouver son équilibre. Enfin, ils ne sont pas vraiment finis, les calculs. Mais si on met du froid dans du chaud, hein, ça refroidit forcément. Expérimentez un glaçon dans l'apéritif, du lait froid dans le thé brûlant, ça marche à chaque fois. Un vent glacé dans le cou, et on se refroidit. C'est bon ?

Le 14 juillet, parce que d'ici là il faut prévenir le reste du monde, et là j'ai besoin de tous mes amis. En France, en Amérique, en Chine et même en Belgique, il faut l'annoncer. Parce que les belges c'est comme des Français, mais avec de l'humour. Et qui va prévenir le reste du monde ? Ben vous, pardi ! A quoi ça sert, les réseaux sociaux ?

A 10 heures le 14 juillet, parce que le 13, il y a bal, des fois, et que j'aime dormir tard. A 10 heures pétantes, tous, nous ouvrons la porte du réfrigérateur pendant 10 heures. Je sais, c'est génial, c'est simple, c'est imparable. Ne me remerciez pas, je suis trop content d'avoir sauvé la planète.

Et maintenant que j'ai fait le gros du boulot, lancez la communication. La victoire est en vous.

vendredi 26 juin 2015

Les mots vous manquent ?




En général, nous n’avons pas assez de mots, je crois. Pas les bons, pas les beaux. Aussi j’en bricole quelques-uns pour mes récits. C'est plus agréable à lire, et à délire aussi. Il me faudrait faire un bilan des mots nouveaux que j’ai apportés à notre belle langue, avant même d’être reçu à l’Académie ! Le dernier ? Dendescier. Un tout bon ! Se dit de quelqu'un dont le moral varie fortement, de la joie à l'abattement. A voir dans le dictionnaire de l'académie française, dans trois ou quatre ans.

Ainsi, disposant de mots parfaitement adaptés, les taiseux en seraient de vrais, pas des bavards refoulés, ou même des constipés de la phrase, qui sont légion. Je voudrais des mots assez doux, pas trop tranchants, un peu arrondis à la pointe. Créer des mots  moins tragiques, ou créer un antidote aux mots trop définitifs, comme mourir,  me semble mon devoir. Mourir n’est définitif qu’à cause de ressusciter, qui est de l’ordre du divin, et à cause de renaître qui implique un autre état, une nouvelle jeunesse, un nouveau  bonheur. Du coup, les gens normaux restent morts. C’est démourir le mot nécessaire, il aurait cet avantage énorme de ramener à la vie sans trop d’exigence pour le mort … Le rené, du coup ? … Démourir c’est juste ne plus être mort, sans se la péter comme un prophète qui sort du tombeau à J+3, ou une pouffe qui a trouvé la crème hydratante qui lui donne cette sensation de renaissance et qui passe à la télé pour le dire … On aurait certainement pu amoindrir le côté sévère de la mort par des adjectifs. On le fait bien pour les blessés ! Mais c’est vrai qu’il faut déterminer un espace relativement étroit entre le mort léger et le blessé grave. Démourir se conjuguera comme courir, et pas comme mourir pour bien marquer sa différence. J'y tiens. Et ce mot est à moi, merdre !

C’est un peu comme remolir.  Nouveau aussi. Une vieille maison démolie, si on la reconstruit à  avec plein de trucs, du style, et du cachet, et tout, ça coûte. Et on la reconnaît à peine. Remolie, elle est juste « plus démolie », toujours vieille, mais debout. Vous voyez la nuance ? Moins cher, adapté à la période de crise. Ni rénover, ni reconstruire, mais remolir !


Bon, il faudra que je voie si je ne peux pas entrer sous la coupole avec un couteau de chasse plutôt qu’une épée, ça me ferait plus d’usage. Surtout le tire-bouchon, d'ailleurs. L’habit vert, ça ira. Je chasse en forêt aussi.



Etonnant, non ?