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jeudi 28 avril 2016

Crudivorisme et veganisme, une révolution post-darwinienne

Charles Darouine* était drôlement futé pour son époque. Bon, Darwin, OK. Mais c'est bien parce qu'il n'est pas français. C’est pareil, tout'façon. Je n’ai pas tout lu, hein, j’ai sélectionné. D'après lui, en gros, l’homme descend de l’arbre, il essaie de draguer les plus belles filles et ainsi de suite jusqu’à nos jours. L’érection naturelle, il appelle ça. La fonction crée ensuite l’orgasme. En gros, je simplifie ! Il n’avait pas vu tout à fait assez loin, le bougre, mais je suis arrivé à temps. Au début il avait cependant vu juste : la preuve, c'est que le pape n’aimait pas du tout !

Assez poilus - ou alors mal épilés ?- avec un gros bide gargouillant, nous vivions dans les arbres, mâchant, rotant et pétant feuilles et fruits. Ça nous occupait à plein temps ou presque, et c’est tant mieux, car l’ennui n’avait pas encore été mis au point. Quand il faisait très sec et qu’il y avait des incendies de savane, nous descendions parfois des arbres pour nous balader et ramasser quelques cadavres calcinés, en faisant gaffe de ne pas servir nous-mêmes de casse-croûte à un fauve. C’était bon, goûteux et digeste, mais aucun de ces vocables n’existait pour le dire.

Attraper les bestioles nous-mêmes quand il n’y avait pas d’incendie s’est imposé en quelques millénaires de réflexion. La pensée sans les mots, c' est difficile. Nous devenions malins quand même, et les moins courbés faisaient la vigie pour repérer les repas de fête, qu’il fallait ensuite attraper à coups de gourdin et d’intelligence. Après la capture du feu, on faisait griller les prises quand on voulait, et des fruits avec. La caille aux raisins date de cette période, tout comme le zèbre Melba, qui lui, a périclité au cours des millénaires. C’était si facile à mastiquer que notre grande gueule s’est réduite, comme notre gros bide inutile et gênant. Et notre cerveau gavé de protéines, de phosphore et d’énergie, allégé par la position verticale, a continué à grossir.

Nous avons alors pu passer notre brevet de chasseurs-cueilleurs. Ainsi, notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse **. C’est extraordinaire, non ? Et on traite les chasseurs de gros cons … On l’est bien un peu, puisque après ça, il y a dix mille ans, nous avons cru malin de devenir agriculteurs-éleveurs. Sans la Politique Agricole Commune, quand même. Elle est venue bien plus tard, après la sauce grand-veneur et la révolution française, mais avant Poutine et le micro-ondes, je crois. Jusque-là, donc, tout allait bien pour Darouine, et j’écris ça comme je veux.


Notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse


Sauf que soudain, des personnes pourtant très propres sur elles n’ont plus mangé de viande, soit qu’elles n’aiment pas, soit pour ne pas manger leur frère ou leur sœur en animalité. Cela se défend, cela est respectable. Bon, moi, ça me gonflerait de devoir quitter ma chambre à coucher parce qu’un frère moustique ou, pire, une sœur moustique s’y est installée. Je tue ! Certain se sont mis à manger cru, aussi. On peut se nourrir de légumes, de végétaux, avec un chouia de laitages éventuellement, sans en souffrir, c'est vrai. La preuve, la sagesse auvergnate elle-même a inventé l’aligot et la truffade, végétariens un peu, et reconstituants au possible ! Le crudivore auvergnat, il supprimerait généralement dans la recette la tome (fromage), et il ne ferait pas cuire les patates. Le pauvre garçon !!!

Qui imagine les batteries de cuisine en inox, les faitouts en fonte, le four à chaleur tournante devenus obsolètes après une courte période de gloire ?

Moi, je me marrais de mes concitoyens idolâtrant le loup, soignés aux huiles essentielles, mâchant cent fois leurs graines et mangeant le dimanche  du poisson cru artistement découpé … Et d’une fulgurance, j’ai compris. 

J'ai compris autrement les mots évolution et ré-volution. Révolution au sens de retour, au sens du cycle ou de la boucle ...  Darvin, j’écris comme je veux, s’était planté, il n’avait pas prévu la courbure de l’évolution qui finirait en révolution. Car c’est clair, nous venons de repartir dans la direction inverse, nous supprimons progressivement les protéines animales, dont le loup pourra bénéficier, nous supprimons l’usage du feu pour nous nourrir de choses végétales et crues. 

Notre ventre va redevenir une cuve de fermentation un peu bruyante, lourde à traîner et longue à entretenir, qui nous fera marcher un peu courbés… Pour calmer la migraine occasionnée par cette position incertaine, nous allégerons l’équipement entre nos oreilles. Notre cerveau suivra le chemin inverse de notre usine à fermentations bourdonnante. Nous perdrons les mots, et nous remonterons dans l’arbre, à l’abri des loups.

Alors Charles, ça t’en bouche un coin ?


* il aurait mérité d'être Français
**  http://www.vosgesmatin.fr/loisirs/2014/01/11/chasser-pour-pouvoir-penser

lundi 4 avril 2016

La religion du loup

Dieu, après bien des échecs, aurait été remplacé par le Loup. Rares sont nos contemporains qui l’ont rencontré, et nombreux sont ceux qui devront se contenter de la parole de ses prophètes, retranscrite par son Eglise et gravée dans sa Convention. Ses fidèles dénoncent dans leur plainte ces nouveaux Satan que sont le berger incapable de protéger son troupeau, le chasseur criminel, le politicien véreux ... L'un serait assoiffé de subventions et fainéant comme une couleuvre, l'autre de sang, le dernier de pouvoir. Le berger en butte au loup décroche à coup sur le pompon, ayant le privilège de découvrir l'enfer dès ce bas monde ! Le progrès jamais ne s'arrête.


Deux loups mettent à mal un chien (Suède) qui sera sauvé de justesse par son maître et son gilet de protection






















Pourtant, une demi-douzaine de générations plus tôt, nos aïeux, souvent paysans-éleveurs ou journaliers agricoles, défendaient les troupeaux nourriciers et maudissaient sans exception le loup. Villageois, bergers et chasseurs vivaient encore sur la même planète. Depuis, les moutons qui ont permis aux générations de venir jusqu'à la nôtre, en nous nourrissant et en nous habillant, ont été relégués, au profit du prédateur qui nous en prive ! Les siècles, les millénaires de combat de l’homme contre le loup sont effacés. Dès les pénuries alimentaires disparues, notre mémoire a oublié la valeur de nos productions. Pourtant, la pauvreté n’est pas si loin ! Il y a un gros siècle encore, le loup n’était plus une entrave, mais la pénurie de nourriture était encore redoutée chez les petits paysans et chez les ouvriers. La mémoire familiale me l'a transmis. Les petits bergers mis "à maître" dès huit ans gagnaient déjà leur pain à la belle saison ! Et parfois une paire de sabots en guise de treizième mois. En ces temps, en Bresse, le premier job d’été de mes ancêtres était "berger des oies". Le marché, peu organisé allait de la ferme à la grosse bourgade où les Monsus (bourgeois) achetaient volaille fine, beurre et fromages tandis que les maquignons achetaient les bovins qui échappaient à la grande douve.


Acte de décès, Marboz, 1766 - Archives départementales de l'Ain
Remontons encore un autre bon siècle dans la Bresse où le paludisme n'a pas encore disparu. La petite Marie Anne Fromond, déjà orpheline de père, est croquée par un loup sur la paroisse où naquit mon papa, Marboz ; elle est l'avant-dernière des dix-huit victimes tracées dans les archives. Il y a eu heureusement d'autres Fromond, Vulain, Bérard et Daujat. On voit en cela que le loup est un prédateur drôlement raisonnable. Et qui aime jouer avec les chiffres, ai-je cru repérer : à trente kilomètres de là, en l'an 1768, trois enfants sont tués, et dévorés en partie, sur la même paroisse les 26 et 31 juillet, puis le 3 août ! Dix, onze, douze ans ! Étonnant, non ?




Ysengrin s’est assagi, encore qu'il ait joué récemment avec un skieur en Bulgarie, qui savait heureusement grimper aux arbres. S'il a oublié le goût de notre chair, il n'est pas devenu végan. Tout montre qu’il ne craint pas plus les bipèdes que les curés ne détestent les petits scouts. Croquant ici, dans un jardin italien, un petit chien du nom de Sketch, et là, en Allemagne, une jolie chèvre adorée répondant -ou plutôt ne répondant plus - au nom de Marcie. C’était dans la pâture à deux pas de la maison, et c’était quasiment un animal de compagnie. Une biche tuée et dévorée au centre d’un village de montagne français ... On ne connait pas son nom, à celle-là, et on s’en fout. Loup hybride ... chien ensauvagé ... proposeront PETA, WWF, FERUS, et tous les prophètes du loup, tous ses prêtres et tous ses marchands du temple ... Un loup à problèmes, peut-être ? Car après les enfants à problèmes, sont déjà arrivés les "ours à problèmes* ". Ça existe, et tout porte à croire que le concept de "loup à problèmes" viendra un de ces jours dédouaner sa calamiteuse - ou prodigieuse - corporation, selon la vision binaire qui convient. Il est étrange et rassurant de remarquer que les animaux sauvages poursuivis se rapprochent des habitations humaines, quémandant notre secours, ou espérant le loup suffisamment éduqué pour leur accorder le droit de refuge dans les villages. Ils rêvent ... Ce chien est pris dans la cour, images sévères, attention ... (https://youtu.be/B2SghVwu1xk)


Jura, un loup emporte un chat

Et le renard, bordel ! Il a fait si bien le job dans notre monde sans loup. Il assure le nettoyage de la nature habitée par l’homme avec une incidence limitée sur la grande faune et la faune domestique. Des faons de chevreuil, des volailles et des veaux en train de naître le maudissent bien un peu, c'est sur ... Et les grands corbeaux ou les vautours ? Souvent présents, pour pas cher, ils veulent bien contribuer à une nature toute propre sur elle. Bref, le loup n'a manqué à personne. La mémoire, si.




Il menace clairement le pastoralisme, sa production de paysages, d'aliments luxueux, de bonheur serein. Au plan économique il réduit la productivité des troupeaux. Au plan humain, il désespère les bergers.  Dans la montagne, il sème la peur parmi la faune sauvage et domestique.  La république ferme des écoles pour épargner cent mille euros mais trouve des millions pour Ysengrin. Si l’on explorait ce gouffre à grandes dents, en s'éclairant juste au bon sens, on remettrait aussitôt l’éleveur au centre du jeu. Comme quand la nourriture des hommes n’était pas un débat sur le gluten, et quand le loup était juste un loup.


Et si on laissait croître ces merveilleux loups ? Cinq mille loups dans dix ans, quinze mille dans quinze ans pour un rythme de 30 % ? Des schismes sont à craindre chez les croyants !


* euphémisme : l'ours est dit  à problème quand il attaque un humain




Sources :
http://www.unicaen.fr/homme_et_loup/ac_rech.php
https://www.facebook.com/FERUS-Ours-Loup-Lynx-Conservation-108137194175/?fref=ts
https://www.youtube.com/watch?v=9YM4cr4_N_M
https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_un-chien-de-chasse-muni-d-une-gopro-attaque-par-deux-loups-en-suede?id=9117493
http://www.nicematin.com/faits-divers/nouvelle-attaque-de-loups-en-plein-coeur-de-saint-etienne-de-tinee-28805
http://www.arezzonotizie.it/cronaca/un-lupo-mi-e-entrato-in-giardino-e-ha-sbranato-il-mio-cane/

http://www.telegraph.co.uk/news/2016/04/04/british-skier-to-lose-toes-after-fleeing-from-wolves-in-his-sock/

mercredi 9 mars 2016

Au loup ! Sketch

A proximité de Montepulciano, Italie, un gentil loup aurait tué et mangé un chien adoré de ses maîtres. A Monte San Savino (province d’Arrezo), plus exactement. Sketch, c’était le nom du chien … J'écris tout cela avec un peu de réserve, n’ayant pas accédé à l’expertise de leur ONCFS à eux …




Sketch "avant"



« Lui, c’est Sketch, mon merveilleux petit chien que mercredi soir vers 19.30 h, il a été emmené par un loup à quelques mètres de la porte de la maison et déchiqueté devant les yeux de ma mère, dans la zone du restaurant Belvedere à Monte san Savino, dans la province D'Arezzo. Jeudi après-midi, après de nombreuses recherches, nous l'avons retrouvé à quelques mètres de la maison dans notre champ, dans ces conditions » M’sieur Google Chrome, il traduit assez mal le propos de Silvia sur sa page FB, mais bon … Et « ces conditions » est une référence à une photo assez sévère.

On ne peut pas montrer sur Facebook l’image de Sketch "après ". Sketch après, sans trop détailler, est à peu près pareil, mais il en manque un gros bout entre le milieu de l’abdomen et le collier. Moi, ça me fait moins de peine qu’un bébé mort sur une plage, mais on n’est pas tous pareil sur ce plan.

De la même façon qu'il fut plus efficace de parler du petit Aylan Kurdi pour la cause des réfugiés syriens que de parler des autres morts innombrables, il est plus utile à ma cause de rappeler Sketch que les milliers de brebis prises aux éleveurs, les biches et les chamois dévorés, dont chacun se moque bien. C'est un parallèle que l'on peut poursuivre plus loin, vous l'allez voir.

Autour du petit Aylan la manipulation des anti, principalement des groupes d'extrême-droite fut intense pour discréditer les réfugiés. On cria à la manipulation, on supposa avec de nouvelles images fabriquées pour l'occasion que le corps avait été déplacé, qu'ils (Aylan et sa famille) n'étaient pas des réfugiés de guerre (Deuz, Bloc identitaire). Tordre la réalité jusqu'à la rendre conforme à ses projets, y compris la mort d'un enfant, n'est pas un problème.

L'enjeu autour de Sketch, vous allez rire (ah bon ! c'est pas la meilleure expression ?), existe aussi. WWF Arreza, qui n'est surement pas d'extrême-droite, mais extrême quand même, accuse aussitôt le journaliste comme les propriétaires du chien «Nous nous demandons donc ce qui provient, sinon de la volonté de lancer avec une provocation inacceptable, la propagation d'une nouvelles absolument pas fiable, une fois évidemment de lancer une campagne médiatique de dénigrement du loup "   [Traduit par Google Chrome].

Sur la page Facebook de Silvia Arturi, on peut suivre le combat des parties en présence. Il y a dans la province d'Arrezo une petite centaine de loups "Difficile à dire, moins d'une centaine. Mais le nombre fluctue, tant pour la mortalité naturelle élevée que pour l'abattage illégal ", déclare le commandant provincial de la Forêt Claudio d'Amico. Il souligne l'existence de loups hybrides, plus enclins à approcher l'homme. Et Ferus  qui ne cesse d'expliquer comment tout va bien en Italie ...

J’ai vu ce début mars qu’une louve photographiée dans mes campagnes de l’Aubrac paraissait enceinte jusqu’aux yeux …Qu'à  St Etienne de Tinée, une attaque de loup a eu en plein village tout récemment, que des fous ont libéré tout récemment des loups en Lozère. En 2007, la terreur des chamois du Peyre Arse, un sommet du Cantal, confrontés à un loup, avait été pour moi la révélation que sans loup, la montagne est plus douce.

Qui laisse encore ses jeunes enfants sortir le soir dans la rue à St Etienne de Tinée en ce moment ? Bien sur le loup n'a mangé en France que quelques milliers d'enfants et de femmes depuis le Moyen Age (cas recensés) et les gamins d'aujourd'hui sont plus costauds, et surtout ne gardent pas les troupeaux. Ce qui me fait sourire, aussi parce que je n’ai pas de gamin aventureux ni de chien, et même pas de loup à ma porte, c’est qu’un tel événement, s'il survenait, rapprocherait les européens de l’ouest, au moins les ruraux et les montagnards, de la sensibilité des africains de la brousse, ou des indigènes d’Amazonie. Qui se contrefoutent, et bien au-delà, du braconnage d’un fauve, car leurs mômes servent parfois de quatre heures ...



sources :
http://www.nicematin.com/faits-divers/nouvelle-attaque-de-loups-en-plein-coeur-de-saint-etienne-de-tinee-28805
http://www.arezzonotizie.it/cronaca/un-lupo-mi-e-entrato-in-giardino-e-ha-sbranato-il-mio-cane/

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/10/mort-d-aylan-mensonges-manipulation-et-verite_4751442_4355770.html

mercredi 17 février 2016

Handicap : vivre avec deux mains gauches

Je suis né ambisenestre ! Mes parents ne s’en aperçurent pas à ma naissance, tout heureux qu’ils étaient d’avoir un petit garçon, et bientôt trop épuisés par mon habitude durable d'exiger un solide casse croûte vers deux heures trente du matin.
Bien des effondrements si j’avais été maçon, bien des incendies si j’avais été pompier, ont été évités par mon désintérêt pour la chose manuelle. Il fallut cependant presque vingt ans de vie commune pour que ma douce enfin m’interdise tout bricolage.

Cela intervint bizarrement. Autant que je me souvienne, je venais de réparer à sa demande le grill extérieur. Elle a juste ri en regardant mon travail terminé. Étonnamment, le ciment ne retenait pas les briques réfractaires, qu’elle enleva comme ça d’une main, malgré ses cinquante-deux kilogrammes.

Une autre fois je fus particulièrement vexé de voir que j’avais fertilisé la pelouse avec un reste de sac de ciment et non de scories Thomas. Maladresse et distraction vont de pair chez moi. De la même façon que la misère toujours sur les pauvres s’acharne, la maladresse frappe sans fin les maladroits. Ces faits évoqués sont presque fautes de jeunesse, et l’expérience me fait redouter tout ce qui s’apparente au bricolage. Je suis rarement déçu. 

Je vous conte la dernière, sans en rajouter, ce n’est pas la peine … Chasseur heureux, je pris un beau cerf il y a quelques semaines. Que faire du trophée ? Auvergnat radical, je décidai de le cuire, le préparer, le scier de mes petites mains.

Cela commençait bien ...


Partant de l’image radieuse de ce trophée - les quelques micro-entailles collatérales aux doigts sont invisibles - il fallait bien installer ce massacre quelque part …ou souffrir de crampes assez rapidement.

Mon grenier est encombré de souvenirs de chasse, et plutôt désordonné. J’avais décidé de fixer ce nouveau trophée de cerf de façon amovible et sans le clouer sur un écusson. Encore une trouvaille d'auvergnat extrémiste ... A la poutre verticale, sous le massacre d’un grand cerf, il paraissait chétif, alors je décidai qu’en vis à vis, contre un lambris, ce serait mieux !   Mais l’installation était tellement amovible que le crâne s’est décroché quand j’ai claqué la porte!  Il m'avait semblé que mon perçage dans l'os crânien n'avait pas assez d'angle. Mais pas à ce point ! J’ai dû refixer les os des parois nasales qui n’avaient pas aimé le choc.

Mais ce n’est pas tout. Réparé, je l'ai fixé – provisoirement je me disais, mais ad vitam æternam plus probablement-  sur un plan incliné à 45 degrés. Oui, 45 degrés environ, on peut y tremper la main sans que ça brûle. Ce plan incliné est le sous-produit obligé de la montée d’escalier. J'ai réutilisé le perçage existant du crâne. Pas terrible, mais ça tient ... Un jour, je rajoute, en travers des andouillers d’œil, une de ses mâchoires amoureusement préparée. Les dents sont dorées par des sels métalliques issus de son alimentation, c'est une merveille pour un naturaliste, à conserver. Mais ce n’est pas tout …

Car l'après-midi même, un grand bruit a terrorisé le chat qui dormait sur mes genoux, comme une avalanche ravageant le grenier ...  Tombé encore ! Voyant, dans le capharnaüm, qu'il n'y avait pas d'endroit stable et sûr pour poser cette tête "en attendant" , j'ai pris mon courage à deux mains gauches, et la perceuse de l'autre. Prolongeant le perçage jusqu'à créer une ouverture dans l’os crânien, j'ai passé un fil métallique gainé, et attaché celui-ci à une vis surdimensionnée dans le lambris, là où était ma seconde intention. C'était presque bien ...

Las, ce n’est pas tout ! Quand j'ai voulu fermer la porte, le merrain gauche s'est trouvé trop long, empêchant le passage de la porte pour un petit centimètre. Heureusement mon geste fut délicat, ou la tête accrochée solidement ...


  
Le chasseur et le chassé pour la postérité

Comme j'avais décidé que ce serait tout,  j'ai légèrement fait pencher le trophée du bout de l'index ... Et ça passe ! Bon ... Il n'est pas terrible, mon bricolage. Mais de ça, j'ai l'habitude !


lundi 8 février 2016

Déluge

Vers 2014 après JC, Dieu visita Noé et lui dit ainsi "Une fois encore, mon royaume est devenu invivable  et surpeuplé. Construis une arche et rassemble un couple de chaque espèce, et quelques humain(e)s dignes de foi. Dans trois mois et des brouettes,  j’enverrai un déluge de quarante jours qui noiera tout. On appellera ça le "réchauffement" , pour éviter les confusions …

Six mois plus tard, quand Dieu, surbooké, ou un peu sénile en raison de son âge, rend visite à Noé, il n’existe qu’une ébauche de l’arche, alors que le déluge est convoqué et qu’il commence à pleuvoir sérieusement. "Pardonne mon retard, Tout-Puissant", dit Noé, toujours un peu lèche-cul avec les patrons : "Mais il m’a fallu un permis de construire, un système de protection contre l’incendie, et même des issues de secours. J’ai dû aussi me défendre contre les copropriétaires et leur association, qui ne voulaient pas d’échafaudage dans le jardin. J’ai dû trouver un conciliateur.

Les services d'urbanisme m’ont obligé à faire une étude de faisabilité sur le transport de l’arche jusqu'à la mer, ne voulant pas croire que c’est elle qui viendrait.


L’ONF m’a bien vendu finalement, à prix d’or, une coupe de bois, pour la construction de l’Arche, mais des associations pour la défense de l’environnement se sont opposées au chantier en raison de la destruction de l’habitat d’une chauve souris de leurs amies. Le Ministère de l’Environnement les a soutenus - alors que j’en emmenais un couple - comme s’il ne dépendait pas du même gouvernement que les services de la Forêt.

Et cela a été bien pire quand j’ai commencé à constituer des couples de chaque espèce.  Je ne respectais aucune norme, j’attentais à leur bien-être. On ne savait pas à quel régime de détention d'animaux j'étais soumis ... On m’a donc demandé une étude d’impact sur ce Déluge dont je parlais, et auquel pourtant nul ne croyait. 

Puis le ministère du travail a contesté les conditions de travail des bénévoles que soi-disant j’exploitais, après que j'aie dû renoncer à l’aide de mes enfants, au titre de la protection de la famille.

Enfin on m’a assigné administrativement à résidence depuis deux mois, car on me soupçonne de vouloir exporter des espèces en danger, ou de vouloir  quitter le pays, ou les deux à la fois"

Dieu étendit la main, et un arc-en ciel apparut en même temps qu'un rayon de soleil. "Vous n’allez pas détruire le Monde ? " demanda Noé surpris.
"Plus la peine",  répondit Dieu, "l’administration s’en charge."


D’après Le canard des alpages, librement repris.

jeudi 7 janvier 2016

A la recherche d'un cuissot de marcassin

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Et c’est tant mieux car pour la cuisson à basse température, il faut se lever tôt pour apprêter une pièce de viande. Et cela, même si on n’est pas absolument à la recherche du temps perdu ! Ce qu’il y a de sympathique dans cette cuisine, c’est que ça n’attache pas, que ça ne brûle pas, comme, par exemple, les madeleines …

Si vous pouvez choisir la provenance  ...

Il est préférable de commencer avec des plats faciles comme le porc, l’agneau, le sanglier, avant d’évoluer vers le saignant ou le juste cuit. J’avais ainsi un peu foiré une première gigue de chevreuil ; enfin, foiré … Les avis étaient juste partagés, entre moi qui trouvais ça pas si mal, et le reste du monde qui pensait le contraire …

Tout d’abord, si vous vous souvenez d’un ragoût de marcassin publié sur ce blog - Un ragoût de marcassin-, sachez qu’il s’agit du même animal ! Et que reste à écrire Le pâté retrouvé ou A l’ombre du pâté, voire Les pâtés en fleurs. Car je fis avec cet animal une terrine renversante, malgré quelques péripéties en cuisine. Une trilogie, au minimum, donc. Et un bon titre, ça compte, disait Marcel.

Pour notre petit cuissot et pour la cuisine à basse température en général, il faut un four électrique correct, et idéalement une sonde thermique instillée au cœur de la pièce à cuire. Cela vaut 35 euros et apporte la maîtrise de la cuisson.

Les ingrédients :
          Un cuissot de marcassin, celui-là pesait 1.3 kg, tout petit,
Trois à quatre heures (ben oui, le temps est un ingrédient indispensable)
Quelques lardons 
Des herbes aromatiques (thym séché et réduit en poudre dans mon cas) 
Ail en chemise 
Beurre, ou huile de tournesol 
Miel (si on aime)
Sel, poivre. 
... Et un café fort si le réveil a été difficile.



Piquer, facultativement, le cuissot d’un peu de lard.
Un tout petit peu d’huile dans une petite casserole, chauffer légèrement, et remuer avec deux  cuillerées à soupe de miel et les herbes. Badigeonner la venaison après salage, puis poivrer. On le refera au pinceau en cours de cuisson avec le jus, ou le reste de miel + huile s’il y a.

Un peu d’huile, quelques lardons, un ail en chemise, au fond d’un plat.  Trente minutes au four à 110 degrés, puis on descend à 95 degrés. La température de la sonde à cœur de la pièce doit atteindre à minima les 71 degrés qui garantissent la destruction d’éventuelles trichines*. Trois petites heures après, j’ai fini en faisant monter le four à 180 degrés dix minutes pour dorer la viande. On peut le faire à la poêle aussi. Je crois que c'est mieux


On passe à table ?

Les plus de cette cuisson sont une chair très tendre, et pas du tout séchée par la cuisson. Délicieuse. Pour ma part, je reste, après l’expérience, un peu rétif au miel avec la venaison. Il me semble que de la moutarde à l’ancienne aurait donné un résultat meilleur. Et que pas de moutarde non plus eût été un peu supérieur … Un autre avantage est que l’on peut laisser cuire un peu plus sans aucun souci pour cette viande, si des convives sont en retard.

Thermomètre sonde ; ce modèle me convient parfaitement.

Une viande moins cuite Quelques jours après, j’ai amené un petit filet de mouflon à 58 degrés à cœur - badigeonné d’huile et d’un peu de moutarde à l’ancienne - avec le four à 90-95 degrés, puis je l’ai rissolé, avant de servir, durant deux minutes à la poêle. C’était parfait, sauf que finalement, la moutarde nous a semblé de trop. Restons au plus près du produit. La cuisson avait duré une heure quarante cinq environ.  L’appareil sonne quant la température souhaitée est atteinte.

Pour se documenter sur la cuisson à basse température.
http://www.cuisinebassetemperature.com/   et plein d’autres sites ou blogs


Thermomètres-sondes de cuisson :


Trichines : La trichinellose n’est pas la maladie courte et rigolote dont rêvait Desproges. Elle sait être longue et cruelle. Il faut s'en méfier en France métropolitaine pour le sanglier sauvage qui n'a pas été testé, en général. Il faut atteindre 71 degrés à cœur pour garantir votre sécurité. La congélation ne garantit  pas complètement la destruction des trichines.


jeudi 17 décembre 2015

Dans la forêt (2)

Dans ma forêt, je suis revenu, mais pour une petite battue cette fois. C'est l'occasion de rencontrer d’autres chasseurs du groupe que je ne connais pas encore. Nous partageons à trois, la veille, un gîte où j'arrive  à 18:00, suivi une heure après par Maurice, et à 21 heures par un travailleur, Mickaël. Venant du sud ou du nord, nous avons tous trois roulé trois heures environ. Le lendemain matin, il a fortement gelé et je prends pour vous une image des Hautes-Cévennes hivernales.


les Hautes-Cévennes en mode "hiver"


Ce territoire de cinq cents hectares de forêts se trouve sur une zone marquée par l'histoire des religions et des hommes. Le futur pape Urbain V y naquit à quelques hectomètres, au château de Grizac,en l'an 1310. Mais les modes passent, et quatre cents ans après, les camisards se battirent pour conserver leur droit au culte protestant qu'ils avaient adopté.  Au cours des troubles, l'abbé du Pont du Monvert fut occis au bord du Tarn naissant. Les massacres furent pleins d'entrain, les hameaux des Cévennes furent détruits et brûlés par l'armée royale pour éteindre la révolte. On y brûla vif du protestant en 1703, le roi soleil tournant au roi barbecue, peut-être sous l'influence de la Maintenon, bigote à joli cul.

M'adonnant moi-même à l'adoration de Diane, et ayant seulement occis sur ce territoire un brocard en début de saison, j'imagine que le sacrifice à ma déesse d'un sanglier la comblerait. Nous sommes onze je crois, à remplir les moult formalités qui font de nous des citoyens au-dessus de tout soupçon.

Le plan d’attaque est soumis à une discussion à laquelle participent ceux qui ont une connaissance minimum de l'ensemble du territoire, ce qui n'est pas mon cas. Et cela se fait en un temps si court pour aboutir à une adhésion générale que cela mérite d’être souligné quand nos votes vont vers des gens pour qui la démocratie est le chemin, mais pas le but.

Dans les véhicules qui longent les pistes, nous croisons une compagnie de sangliers en allant nous poster … Heureux présage ? J’ai un poste qui me réjouit … Mais je dois le quitter pour "50-100 mètres  plus bas", car mon voisin Maurice se trouve posté plus bas qu’il ne pensait, à cause de ceux qui sont plus haut … mais moins haut que souhaité. Je descends  deux cents mètres  de chemin zig-zaguant sans découvrir de draille prometteuse, et je remonte un peu, pour me poser en un endroit qui m’assure un peu de vue dans une saignée d'arbres. Je verrai, une grosse heure après, passer, encore au-delà, une compagnie menée de loin par nos chiens. Avant cela, j’ai imaginé que la pétarade quasi immédiate après notre installation venait de  mes sur-voisins, mais elle est en fait plus loin. C'est l'effet néfaste du casque amplificateur qui protège mes oreilles. Et mon voisin tue en fin de matinée un sanglier, dont les comparses en fuite passent au poste que j’ai dû abandonner. Je  lâche une balle à un contre mille, à plus de cent mètres sur les quelques quasi marcassins restants,  passant comme des fusées, en pointillés, entre les hêtres au dessus de moi. Sans résultat, que Diane me pardonne.

A la pause, trois ou quatre sangliers sont au tapis pour une quinzaine de balles tirées au moins. Et nous attaquons les 300 hectares restants après un rapide pique-nique. Je connais le poste que je dois prendre, mais il s’avère que suite à une incompréhension, un chasseur veut aussi y mettre son invité. Je suis à nouveau déclassé, bien plus bas, mais j’ai au moins une ou deux vieilles drailles pour entretenir la flamme de l’attente. Je ne verrai rien, mais le casque me permet de suivre les menées lointaines et les tirs. Deux biches sont tuées, les sangliers échappent à plusieurs tirs.

Ibis, jeune chienne "Rouge de Bavière" et une biche adulte ; cette race a une forte aptitude à rechercher les animaux blessés

Pour le même prix, Maurice, heureux chasseur du jour avec deux pièces en deux balles, une biche et un sanglier, nous fait une démonstration d’éviscération parfaite en milieu inhospitalier. Comme toujours en ces cas, j'ai honte de mes deux mains gauches, et je me promets néanmoins de suivre sa méthode sur mes animaux, chamois et chevreuil le plus souvent. Au retour, deux marcassins généreusement attribués voyagent avec moi, mais ils restent mutiques durant les trois heures de route. Un peu de rancœur peut-être, ou juste une façon d’être ?

Les chiens et les piqueurs ont été magnifiques toute la journée, et le tableau de cinq ou six pièces récompense une organisation sans faille.