8 décembre 2016 ... Finalement par des hasards ajoutés, je me retrouve
possesseur d'un bracelet de chamois. Car "on" sait que je ne tirerais
qu'une très vieille chèvre non suitée, si je tire ! Il y en aurait une d'un âge canonique mais bien moins vieille que moi en même temps, mais la trouver
est une gageure dans la montagne … Le réveil du volcan est une surprise de taille.
Autre surprise, s'il faisait moins quatre dans la vallée à 1000 mètres d'altitude, c'est plus sept degrés à 1500 mètres, d'où j'observe d'entrée à la longue-vue deux chamois, l'un à cinq cents mètres que je dirais bouc, et l'autre à trois kilomètres ... dont je ne dirai rien. Je m'équipe et je démarre doucement. Le sol, malgré la douceur venteuse relative, est dur comme de la pierre, et les ruisseaux sont figés. La traversée de la source de l'Impradine, en partie gelée, me donne des sueurs forcément froides, traversé également que je suis par l'idée glaçante d'une mauvaise chute en ce lieu privé de tout réseau téléphonique. Je me rassure à demi en me disant que ce sera partout comme ça aujourd'hui. Sans réseau.
Je n'ai pas la pensée carnassière, je veux juste goûter au
plaisir de ce soleil, de ce vent de quinze kilomètres-heure, de cette marche très lente, de ces chamois ... De ma quête. Et la
très vieille chèvre dont j'ai entendu parler serait à trois ou quatre kilomètres de mon
véhicule. Un challenge que je ne tenterai pas une seconde fois ! Rapporter seulement le trophée, les cuissots et les filets est
forcément possible. Mais bon, à quoi bon y réfléchir déjà ? Marchons, rêvassons,
clic-claquons des images.
Un groupe de cinq chamois me ravit … Ils sont si cool que
je ne crois pas le loup présent ces jours-ci sur ce massif (nous sommes en 2016, et depuis la densité de chamois a bien chuté). Puis une traversée prudente de zones de glace si dangereuses sous un peu de poudreuse, car elles ne sont pas plates, produites par l'eau qui sourd de la montagne et gèle en vaguelettes assassines ... Je fais beaucoup de
pauses d'observation. Trois chamois à la Brêche de Rolland, sans doute un trio familial (1). Et j'avance encore,
car je sais que je vais trouver d'autres chamois. Je choisis la mi pente pour
approcher le Peyre Arse. Si je trouvais l' animal de chasse, je pourrais, s'il
n'est pas sur un versant qui me permette l'approche, faire marche arrière pour un
long détour, pour le contourner par le haut ou par le bas ...
Une chèvre (jeune) avec deux cabris |
J'échange mon blouson Browning vintage contre une petite polaire
camo présente dans mon dressing portable, où elle côtoie une bouteille d'eau, une
courte longue vue, une corde, deux pains au chocolat, de la rubalise, un télémètre, une lampe
frontale, un bonnet et un raton laveur. Cette liste amusera quelqu'un. Par une
chance inouïe pour l'idiot géographique que je suis, je trouve d'entrée la
draille magique de la mi-pente haute. Et un groupe de neuf chamois sur le bas.
Il ne peut que me repérer. Pouvoir me surveiller du coin de l'œil à cinq ou
six cents mètres suffit à les rassurer. Je passe à leur large.
Sur le massif d'à-côté, cela flambe dur. L'éveil du vieux volcan sur
lequel nous vivons si tranquillement va forcer biches et cerfs à habiter plus loin cet hiver. Et à se faire tuer peut-être dans un secteur moins connu d'eux.
Je me dis que je n'irai guère plus loin en arrivant à la
limite nord du pied du Peyre Arse. Trois chamois à trois cents mètres, qui
galopent un peu en s'approchant. Rut ? Non, ils broutent en s'approchant, et
c'est une femelle avec deux beaux cabris. Une rareté. Peut-être, même si cela
n'est jamais relaté, la chèvre a-t 'elle adopté un cabri orphelin, ou bien sa
maman court le guilledou et a confié le petit à la voisine.
D'autant qu'une chèvre assez jeune aurait été tuée et son cadavre abandonné dans la montagne, il y a deux ou trois semaines. L'œuvre d'un con. "Mes" chamois se couchent un court moment à cent mètres, puis recommencent à brouter en montant. Je broute moi-même un pain au chocolat en les observant, tandis que mon APN fatigué refuse d'enregistrer les images de bon cœur. Puis je m'éclipse discrètement.
D'autant qu'une chèvre assez jeune aurait été tuée et son cadavre abandonné dans la montagne, il y a deux ou trois semaines. L'œuvre d'un con. "Mes" chamois se couchent un court moment à cent mètres, puis recommencent à brouter en montant. Je broute moi-même un pain au chocolat en les observant, tandis que mon APN fatigué refuse d'enregistrer les images de bon cœur. Puis je m'éclipse discrètement.
Le chemin du retour |
Et je reviens vers la voiture, que j'atteins un peu avant la nuit. Le paysage est superbe, l'atmosphère nimbée de bleu par les particules fines de l'écobuage.
(1) la structure familiale est la mère, son jeune de l'année, et son jeune de dix-huit mois
(1) la structure familiale est la mère, son jeune de l'année, et son jeune de dix-huit mois
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