Nombre total de pages vues

jeudi 25 août 2022

Le silure aime t'il ses semblables ?

Je peux répondre d'emblée  : OUI, ce poisson-chat hideux et baveux comme nul n'aurait osé aime ses semblables. Je vous raconte ... 

En cette fin de partie de pêche, à l'heure tranquille où les lions vont boire et où les jets-skis se sont endormis, je baladais depuis mon bateau deux gentils vers de farine sur leurs hameçons et leurs montures de deux grammes, tenus en laisse par ma canne à pêche, afin qu'ils se rafraîchissent un peu et séduisent par exemple une perchette. Ou plus, si affinités.




Survient l'affinité ! Je le sens au ferrage, ce n'est pas une perchette, peut-être enfin une vraie grosse perche, peut-être plutôt un sandre. Un très beau sandre même… Car ce poisson tient les quatre mètres de fond avec constance, le bougre, quelques coups de tête un peu mous, sans faire toutefois chanter le moulinet, ou à peine un clic de ci de là. En deux minutes, il est à trois mètres du bateau et approche la surface, l'éclat jaunâtre me renseigne alors, c'est un silure. Environ deux kilogrammes je dirai, soit 600 g de filets, que je salerai et que je fumerai pour les servir avec une salade de pommes de terres avec peut-être un vin rouge léger. Ou alors à l'apéro, avec un jaune, ou un vin blanc sec. Je le sécherai un peu plus pour l'apéro, alors, car c'est mieux pour manger avec les doigts. Mais on cause, on cause ...


un projet ...



"Je fais quoi ?" , demande ma déessequi observe le combat depuis la proue du navire d'où elle mettait à mal quelques perches. "Viens à l'épuisette" suggéré-je, pour lui offrir quelques particules d'adrénaline supplémentaire … Nous entr'apercevons alors tout deux comme un gros trait noir qui vient barrer le reflet jaunâtre. Et le pot au lait de Perrette se disperse en mille éclats. Un changement absolu et radical se produit dans ma canne à pêche, dans sa courbure, dans le chant du moulinet, sur un mode encore assez tranquille. Non, le petit silure n'a pas pris de vitamines : un silure énorme est venu s'en saisir et s'en va avec sur une dizaine de mètres, décrivant une ou deux courbes. "- Que fait-on ?" "- Ben on attend qu'il lâche, pardi "…




Le gros poisson revient un peu vers le bateau et là, Il semble comprendre soudain qu'il n'y a pas que le petit silure qui le contrarie. Il accélère alors et le fil fend férocement  la surface, puis sans clignoter, il vire à gauche et fonce en ligne droite vers le large. Je sais le frein du moulinet bien réglé. Il ne ralentit nullement le poisson, et cela va très vite. Je démarre le moteur et je l'enclenche, chaque mètre gagné pourrait être utile. En jetant un coup d’œil au moulinet, je vois s'opérer le changement de couleur de tresse … J'arrive dans les fonds de bobine déjà, environ cent mètres sont donc partis ...

Et je refais la bêtise qui m'avait déjà coûté un silure. En cherchant un plus de freinage, et au lieu de tourner la molette d'un quart ou d'un demi-tour, je mets les doigts sur la bobine, avec tact et douceur, je crois. Mais avec l'adrénaline, va savoir ... "Clac !" dit la ligne. "Mortecouille", dit le pêcheur. Bon, j'avais une chance sur mille, mais quand même, c'est rageant.
    

Quand on dit que le silure glane, on l'imagine courbé vers le fond, récoltant les restes de graines de nénuphar ou de myosotis des marais. Eh bien il ne glane pas du tout, celui-là ! C'est plutôt le genre moiss-batt !.

Deux théories s'affrontent cependant sur le comportement de ce silure, égales à mon cœur …

Celle d'abord du vilain gros silure qui mange son semblable s'il est plus petit, et qui aurait à mon idée la faveur de France Info. On aurait le témoignage d'un pisciculteur, un autre d'un docteur en écologie.

Mais la théorie du grand frère est sympa aussi, le gros moustachu voit son petit poto en difficulté et il le prend à bras le corps de toute sa force pour le soustraire aux griffes du pêcheur blanc occidental. Selon la radio russe RT, ce mec est un nazi, et les silures démontrent un fois de plus la force de l'âme russe, et l'OTAN n'y changera rien.

Quelle que soit la manière, gastronomique ou solidaire, le silure aime donc son prochain. Et en tout cas, il ne faut pas vendre la peau  du silure avant de l'avoir fumé.

glane aussi ...