Nombre total de pages vues

jeudi 19 mars 2015

Je voudrais pas mourir

Je voudrais pas crever. Vous non plus, j'imagine. Il est J-1, et Morphée m'emportera, pour quelques heures si tout va bien, pour toujours si tout va mal, mais il n'y a pas de raison. Suivront quelques jours où la maladie nosocomiale peut frapper et me ramener à "si tout va mal". Mais il n'y a pas de raison. Je veux pas mourir. Il y a vingt-sept ans, mon fils de deux ans, saisissant un enjeu tellement non dit, m'avait affirmé « je veux pas que tu moures ». J'avais obéi.

Si j'étais pauvre, si ma femme était conne, si ma vie était sans intérêt, si je n'avais pas tant d'émotions et de sensations à vivre encore, alors basta ! Mais mes loisirs sont moins limités que jamais, ma cave est garnie comme jamais, les plats à partager, les livres à lire absolument sont innombrables. Il me reste aussi des personnes à rencontrer, des loups à combattre. Je voudrais pas mourir.

Mais on n'y peut pas grand-chose. Mon père, atteint d'une légionellose avait dit "je me battrai", avant qu'on le plonge dans le coma. Comment se battre en dormant ? Il se disait heureux, si peu de temps avant cette fièvre soudaine. Il ne s'est pas réveillé. Je voudrais pas m'endormir, mais il faut bien. Il faudrait mourir quand on veut, comme a fait ma mère. Elle qui ne supportait pas les vagues même à la télévision a avancé dans la rivière, comme ça. Elle en avait assez de souffrir. Mais pas moi, pas encore.

Repassent en ma mémoire des douleurs terrifiantes qui nous font nous dépersonnaliser, et tant de peurs. Un crâne rasé avant une réparation des vertèbres . Mourir ainsi défiguré, non ! Mais je n'étais pas mort. Et deux fois encore, après six mois de vacance, j'étais revenu à la vraie vie, au monde, à la production. Si cette fois ça se passe mal, nul ne s'apercevra que manque ma vie qui ne produit plus rien à part  quelques mots alignés ici et là.

Je ne veux pas, merde ! Mes vacances de mai sont prévues sur une île, un nouveau territoire lozérien où les loups ont commencé à chasser les paysans m'attend en septembre. Marcher sans bruit dans la forêt, quêtant un sanglier. La vie, la chasse, la quête du bonheur. Je voudrais aller au Québec aussi, en Corse. Et nulle part. J'adore glander, et pour ça, il faut du temps. Alors c'est clair, dans quatre ou cinq jours je rentre à la maison

3 commentaires:

  1. Je n'étais pas au courant.
    J'imagine / J'espère que tu t'es reveillé de ta courte sieste
    Bon rétablissement (je ne sais pas de quoi mais je te le souhaite bon et prompt)
    A+

    RépondreSupprimer
  2. Bonne nouvelle, à quand la prochaine sortie ? !

    RépondreSupprimer

Merci de réagir, mais avec douceur et courtoisie.