Impossible cette saison de capturer le moindre sandre. J'y suis pourtant allé un jour parfait, et j'ai été encore refait. On ne m'y reprendrait pas, me disais-je. Promesse d'ivrogne, car dès que le vent tourneront - et ce fut le lendemain – j'y retournions ...
Sur un poste où j'en avais manqué un quelque temps auparavant, à l'arbre couché, je mets d'entrée un poissonnet de 10 centimètres environ en drop-shot (drop-vif). Et c'est la touche en moins de dix minutes, que je ferre instantanément. Eh ben voilà ! Un vif à la bonne taille, au bon endroit, au bon moment, et le tour est joué... Vraiment, ce n'était pas compliqué ! Je l'espère bien maillé, ce sandre, car ce n'est pas vraiment pour le combat qu'on le cherche... Mais le pseudo-sandre est soudain très énervé, et décrit même une belle chandelle. Damned, c'est un brochet !!!😖 61 cm, il ne coupe pas le bas de ligne de 27 centièmes ! Je le promeus au rang de sandre, ça lui apprendra à me décevoir…
Nouvelle touche 10 minutes plus tard au même endroit, avec cette fois une mini-perche de 5 cm en drop-vif. Cette fois je me dis que ... Eh bien non, je ne me dis rien 😡! C'est une perche, gravement dyslexique, d'une vingtaine de centimètres, qui a probablement confondu sororité et satiété. Ça finit pareil, et ça finit mal pour elle.
Dépité, je vais me repiter dans la baie, dans une longue et très lente dérive, à 100 mètres par heure dans un zéphyr nul, les cheveux métaphoriquement au vent. Avec trois vifs travaillant de concert, dont deux de 10 centimètres, l'un au ras du fond en drop-shot et l'autre un peu plus haut en mode suspendu. Et enfin, une minuscule perche de 5 ou 6 cm en drop-shot aussi, proche du fond.
Toooouuuuche enfin, au bout d'une grosse heure, sur le drop-vif de 10 cm, vers 10 mètres de fond. Enfin, j'en rêvais !!! Beau rêve certes, mais non, c'est un petit silure cette fois😠😖😡.
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| Comment (essayer de) régaler les sandres ... |
Ma vengeance sera à la hauteur de ma déconvenue : le concept de PERSIBRO fumé se dessine doucement entre mes oreilles. Mes victimes, arrachées à leur élément par la violence, asphyxiées par le combat et presque comateuses, seront suppliciées, saignées, écorchées, et recevront du sel à vif sur les chairs. Elles étoufferont dans la fumée avant de re-mourir encore, de froid cette fois, au fond d'un congélateur...
La recette : 836 g de filets de persibro (perche, silure, brochet) sans peau parés avec, par kg, 30 g de sel, 3 de cassonade, 3 de cinq-baies, 3 de coriandre en graines, 0,5 g d'aneth (+ une touche de piment et de paprika pour le silure à la sortie du salage. Puis fumage.
Le tableau de ma pêche, publié sur une page Facebook dédiée à la cuisine et au fumage, où je publiais la recette, a aussitôt fâché des pêcheurs présents ou arrivés là en abondance pour l'occasion... Ils ont un peu gâché le plaisir du partage. Certains ont déclaré le brochet "trop petit", ou que je suis un braconnier, et même, pour le plus fin d'entre eux, que je suis une merde. J'ai republié l'image de la planche à découper avec un mètre à ruban pour assurer qu'elle fait 60 centimètres. Mais ces syndromes de désordre de la cognition ne répondent souvent à aucun traitement.
Il reste incroyable pour moi, gentil péquenot chasseur-pêcheur-cueilleur, qu'ait émergé une génération presque entière de gens qui s'offusquent de ceux qui mangent les quelques poissons de leur pêche, alors qu'ils s'autorisent eux-mêmes à maltraiter à longueur d'année le maximum possible de poissons. Qu'ils puissent penser en prime être dans le vrai est dérangeant, car un hameçon dans la gueule, comme ça, gratuitement, pour m'amuser, je ne veux pas. Si ça criait, les poissons, ils continueraient ?

Mon percibro s'en est allé au salage, puis au fumage, puis au frigo deux jours habillé de plastique, avant de rejoindre le congélateur. En attendant un apéro, une assiette froide ou des spaghettis à la crème...
















