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jeudi 28 janvier 2021

Do it moi-même

Au moins l'un d'entre nous, et sûrement le meilleur, se souvient de la tragédie des ambisenestres, illustrée par un auteur aujourd'hui oublié, dans un texte jamais ouvert par quiconque: "https://blancchasseur.blogspot.com/2016/02/handicap-vivre-avec-deux-mains-gauches.html".


Le dernier et terrible attentat du "Do it moi-même" contre ma personne et mes biens, que je me dois de relater au monde, encouragera celui-ci, je l'espère, à envoyer un peu de flouze à ma fondation "Born wizz 2maingoch" qui lutte sans espoir mais sans renoncer, et avec d'énormes frais généraux.

Voilatypa* que mon téléphone plutôt chic (un smartphone, dit-on en général) donne le signe d'un manque d'énergie. Que nous connaissons souvent en fin d'hiver, et que l'on combat d'une cure détox. Mais là, c'est un téléphone, et aussitôt mes recherches contournent, encerclent et investissent la toile. Quand je me fends enfin de mon numéro de carte bleue, l'affaire est comme réglée.


Ma boite aux lettres recèle le surlendemain *** une enveloppe-colis qui contient la solution**. Certes il restera à installer cette batterie dans le téléphone. Des ballons ! Euh non, déballons. Cette batterie est accompagnée de micro-outils forts sympathiques, mais dont la dangerosité ne m'échappe jamais. La notice est juste un lien qui dit qu'il faut trouver la notice du téléphone, qui ne dit rien d'autre que de faire appel au SAV. Une autre recherche, sous un autre angle, dit qu'il faut, dans les téléphones de dernière génération, trouver l'astuce pour les ouvrir. Malgré cela, un temps de 20 minutes seulement est requis, que j'ai dépassé par mes seules recherches.


Peur de rien, je n'ai. Et j'ouvre les emballages. Jolis les outils ! Ah ! La batterie dans un plastique, elle-même dans un plastique mou et noir, bien collant et bien protecteur. La classe ! Lui-même, comble du raffinement, inclut la petiote tirette qui va permettre de l'ôter sans peine. Comme les chewing-gum. Faut tirer comme un dingue ! Et bien sûr, ça casse. Le canif, alors ... Oukilé ?


Et bien sûr "ça" casse  


Je sens poindre progressivement un sentiment d'étrangitude bien connu .. Cette languette, bizarrement dorée de l'autre côté, servait-elle vraiment à ca ? N'était-ce pas, plutôt que pour ôter cette enveloppe, la connexion de la batterie ? Damned, je viens de rendre définitivement ma nouvelle batterie inutilisable.


Ca aurait pu être pire, évidemment. J'aurais pu passer une heure à ouvrir le smartphone d'abord, plus avoir à soigner des entailles aux doigts ... Voire j'aurais pu détruire le smartphone en essayant de l'ouvrir. Là j'ai tout flingué en moins de trente minutes. C'est presque de la productivité, je n'aurai qu'à le jeter.



* forme adverbiale du verbe intransitif "voilatyper", du 1er groupe, qui ne signifie rien. Alors qu'il devrait, il est payé pour ça.

** mélange homogène

*** pour les malcomprenants, ce n'est pas le surlendemain qui est dans la boite, mais l'enveloppe-colis, OK ?



dimanche 17 janvier 2021

Où un sanglier "débondit" !



Ayant mal dormi, je me levai ce dernier jour maigre avec des idées bleues dans la tête et une météo neigeuse et froide tout autour. Le petit message d'Erwan "pas mal d'invités ce WE, beaucoup de chiens … il me tarde" a pour effet quasi immédiat de réaligner les astres.

Je pars dévaliser mes voisins producteurs de fromage, je recompte mes 8 cartouches de 308 W et j'imagine des stratégies autres que la tenue de pêche "- 20 " pour échapper au froid annoncé.

7:01 le samedi. Il bien fait un froid de chat, je décide de porter des chaussures de glacier plus isolantes et grandes et grosses chaussettes. Au bout de 2 km, ça ne va pas. Non je n'ai pas marché 2 kilomètres, j'ai roulé deux kilomètres ! Je quitte les Asolo au profit de mes chaussures de marche habituelles tout en gardant les super chaussettes. Soixante kilomètres après, je déclare ces chaussettes définitivement trop épaisses et je repasse dans la configuration temps doux. Mais d'où exactement ? Car je suis passé de – 8° au départ à – 4° ou - 5°. Je pourrais remettre les Asolo sur chaussettes normales 30 km plus loin, mais ça ira comme ça, hein …


10:27 Arrivée à la cabane, je ne suis pas premier.
Deux chasseurs masqués m'y saluent. Arrivent encore deux ou trois autres. Je grignote un rien de saucisse sèche et de salers, puis nous nous retrouvons en plein air pour le rond de 11 heures. Nous devons être une belle quinzaine de chasseurs et à peu près autant de chiens, ce qui marque une nette rupture de la corrélation qui se vérifiait depuis les grands froids entre température et participation. Le biais aujourd'hui,  c'est les invités.

12:25 De mon mirador, où je fus récemment l'utilisateur malheureux d'une cartouche de contrebande (je manquai le sanglier😕), je domine le monde de plus d'un mètre cinquante, et je gave mon chargeur bien que je le soupçonne de faiblesse pour la montée des prunes. De toutes façons, il y a vingt mètres de traversée de la combe, et c'est la première balle qui compte. Deux équipes de chiens sont lâchées concomitamment sur deux pieds relevés par Erwan, pas très loin de mon poste. Un pied, c'est une trace, une odeur, bref une voie prometteuse relevée par les piqueurs aux aurores avec un chien de pied.

Si mes souvenirs sont bons, le premier lancer intervient presque aussitôt et un bon 70 kg emmène les chiens avec maestria ; Sylvain ne tirera pas en raison de la proximité des piqueurs et la menée va à la rivière Célé. Pendant que cette musique s'éloigne une seconde fanfare enfle et approche, je me retourne pour faire face, prêt à épauler, et ça approche, et ça approche …. Et « ça » sort pile où portent mes yeux. Le sanglier, 40-50 kg, bien noir, pas forcément un habitué des lieux, traverse à donf à 40 ou 45 m, accompagné de mon réticule. Je lâche une balle jugée parfaite dans un geste jugé parfait, au moment où le sanglier bondit vers la végétation. Il débondit mystérieusement, semblant faire le saut à l'envers … « Touché ! » me dis-je, en repensant à une chevrette qui avait débondi ainsi, privée il faut le dire d'une bonne part de ses entrailles par le projectile. Le sanglier se rapproche de moi, de l'autre côté de la combe, pour embouquer une autre draille.

La seconde cartouche a bien voulu monter, c'est confirmé par le bruit du second tir, mais pas par son effet. Je viens, à environ 25 mètres de tirer à nouveau sur le sanglier "forcément blessé mais qui ne le montre pas". Il prend une autre draille pour remonter dans la côte de Cuzals. Comment j'ai pu rater cette seconde balle ?  le point rouge du réticule était bien, j'ai appuyé à la perfection ... La musique formidable des adorables griffons traverse avec eux la lande et embouque la draille finalement choisie par le sanglier. Mais la meute s'arrête pour un ferme * soudain, qui ne bouge pas. Un ferme sans bagarre. J'avais donné "40-50 kg" au piqueur inquiet à la radio. Mais il est mort! Pas le piqueur, vous suivez jamais ...

J'en déduis qu'il a probablement deux balles, ce sanglier mort 30 ou 40 mètres après le second tir. Je suis sûr de la première balle, la seconde était à peu près immanquable. Je vérifie que mon montage de lunette est bien enclenché, qu'il n'a pas sauté, car il n'y a pas eu l'ombre d'une réaction au tir à 25 mètres...






13:05 Il n'y a qu'une balle dans ce sanglier, elle a percé les deux poumons. Et rien n'explique le rebond arrière du sanglier ... Jusqu'à ce qu'Erwan m'assure qu'il y a un muret sous la végétation. Ce sanglier, probablement peu familier des lieux, a emprunté une mauvaise refuite.

Mon succès doit beaucoup au pied d'Erwan, aux griffons enthousiastes d'un invité, et encore plus à un muret !

L'après-midi sera génial, de menée en menée après un buisson creux. Je suis longtemps aux Quatre Combelles, sur ma pyramide, face à la crête où se rapprochent ou bien s'éloignent des menées très chaudes. Un 4 x 4 d'une commune voisine vient faire demi-tour, d'autres véhicules amis des piqueurs passent 😡, et aucun sanglier ne descendra, alors que j'y ai cru souvent. Quatre ou cinq chasseurs auront des occasions de tir.

Quinze balles tirées en tout pour la journée, pour un unique sanglier mort. Super débriefing empreint d'une exceptionnelle bonne humeur d'avant COVID, et la route.


Mais ce n'est pas terminé, la suite est sans débond, rebond ou faux bond cette fois, mais avec petite mort, dé-mort, et re-mort. Mais avant cet autre week-end,

entre le début de la semaine précédente et le fond du garage, j'avais épilé la teste du joli petit mâle au chalumeau , moultes fois brûlé et brossé. Avec un désherbeur thermique à gaz, et une lampe à souder pour finir. Mais il n'avait pas parlé, le bougre. Le pâté de tête par contre, s'est exprimé au mieux. J'en craignais un goût d'hormones - c'était un garçon, c'était janvier- et il a été un chef-d'œuvre d'équilibre. J'avais ainsi franchi l'étape du feu sans me brûler, l'étape du partage en quatre de la hure à la hache sans me blesser, l'étape de la cuisson sans m'ébouillanter ... Quatre bocaux stérilisés, deux petits saladiers de délices étaient autant de drapeaux flottant sur une victoire totale et sans pertes.

Fallait-il dans ces conditions risquer mes extrémités jusque là préservées, et m'attaquer à un montage sur écusson des grès et des défenses ? Qui commence par un démontage, une opération périlleuse qui fait hésiter les plus grands chirurgiens … Les encouragement facebouquins m'y poussèrent, une défense craqua 😕 , l'autre pas 😊 , et les grès vinrent de bon … Oui, c'était facile. M'enfin, c'était presque bien, hein. Mon sens artistique me disait que ce rondin qui trainait par là était parfait … et comme ma tronçonneuse trainait aussi ... Arf ! Blanc sur blanc, même si le pouer  (mot breton pour cochon) avait une hygiène dentaire discutable, ça n'allait pas …

Je trouvai dans mes affaires de chasse une fiole d'un produit à colorer les bois, acheté autrefois pour une crosse de Mauser dont je fis finalement du feu. Teinte plus rougeaude que brune. Mais bon. Enfin, lampe à souder et colle à chauffer pour consolider les dents, et pour les fixer à leur support. J'étais plutôt content mais les avis sur l'œuvre se sont trouvés sacrément partagés, entre moi qui trouvais ça pas mal du tout et le reste du monde qui jugeait la chose ratée par la couleur, ratée par le collage, raté par le choix du non-ponçage du bois. Dégueulasse, en fait, pour faire court. Tout' façon, ce sera dans une pièce que je suis seul à fréquenter. Mon pouce entaillé est la seule chose sur laquelle on s'accorde.

l'œuvre artistique contestée mais qui conservera la mémoire de ce sanglier


Et ce samedi, après deux semaines à laisser refroidir le canon, je retourne dans le Lot joli, adoré et arrosé comme jamais.

Et je franchis d'abord l'inondation de la rivière Cère dans de grandes gerbes d'eau, comme une bande de jeunes bouffeurs de chewing-gum à moi tout seul. J'avais prévu pour la suite un équipement de quasi scaphandrier tant le ciel tombait. Nous nous retrouverons à sept nains jaunes ou huit seulement, tous piqueurs ou faisant le pied en gros, sauf moi. Je suis donc le seul à être encore totalement sec à onze heures quand nous faisons le rond.

Par chance, plusieurs pieds ont été trouvés dans une zone restreinte. Vers Soulhol, si vous voyez. Pas loin des Quatre Combelles, ma pyramide, d'où je manquai un sanglier dont le rire moqueur retentit parfois dans ma mémoire.

Deux menées empaument des voies différentes me semble t'il *. C'est féroce sur ma droite, à 300 ou 500 mètres, difficile à dire avec le casque amplificateur, peut-être plus près, et c'est discret, mais stable au loin. Et P...de m..., un 4 x 4 de piqueur passe sous moi :evil: . Comme c'est un invité, ma colère se mue en simple énervement, ses chiens mènent assez loin d'ici si c'est eux que j'entends …Trois coup de 300 W violents éclatent, les deux derniers se touchant, là où les chiens étaient les plus crieurs. La radio annonce qu'un beau sanglier mâle est tombé. Bien armé, il se relevait, le re boum-boum était pour préserver les chiens. Il reste au moins une menée, assez loin encore, et Erwan à la radio, lance bientôt un " Attention au 4 Combelles !". Gloups, c'est moi ! Je me pose sur la marque rose au sol faite par Laurent, qui établit the place to be, et je suis là frétillant, inquiet, attentif … Où va t'il sortir ? Il doit bien s'écouler 15 minutes avant que ne jaillisse à quarante mètres une bête de, mais sans compagnie ***.

Où ça se passe


Mon tir en fort surplomb intervient à trente-quarante mètres et semble mortel... jusqu'à ce que le petit bestiau qui me paraissait sur sa fin, se relève et prenne la poudre d'escampette : je fais causer la poudre d'escopette, et la seconde balle 15 mètres plus tard le foudroie. La première est entrée en haut de l'épaule et ressort nettement plus bas un peu en arrière, et c'est surprenant qu'il ait pu repartir, la seconde est à l'arrière du crâne. Les balles monométalliques manquent parfois d'immédiateté, mais pas dans le crâne.



Les chiens sont arrivés à la mort


On remettra les chiens sur les pieds, sans lancer d'autres sangliers, et la dernière traque, je devrais l'abandonner à seize heures, car à dix-huit, le Kodiak se transforme en citrouille.

* Il y a ferme quand le sanglier blessé ou pas fait face aux chiens. Un moment redouté pour les chiens.
* ne pas trop se fier à mes impressions.
*** la bête de compagnie a de 6 mois à un an, vit en général dans une compagnie.