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mercredi 24 mars 2021

La visite

Bulletin de santé numéro tant. J +  28, mais J plus un mois aussi par le miracle de février.  J'avais pensé à "la Visitation" pour le titre, pour le côté sacré et dans un délire de licence poétique, mais l'évocation de la vie mondaine de Marie ne sied guère à mon état de convalescent fragile.


Vous allez rire. Ou pas. Cela faisait hier exactement un mois que je n'avais vu personne d'autre que des soignants généralement masqués et parfois gantés, probablement pour ne pas être confondus  un jour par leurs empreintes ou par une caméra de surveillance.


Auxquels il faut quand même rajouter ma douce - qui me soigne, on n'en sort pas - et mon fils et son épouse.


C'était un peu comme ça. Un peu, hein !


Mais hier était un grand jour, je recevais des amis. J'avais astiqué le fauteuil roulant et bichonné les chromes du déambulateur pour accueillir mes visiteurs dans le plus grand apparat. J'étais en tenue civile, un peu dégradée certes par un jogging et un sweet shirt. Le grand banquet s'était mué en simple tarte aux pommes. Ah !  Ca fait du bien. Pas la tarte aux pommes, la visite ! Suivez, bordel ! Enfin si, la tarte aux pommes était délicieuse aussi. Brèfle *, un petit goût de revie** avec le soleil éclatant derrière la vitre et des amis près de moi.

"La visite" c'est ça aussi qui m'inspira le titre, mais moi,  je la voulais vraiment cette visite !  musique  

* Bérurier.

** mot nouveau.






dimanche 21 mars 2021

Retiens la nuit

 

J + 26


Ah, enfin une nuit presque correcte. Un anti douleur léger, un somnifère léger, et une jolie goutte d'une huile essentielle de Jenesékoi, ce merveilleux arbuste poussant je ne sais où, versée par ma douce sur un mouchoir. Hasard peut-être, mais j'ai enfin dormé par longues bribes d'une, deux ou peut-être même trois heures. Je ne souviens pas de la conjugaison exacte du verbe concernant la dormition et ces choses-là, tant j'avais perdu l'habitude … 

Je voulais même créer un groupe de pression et lancer une pétition pour rendre la nuit facultative. Si jamais quelqu'un chante " Retiens la nuit ", alors je jette mes aides auditives aux chiottes, je le poursuis en déambulateur, je l'étripe avec une vieille canne anglaise rouillée.



Ainsi va la presque vie, avec ses minuscules progrès et mes gros soupirs. Mais les prévisions sont bonnes avec un kiné miraculeusement annoncé, et une météo qui autorisera de petites sorties sur la terrasse. Ca va être dingue, carrément fou. 

Bises !

mercredi 17 mars 2021

Gigolo

 Bulletin de santé numéro tant.
J + 21.  Je teste l'état de gigolo depuis cinq jours. Un taf nouveau que j'explore. Je suis à l'essai, en fait ...


Jamais je n'ai souhaité m'abaisser à ce point, mais si on veut continuer à vivre il faut parfois payer de sa personne.

Attention je suis un gigolo d'un genre nouveau. Pas un beau gosse aussi bien fait de sa personne que fainéant. Oui, je sais, je suis fainéant aussi, mais là n'est pas la question.

Je me fais entretenir par une femme, donc. C'est l'essence du métier de gigolo. Mais pas de belles sapes pour moi, pas de Weston, pas de champagne, pas de palaces ni de voyages. Pas de havanes non plus, juste une cigarette électronique. Je reste donc bien au-dessus des apparences et bien en-dessous des apparats. 

Non, si je parle d'être entretenu, c'est bêtement l'entretien courant … Pas de toilettes coûteuses, mais la toilette, pas de grands restos, mais des petits plats, et at home.




Fournir la contrepartie est certainement dans le contrat. Et c'est forcément de l'amour … Mais le seul amour que j'ai en stock actuellement est strictement platonique.

Ce contrat peut -il raisonnablement tenir ainsi ? Un frisson m'a parcouru l'échine hier soir, quand ma belle m'a servi des champignons.


Ils étaient bien comestibles. La presque vie continue ...