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mardi 27 septembre 2016

Une chasse si facile

La quête importe plus que la prise, ignore parfois le chasseur. Néanmoins, la chasse comme l'amour ne peut se contenter toujours de promesses.

Maman bébé, à la manière d' une toile...

Après une bredouille royale en solitaire- mais bredouille quand même- la semaine précédente, j'étais accompagné ce mardi de septembre d'un jeune chasseur dont les bras et les jambes m'étaient indispensables pour rapporter ma prise encore toute putative. Nous avons trouvé une météo juste moyenne, mais je savais le brouillard un allié de choix s'il voulait bien jouer dans mon camp. Connaître ses intentions, ou celles de Diane, est une autre gageure mais en gros, il allait plus probablement se lever que s'épaissir. Et m'aider peut-être à trouver les chamois à leur insu. Voir sans être vu, c'est plus de la moitié d'une chasse réussie.

Diane m'avait vraiment à la bonne ce jour-là : nous avons avancé, parfois masqués par la brume, sur près de deux kilomètres à flanc d'une montagne parfois cachée, parfois découverte. Et bingo ! Nous sommes arrivés au-dessus d'une chevrée qui tenait le creux d'une combe. A cent mètres. S'allonger, trouver la bonne position, le bon animal, installer le bipied de la carabine. Tir facile, l'animal touché parcourt quelques mètres et tombe mort.

l'animal de droite sera le premier à présenter son profil ...



Après une éviscération toujours aussi maladroite, nous enfournons le bouc dans le grand sac et Maxime m'éblouit : les trente-deux kilogrammes sur son dos, vingt-huit de l'animal et quatre du sac et ses accessoires, ne l'empêchent pas de me distancer lorsqu'il n'y prend garde. Le retour se fait en une petite heure.

Maxime et le bouc 


Comme c'est facile, la chasse au chamois, direz-vous. Ah les animaux impossibles à approcher, les retours dans la nuit semblent soudain des légendes … Fort de mon inestimable succès, j'accompagne deux jours plus tard un troisième chasseur venu chercher un cabri, un éterlou ou un bouc. Cette fois le soleil est radieux, et des chamois sont observés d'entrée. Mais eux aussi nous observent … ce qui n'est pas idéal. Nous suivons le même cheminement que l'avant-veille. Sauf que la luminosité ne nous aide pas, et que surtout, les chamois ne sont pas au bas des ondulations du terrain, mais quasi aux sommets. Mais jamais du bon côté du relief.


Merveilleux chamois



Nous les apercevons à trois cents mètres environ … et eux nous rendent la pareille. Impossible de réduire la distance dans ses conditions. Ils sont prudents, et quand après quelques hectomètres courbés et cachés nous pointons notre frimousse au-dessus d'un rocher, ils ne sont plus là, mais deux ou trois cents mètres plus loin. C'est mal barré ; alors nous montons en crête et avançons à nouveau après une pose de récupération. Nouvelle petite chevrée à cent cinquante mètres. Cette fois sera t'elle la bonne ? Nous détaillons les animaux. Pas de bouc, mais éterlous et cabris sont présents parmi les femelles adultes. J'encourage Didier à tirer : cent-cinquante mètres n'est pas la mer à boire. Il préfère attendre, il approche encore : cent mètres. Mais les éterlous ne sont plus en vision, ayant basculé un peu dans la pente. J'aime ces moments tout en tension où tout va se conclure pour le meilleur, ou le pire. Pire qui est de blesser ... Un cabri offre enfin son profil et Didier le manque (le film du tir le montre clairement). Probablement une lunette déréglée : les chocs sont fréquents en montagne ; ils passent parfois inaperçus, mais ne sont pas toujours sans conséquence sur le réglage.


Sorbiers en beauté

Ce fut une belle chasse, avec de belles approches. Trois mouflons ont été observés au début de la chasse, et nous avons entendus des brames. Bilan globalement très positif, donc.

Pour varier les plaisirs, je m'accorde alors deux jours de chasse en battue au sanglier dans le midi, le samedi et le dimanche. Mais ma déesse, en matière de sanglier, rarement m'est favorable, malgré ma vaine menace de tourner mes prières vers Saint-Hubert ... Cette fois ne sera pas meilleure, et le weekend verra pour les quinze participants une double bredouille. Deux sangliers sont manqués le samedi, et il n'y aura pas de tir le dimanche. Les sangliers ont couru, les chiens ont joué leur partition, les postés ont attendu. J'avais un brocard à tirer et j'ai fait deux petites balades d'avant ou d'après battue, sans succès. Seules des femelles se sont montrées le samedi soir et le dimanche matin.


Veine et déveine. Et les légumes, c'est excellent, à ce que l'on dit …

jeudi 15 septembre 2016

Une bredouille royale

Fin de la sécheresse annoncée pour le lendemain, et j'ai un créneau pour chasser dans cette montagne étonnamment jaunie, où les vaches semblent pâturer dans les dunes. Parti avec un petit Kipplauf Brno (carabine à un coup et un canon, très légère, pour la montagne), avec lequel je n'ai rien chassé encore … Je l'ai doté d'une lunette permettant un tir crépusculaire, et cela fait un joli ensemble.

J'allais chasser le mouflon, et chercher en particulier un agneau. Le bélier, si magnifique, ce ne serait pas pour cette fois ... Mais l'agneau, s'il est peu prestigieux, est un mets renversant. Cela paraît un peu dur à bien des citadins d'entendre qu'on va chasser un animal qui a six mois d'âge. Mais un poulet de trois mois, un cochon de cinq n'auront pas bénéficié d'une vie aussi longue. Et il ne s'agit pour moi que de prendre l'intérêt que la nature sauvage m'accorde, pas de toucher au capital.

Vers 8:15, ce treize septembre, considérant que le jour allait bientôt se lever, j'ai pris la route et vers 10:00 je m'équipais, prenant in extremis l'appareil photo dans un sac à dos apte à rapporter éventuellement un agneau. 


Du haut de ma forteresse de basalte.

Ce n'est pas le sang qui coule encore, mais déjà la sueur, en quelques minutes. Je monte si doucement qu'un observateur peu attentif me jugerait arrêté. A midi, j'atteins les résineux de Peyre Garric, que je traverse, contourne, encercle ... Rien. Puis c'est mon spot préféré à deux pas, tout près de Seycheuse, où j'avais tué à l'ouverture dernière un jeune bélier. Les éboulis  se dévoilent mètre par mètre, je retiens mon souffle ... Vides. Je trouve un groupe de rochers confortables, d'où en me levant je verrai à 300 degrés, un sapin que je chéris pour y avoir photographié un merle à plastron il y a des ans me bouche un peu de vue.


Vers l'est, la sécheresse...


Le Peyre Arse


D'une heure trente à presque dix-huit, je déguste trois abricots secs, reçois un coup de fil, somnole, rêvasse, et surtout je surveille les horizons du haut de ma forteresse de basalte. Il fait 25 degrés environ avec un vent de 20 km heure. Génial. J'avais décidé de ne pas m'user à filer  jusqu'au ruisseau qui marque ma limite ouest (le Malriou, le mauvais ruisseau ...).

Ainsi que dans le Désert des Tartares, je quitte la forteresse juste trop tôt et j'affole deux petits cerfs qui fuient dans un galop bruyant. Je mets l'APN autour du cou -un peu tard- et je poursuis la descente dans un arc de cercle sorti de mon expérience et de mon inspiration du moment.

A mi-parcours, je fais dix minutes d'affût sur un promontoire au-dessus des Prés Noirs. La clôture qui les délimite est à 150 mètres au moins … Oups, 290, me dit le télémètre. Je suis vraiment très mauvais dans l'appréciation des distances. Je poursuis ma descente en faisant gaffe aux roulades improvisées, et j'arrive à la clôture derrière laquelle la pente plus forte reste longtemps masquée. Bingo ! Trois grands cervidés ! Sourire ? clic clac. Deux petits cerfs arrivent encore dans les minutes suivantes. Il doit y avoir un anniversaire … 



Rebingo, des mouflons apparaissent sur le bord de la vallée, dans le vert …  J'attaque une manœuvre machiavélique, m'éloignant et revenant dans un arc. Mais j'ai grand mal à être masqué tout le temps. L'approche est longue, le sol peu sympathique.  La petite Brno frétille. 182 mètres, me souffle le télémètre.


Les animaux sont assez mobiles, je dois faire attention au feuillage et aux branches entre eux dans la vallée et moi dans le versant. Ma position est merdique. Crampes. J'améliore, trouvant un rocher. Chaque fois qu'un agneau est identifié avec certitude et au centre du réticule, un autre animal s'interpose, ou bien ma cible disparaît derrière le feuillage. Là !!!  Mais le réticule sautille au rythme de mon cœur, ou de mes tremblements. Je crains de blesser. Fatigue et hypoglycémie seraient-elles les deux mamelles d'une gestion des espèces raisonnable au-delà de la nécessité ? Deux fois je suis à une fraction de seconde du tir ... Puis la troupe est hors de ma vue. J'essaie sans succès de l'approcher à nouveau, puis je renonce. Et là, en revenant sur mes pas, je vois défiler "mes" mouflons dans le clair-obscur, ils vont remonter en altitude. Si j'étais resté là-haut ... Une brebis s'arrête, son agneau tout près d'elle, mais je n'arrive pas à savoir avec certitude si le jeune animal est en avant ou en arrière de sa mère, tant il fait sombre maintenant. Agneau en arrière je peux tirer sans craindre que des éclats de balle blessent la mère. Le doigt sur la détente, j'attends. La brebis me fixe, et tape du pied pour provoquer une réaction de "la chose" qui l'inquiète …

Devant, derrière ? Trop tard, ils filent. Le bruit de mes pas fera bouger ensuite cerfs et biches sur le pénible retour à la voiture que j'atteins à la lampe frontale, non sans me tromper de chemin, et sans savoir jamais où je suis exactement.

Dernier jour avant le retour de la pluie.


mardi 16 août 2016

Sauce bolognaise sauvage ET diététique

Cette recette est le pendant animal de celle de la confiture de mûres sauvages, ou même du zèbre Melba. Qui fut l'ancêtre de celle du cheval Melba, préparation si merveilleusement décrite par le grand chef Desproges, qui avait malheureusement abandonné tout composant sauvage car il vivait à Paris. Même dans notre cas, les ingrédients peuvent être difficiles à réunir. Dans ce cas, passez acheter du bœuf chez votre artisan boucher préféré, et ramenez la dose d'huile d'olive à deux cuillerées.

Le paysage idéal, et en photo montage l'ingrédient premier.

Il faut :
  • un permis de chasser, 
  • une carabine et quelques balles,
  • quelques jours en juillet-août, qui permettront, si Diane le veut, de récupérer deux kilos de chevreuil (collier, épaule ...)
  • un jardin bio et ses deux kilogrammes de tomates, ses cinq oignons, sa gousse d'ail, un verre de vin ou deux, un litre de coulis de tomates.
  • sel, poivre noir de Kampot, origan, basilic, feuilles de laurier, (autres aromates possibles), un grand verre d'huile d'olive,
  • … et une petite journée encore.

Préparation en six ou sept jours
Recette elle-même et stérilisation, en six ou sept heures
Régal assuré seize fois en six ou sept minutes, ensuite. Et c'est bien normal.



Dans un paysage rural de juillet, idéalement tourné vers l'élevage et la polyculture, suffisamment bocager, insinuez-vous vers 18:00.  Passez, s'il fait chaud, boire une pression au seul bistrot de l'endroit s'il est ouvert, et entamez avec votre véhicule une randonnée par les chemins communaux, un œil sur la route, un à gauche et un à droite. Quand la migraine guette, garez-vous, sortez la carabine, et longez les chemins de terre à la recherche du pied délicat imprimé dans la poussière, ou mieux encore, de la tache rousse d'une rencontre. Rien ? Filez vers le spot où des fois, il y en a toujours, pour ce moment ultime du jour qui inaugure déjà la nuit, ce moment où souvent un brocard se révèle. Imprégniez-vous du bourdonnement des insectes, du bruit minuscule de la brise,de la rondeur de la lune , du scintillement de la première étoile, pour bien intégrer tout cela dans la sauce. ... 

Toujours rien ? Alors dans votre bois préféré, installez un lit de camp, allumez un cigarillo et passez une nuit luxueuse à la belle-étoile. Juste au début de l'aube, vous serez à pied d'œuvre sans la souffrance d'un réveil, frais et dispos.

Il faut généralement renouveler cette opération plusieurs fois pour aboutir. Six ou sept jours parfois. Et soudain, un brocard au loin, que vous approchez. Un bon appui, attendre qu'il soit de profil. Boum ! Commence alors une nouvelle activité de débardeur boucher pour éviscérer l'animal et le ramener à la voiture. Après une petite semaine de réfrigérateur, le collier, voire une épaule est passée à la moulinette avec une grille moyenne.

Trente secondes de bain chaud pour les tomates, elles s'épluchent alors très facilement pendant que les oignons blondissent dans un bon verre d'huile d'olive. Comme la viande de chevreuil est absolument maigre, que je n'ajoute ni bœuf, ni lardons, ni aucune graisse animale, c'est cette huile qui va apporter un minimum d'onctuosité à la préparation.

Sur les oignons blondis, ajoutez la viande hachée, et touillez en cuisant. Puis l'assaisonnement composé de dix grammes de sel par kilogramme de préparation totale (vous affinerez avant de faire stériliser, puis touillez, puis les tomates coupéees en quartiers, puis un verre de vin ou deux, puis un litre de coulis de tomates. Cuisez une heure à bons bouillons, en remuant fréquemment.

Goûtez et ajustez le salage et l'assaisonnement aromatique.


Oignons blondis,venaison hachée, tomates pelées après ébullition,
et la préparation prête pour la stérilisation

Mettez en verrines. Stérilisation en deux bonnes heures d'ébullition.


dimanche 5 juin 2016

Hommages collatéraux


Ils arrivent comme ça, à l'improviste, à l'occasion de. Oui, la phrase s'arrête bien là. Collatéralement à une assemblée annuelle, souvent. C'est normal, nul ne viendrait pour une "minute de rien". La minute de silence durant laquelle tu penses juste que cette pratique est nulle,  ou bien que si quelqu'un voulait bien péter bruyamment, ça serait génial.

Deux hommages à Claude ont ponctué ma journée. Le premier de ma pure volonté, parce que je n'avais pu assister à ses obsèques. Alors, avant le repas de notre confrérie, je lui ai apporté quelques fleurs en fin de matinée, pour qu'on papote dix minutes. Car nous avons des souvenirs communs. Sa tombe est joliment fleurie ; j'ai eu du mal à la trouver d'abord, puis à trouver une place pour la petite corbeille. J'étais satisfait de le voir si bien installé. Et une grosse heure après, minute de silence au début du repas des chasseurs. 

Claude, octobre 2010

Alors je vais évoquer Claude ... Claude, cher Claude. Il ratait tout, en matière de gros gibier, et mérite le titre de protecteur obstiné et passionné, lui qui guida avec succès nombre de riches tireurs à une époque où le commerce faisait rage. Il n’avait pas de carabine, au départ, et pas de fortune non plus. Un chasseur payant qu’il guidait, lui offrit une carabine en calibre 7 x 64 avec une lunette, un ensemble neuf je crois, il y a environ quinze ans !  Même chez les riches, il n'y a pas que des cons. Il manquait, avec la lunette. Qui fut vite cassée, je ne sais comment. Il manquait aussi sans. Mais le gibier venait sans cesse à lui, et ses yeux le trouvaient toujours, même invisible pour les autres, dans la montagne.


un sanglier, un teckel, Claude à droite

Un jour, il y a deux ans, après un énième raté, il me confie qu’il va aller acheter une lunette. Redoutant qu’il soit mal conseillé, et certain que le problème était le tireur de peu de sang-froid, et pas l’arme ou aucune lunette, je pensai qu'il dépenserait beaucoup et pour rien. Comme j’avais acheté au printemps précédent une petite Ruger American Rifle avec sa lunette (il n’y avait pas d’offre sans), c'était le moment de ma bonne action centennale. Une 1.5-6 x 42 à super-effet tunnel, illuminée, qui avait juste servi pour l’essai de l’arme, et attendrait, peut – être sans fin, une mienne casse d'optique, pour un dépannage… Je propose de la lui prêter, mais il veut l’acheter. Je lui offre de me la payer 100 euros, quand il aura tué avec. Mais peu de jours après, il me tend le chèque.

Nicolas, un autre chasseur, l'installera sur la carabine, avec un montage qui dort dans ses tiroirs. Un autre chasseur, Gilles, garde-chasse mais honnête, lui règle pile-poil. Claude marche désormais plus difficilement que moi ; et trois, quatre ou cinq collègues l’emmèneront tout à tour chasser. Avec Michel, comme avec Nicolas auparavant, il cède à la buck fever [1] et manque un bélier [2], avec Thierry il couche une brebis, mais touchée juste aux apophyses … et elle se sauve après avoir été morte quelques secondes. En battue, en 2014,  à environ cent cinquante mètres il taille l'ongle d'un solitaire ... Il exécute aussi deux renards lors de ses ballades. "Loin ?" je lui demande  … " Loin", il me répond. Le poids des mots.

Une fois, à un contre mille, il y a une éternité - c'était au siècle dernier - il  tue une biche en battue, au calibre douze, d’une balle dans l’œil. D'émotion il en  perd son fusil, qu'il avait fallu à plusieurs chercher dans les genêts. Systématiquement, dans toute conversation, il reposait la question qui venait d'être traitée, peut-être parce qu'il entendait presque aussi mal qu'il voyait bien, peut-être parce qu'il avait déjà oublié. Sa vue était extraordinaire. Jamais il n'avait un mot méchant pour qui que ce soit. C'est décousu ? C'est comme ça ...

Et il tue enfin un premier chamois en 2014, puis un second au début de 2015. Il y a trente ou quarante ans qu’il chassait là ... et ces deux chamois arrivent enfin !  Mais bientôt, ce fut fini.  La maladie l’a emporté après qu’il ait résisté plus de cinq ans. Mais c’est sûr, il finit en beauté et emporte de sacrés souvenirs pour faire passer le temps là-haut.

Dans cette société de chasse aux mœurs abruptes jusqu'à la caricature, et où les manifestations de l'amour du prochain sont à peu près aussi fréquentes que les canicules en haute montagne, l’enchaînement de beaux actes, de cette carabine donnée il y a longtemps jusqu'à ce premier chamois, montre qu'il ne faut désespérer de rien ! Car de bons ennemis ont collaboré pour cela. Et Claude en plus d'avoir été un bon guide, est devenu un chasseur adroit ! Et un mec sympa toujours.


Claude, décembre 2014



[1] Perte de sang-froid marquée par des tremblements … et un tir foireux
[2]  Bélier de mouflon, un très bel animal

lundi 23 mai 2016

Bises à mes lecteurs


Longtemps j’ai eu envie d’écrire un livre. Je l’avais presque fait … Au moment de l’envoyer à un éditeur, j’ai frémi en constatant que la première phrase avait déjà servi !!!  " Longtemps je me suis couché de bonne heure ", ça commençait ainsi … Un incipit pourtant insipide, et on me l’avait déjà pris. Que de temps perdu ! Mais ça ne se verrait peut-être pas, ai-je pensé d’abord...

Sauf qu’à y regarder de plus près, j’ai réalisé aussi que tous les mots que j’avais utilisés étaient d’occasion, voire carrément usagés, avec des rayures, des déformations. Presque tous ! Si des mots nouveaux éclairaient un peu certains paragraphes c'était pour combien de temps ?  Comme "démourir", "remolir", "repité", etc. Vous ne les connaissez pas ? Normal, ils sont nouveaux, je vous l'ai dit.

Ce n’était pas ma première guerre perdue. Après avoir vu "Le genou de Claire", j’avais décidé de faire du cinéma sur le champ … Las, sur le plateau qu'on me déclara que j’avais plutôt un physique de radio. Mais au premier rendez-vous radiophonique, on m’assura que ma voix me destinait davantage à l’écriture.
Alors, j’ai déprimé. Je ne voulais pas écrire un livre nouveau avec de vieux mots, et je voulais pouvoir améliorer mon texte indéfiniment, tel un Dumas ou un Balzac … Au moins ! "Un blog, mon empire pour un blog ! "  Et j’ai reprimé. Un mot nouveau de plus, notez-le. Pour briller en société.

Et depuis, des muses se penchent parfois sur ma feuille blanche. Et alors, bon prince, je donne à lire, et à délire.


Que huit mille fois déjà, une personne ait cliqué sur un lien qui ramenait à un texte écrit de ma main est un émerveillement. Et parfois même sur la commande "Translate" ! Six cents connexions méricaines (mot nouveau), trois cents belgicaines (bis), deux cents italiennes, cent cinquante russes ou allemandes, suivies des ukrainiennes, suisses, canadiennes et des britanniques, font de moi un scribouillard international ... et bien content. Allez, je vous remercie, et les Français de France aussi.


Moi qui ne quitte jamais l’Hexagone, que dis-je,  l'Auvergne, le monde vient à moi ...

Une semaine internationale ...

jeudi 28 avril 2016

Crudivorisme et veganisme, une révolution post-darwinienne

Charles Darouine* était drôlement futé pour son époque. Bon, Darwin, OK. Mais c'est bien parce qu'il n'est pas français. C’est pareil, tout'façon. Je n’ai pas tout lu, hein, j’ai sélectionné. D'après lui, en gros, l’homme descend de l’arbre, il essaie de draguer les plus belles filles et ainsi de suite jusqu’à nos jours. L’érection naturelle, il appelle ça. La fonction crée ensuite l’orgasme. En gros, je simplifie ! Il n’avait pas vu tout à fait assez loin, le bougre, mais je suis arrivé à temps. Au début il avait cependant vu juste : la preuve, c'est que le pape n’aimait pas du tout !

Assez poilus - ou alors mal épilés ?- avec un gros bide gargouillant, nous vivions dans les arbres, mâchant, rotant et pétant feuilles et fruits. Ça nous occupait à plein temps ou presque, et c’est tant mieux, car l’ennui n’avait pas encore été mis au point. Quand il faisait très sec et qu’il y avait des incendies de savane, nous descendions parfois des arbres pour nous balader et ramasser quelques cadavres calcinés, en faisant gaffe de ne pas servir nous-mêmes de casse-croûte à un fauve. C’était bon, goûteux et digeste, mais aucun de ces vocables n’existait pour le dire.

Attraper les bestioles nous-mêmes quand il n’y avait pas d’incendie s’est imposé en quelques millénaires de réflexion. La pensée sans les mots, c' est difficile. Nous devenions malins quand même, et les moins courbés faisaient la vigie pour repérer les repas de fête, qu’il fallait ensuite attraper à coups de gourdin et d’intelligence. Après la capture du feu, on faisait griller les prises quand on voulait, et des fruits avec. La caille aux raisins date de cette période, tout comme le zèbre Melba, qui lui, a périclité au cours des millénaires. C’était si facile à mastiquer que notre grande gueule s’est réduite, comme notre gros bide inutile et gênant. Et notre cerveau gavé de protéines, de phosphore et d’énergie, allégé par la position verticale, a continué à grossir.

Nous avons alors pu passer notre brevet de chasseurs-cueilleurs. Ainsi, notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse **. C’est extraordinaire, non ? Et on traite les chasseurs de gros cons … On l’est bien un peu, puisque après ça, il y a dix mille ans, nous avons cru malin de devenir agriculteurs-éleveurs. Sans la Politique Agricole Commune, quand même. Elle est venue bien plus tard, après la sauce grand-veneur et la révolution française, mais avant Poutine et le micro-ondes, je crois. Jusque-là, donc, tout allait bien pour Darouine, et j’écris ça comme je veux.


Notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse


Sauf que soudain, des personnes pourtant très propres sur elles n’ont plus mangé de viande, soit qu’elles n’aiment pas, soit pour ne pas manger leur frère ou leur sœur en animalité. Cela se défend, cela est respectable. Bon, moi, ça me gonflerait de devoir quitter ma chambre à coucher parce qu’un frère moustique ou, pire, une sœur moustique s’y est installée. Je tue ! Certain se sont mis à manger cru, aussi. On peut se nourrir de légumes, de végétaux, avec un chouia de laitages éventuellement, sans en souffrir, c'est vrai. La preuve, la sagesse auvergnate elle-même a inventé l’aligot et la truffade, végétariens un peu, et reconstituants au possible ! Le crudivore auvergnat, il supprimerait généralement dans la recette la tome (fromage), et il ne ferait pas cuire les patates. Le pauvre garçon !!!

Qui imagine les batteries de cuisine en inox, les faitouts en fonte, le four à chaleur tournante devenus obsolètes après une courte période de gloire ?

Moi, je me marrais de mes concitoyens idolâtrant le loup, soignés aux huiles essentielles, mâchant cent fois leurs graines et mangeant le dimanche  du poisson cru artistement découpé … Et d’une fulgurance, j’ai compris. 

J'ai compris autrement les mots évolution et ré-volution. Révolution au sens de retour, au sens du cycle ou de la boucle ...  Darvin, j’écris comme je veux, s’était planté, il n’avait pas prévu la courbure de l’évolution qui finirait en révolution. Car c’est clair, nous venons de repartir dans la direction inverse, nous supprimons progressivement les protéines animales, dont le loup pourra bénéficier, nous supprimons l’usage du feu pour nous nourrir de choses végétales et crues. 

Notre ventre va redevenir une cuve de fermentation un peu bruyante, lourde à traîner et longue à entretenir, qui nous fera marcher un peu courbés… Pour calmer la migraine occasionnée par cette position incertaine, nous allégerons l’équipement entre nos oreilles. Notre cerveau suivra le chemin inverse de notre usine à fermentations bourdonnante. Nous perdrons les mots, et nous remonterons dans l’arbre, à l’abri des loups.

Alors Charles, ça t’en bouche un coin ?


* il aurait mérité d'être Français
**  http://www.vosgesmatin.fr/loisirs/2014/01/11/chasser-pour-pouvoir-penser

lundi 4 avril 2016

La religion du loup

Dieu, après bien des échecs, aurait été remplacé par le Loup. Rares sont nos contemporains qui l’ont rencontré, et nombreux sont ceux qui devront se contenter de la parole de ses prophètes, retranscrite par son Eglise et gravée dans sa Convention. Ses fidèles dénoncent dans leur plainte ces nouveaux Satan que sont le berger incapable de protéger son troupeau, le chasseur criminel, le politicien véreux ... L'un serait assoiffé de subventions et fainéant comme une couleuvre, l'autre de sang, le dernier de pouvoir. Le berger en butte au loup décroche à coup sur le pompon, ayant le privilège de découvrir l'enfer dès ce bas monde ! Le progrès jamais ne s'arrête.


Deux loups mettent à mal un chien (Suède) qui sera sauvé de justesse par son maître et son gilet de protection






















Pourtant, une demi-douzaine de générations plus tôt, nos aïeux, souvent paysans-éleveurs ou journaliers agricoles, défendaient les troupeaux nourriciers et maudissaient sans exception le loup. Villageois, bergers et chasseurs vivaient encore sur la même planète. Depuis, les moutons qui ont permis aux générations de venir jusqu'à la nôtre, en nous nourrissant et en nous habillant, ont été relégués, au profit du prédateur qui nous en prive ! Les siècles, les millénaires de combat de l’homme contre le loup sont effacés. Dès les pénuries alimentaires disparues, notre mémoire a oublié la valeur de nos productions. Pourtant, la pauvreté n’est pas si loin ! Il y a un gros siècle encore, le loup n’était plus une entrave, mais la pénurie de nourriture était encore redoutée chez les petits paysans et chez les ouvriers. La mémoire familiale me l'a transmis. Les petits bergers mis "à maître" dès huit ans gagnaient déjà leur pain à la belle saison ! Et parfois une paire de sabots en guise de treizième mois. En ces temps, en Bresse, le premier job d’été de mes ancêtres était "berger des oies". Le marché, peu organisé allait de la ferme à la grosse bourgade où les Monsus (bourgeois) achetaient volaille fine, beurre et fromages tandis que les maquignons achetaient les bovins qui échappaient à la grande douve.


Acte de décès, Marboz, 1766 - Archives départementales de l'Ain
Remontons encore un autre bon siècle dans la Bresse où le paludisme n'a pas encore disparu. La petite Marie Anne Fromond, déjà orpheline de père, est croquée par un loup sur la paroisse où naquit mon papa, Marboz ; elle est l'avant-dernière des dix-huit victimes tracées dans les archives. Il y a eu heureusement d'autres Fromond, Vulain, Bérard et Daujat. On voit en cela que le loup est un prédateur drôlement raisonnable. Et qui aime jouer avec les chiffres, ai-je cru repérer : à trente kilomètres de là, en l'an 1768, trois enfants sont tués, et dévorés en partie, sur la même paroisse les 26 et 31 juillet, puis le 3 août ! Dix, onze, douze ans ! Étonnant, non ?




Ysengrin s’est assagi, encore qu'il ait joué récemment avec un skieur en Bulgarie, qui savait heureusement grimper aux arbres. S'il a oublié le goût de notre chair, il n'est pas devenu végan. Tout montre qu’il ne craint pas plus les bipèdes que les curés ne détestent les petits scouts. Croquant ici, dans un jardin italien, un petit chien du nom de Sketch, et là, en Allemagne, une jolie chèvre adorée répondant -ou plutôt ne répondant plus - au nom de Marcie. C’était dans la pâture à deux pas de la maison, et c’était quasiment un animal de compagnie. Une biche tuée et dévorée au centre d’un village de montagne français ... On ne connait pas son nom, à celle-là, et on s’en fout. Loup hybride ... chien ensauvagé ... proposeront PETA, WWF, FERUS, et tous les prophètes du loup, tous ses prêtres et tous ses marchands du temple ... Un loup à problèmes, peut-être ? Car après les enfants à problèmes, sont déjà arrivés les "ours à problèmes* ". Ça existe, et tout porte à croire que le concept de "loup à problèmes" viendra un de ces jours dédouaner sa calamiteuse - ou prodigieuse - corporation, selon la vision binaire qui convient. Il est étrange et rassurant de remarquer que les animaux sauvages poursuivis se rapprochent des habitations humaines, quémandant notre secours, ou espérant le loup suffisamment éduqué pour leur accorder le droit de refuge dans les villages. Ils rêvent ... Ce chien est pris dans la cour, images sévères, attention ... (https://youtu.be/B2SghVwu1xk)


Jura, un loup emporte un chat

Et le renard, bordel ! Il a fait si bien le job dans notre monde sans loup. Il assure le nettoyage de la nature habitée par l’homme avec une incidence limitée sur la grande faune et la faune domestique. Des faons de chevreuil, des volailles et des veaux en train de naître le maudissent bien un peu, c'est sur ... Et les grands corbeaux ou les vautours ? Souvent présents, pour pas cher, ils veulent bien contribuer à une nature toute propre sur elle. Bref, le loup n'a manqué à personne. La mémoire, si.




Il menace clairement le pastoralisme, sa production de paysages, d'aliments luxueux, de bonheur serein. Au plan économique il réduit la productivité des troupeaux. Au plan humain, il désespère les bergers.  Dans la montagne, il sème la peur parmi la faune sauvage et domestique.  La république ferme des écoles pour épargner cent mille euros mais trouve des millions pour Ysengrin. Si l’on explorait ce gouffre à grandes dents, en s'éclairant juste au bon sens, on remettrait aussitôt l’éleveur au centre du jeu. Comme quand la nourriture des hommes n’était pas un débat sur le gluten, et quand le loup était juste un loup.


Et si on laissait croître ces merveilleux loups ? Cinq mille loups dans dix ans, quinze mille dans quinze ans pour un rythme de 30 % ? Des schismes sont à craindre chez les croyants !


* euphémisme : l'ours est dit  à problème quand il attaque un humain




Sources :
http://www.unicaen.fr/homme_et_loup/ac_rech.php
https://www.facebook.com/FERUS-Ours-Loup-Lynx-Conservation-108137194175/?fref=ts
https://www.youtube.com/watch?v=9YM4cr4_N_M
https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_un-chien-de-chasse-muni-d-une-gopro-attaque-par-deux-loups-en-suede?id=9117493
http://www.nicematin.com/faits-divers/nouvelle-attaque-de-loups-en-plein-coeur-de-saint-etienne-de-tinee-28805
http://www.arezzonotizie.it/cronaca/un-lupo-mi-e-entrato-in-giardino-e-ha-sbranato-il-mio-cane/

http://www.telegraph.co.uk/news/2016/04/04/british-skier-to-lose-toes-after-fleeing-from-wolves-in-his-sock/

mercredi 9 mars 2016

Au loup ! Sketch

A proximité de Montepulciano, Italie, un gentil loup aurait tué et mangé un chien adoré de ses maîtres. A Monte San Savino (province d’Arrezo), plus exactement. Sketch, c’était le nom du chien … J'écris tout cela avec un peu de réserve, n’ayant pas accédé à l’expertise de leur ONCFS à eux …




Sketch "avant"



« Lui, c’est Sketch, mon merveilleux petit chien que mercredi soir vers 19.30 h, il a été emmené par un loup à quelques mètres de la porte de la maison et déchiqueté devant les yeux de ma mère, dans la zone du restaurant Belvedere à Monte san Savino, dans la province D'Arezzo. Jeudi après-midi, après de nombreuses recherches, nous l'avons retrouvé à quelques mètres de la maison dans notre champ, dans ces conditions » M’sieur Google Chrome, il traduit assez mal le propos de Silvia sur sa page FB, mais bon … Et « ces conditions » est une référence à une photo assez sévère.

On ne peut pas montrer sur Facebook l’image de Sketch "après ". Sketch après, sans trop détailler, est à peu près pareil, mais il en manque un gros bout entre le milieu de l’abdomen et le collier. Moi, ça me fait moins de peine qu’un bébé mort sur une plage, mais on n’est pas tous pareil sur ce plan.

De la même façon qu'il fut plus efficace de parler du petit Aylan Kurdi pour la cause des réfugiés syriens que de parler des autres morts innombrables, il est plus utile à ma cause de rappeler Sketch que les milliers de brebis prises aux éleveurs, les biches et les chamois dévorés, dont chacun se moque bien. C'est un parallèle que l'on peut poursuivre plus loin, vous l'allez voir.

Autour du petit Aylan la manipulation des anti, principalement des groupes d'extrême-droite fut intense pour discréditer les réfugiés. On cria à la manipulation, on supposa avec de nouvelles images fabriquées pour l'occasion que le corps avait été déplacé, qu'ils (Aylan et sa famille) n'étaient pas des réfugiés de guerre (Deuz, Bloc identitaire). Tordre la réalité jusqu'à la rendre conforme à ses projets, y compris la mort d'un enfant, n'est pas un problème.

L'enjeu autour de Sketch, vous allez rire (ah bon ! c'est pas la meilleure expression ?), existe aussi. WWF Arreza, qui n'est surement pas d'extrême-droite, mais extrême quand même, accuse aussitôt le journaliste comme les propriétaires du chien «Nous nous demandons donc ce qui provient, sinon de la volonté de lancer avec une provocation inacceptable, la propagation d'une nouvelles absolument pas fiable, une fois évidemment de lancer une campagne médiatique de dénigrement du loup "   [Traduit par Google Chrome].

Sur la page Facebook de Silvia Arturi, on peut suivre le combat des parties en présence. Il y a dans la province d'Arrezo une petite centaine de loups "Difficile à dire, moins d'une centaine. Mais le nombre fluctue, tant pour la mortalité naturelle élevée que pour l'abattage illégal ", déclare le commandant provincial de la Forêt Claudio d'Amico. Il souligne l'existence de loups hybrides, plus enclins à approcher l'homme. Et Ferus  qui ne cesse d'expliquer comment tout va bien en Italie ...

J’ai vu ce début mars qu’une louve photographiée dans mes campagnes de l’Aubrac paraissait enceinte jusqu’aux yeux …Qu'à  St Etienne de Tinée, une attaque de loup a eu en plein village tout récemment, que des fous ont libéré tout récemment des loups en Lozère. En 2007, la terreur des chamois du Peyre Arse, un sommet du Cantal, confrontés à un loup, avait été pour moi la révélation que sans loup, la montagne est plus douce.

Qui laisse encore ses jeunes enfants sortir le soir dans la rue à St Etienne de Tinée en ce moment ? Bien sur le loup n'a mangé en France que quelques milliers d'enfants et de femmes depuis le Moyen Age (cas recensés) et les gamins d'aujourd'hui sont plus costauds, et surtout ne gardent pas les troupeaux. Ce qui me fait sourire, aussi parce que je n’ai pas de gamin aventureux ni de chien, et même pas de loup à ma porte, c’est qu’un tel événement, s'il survenait, rapprocherait les européens de l’ouest, au moins les ruraux et les montagnards, de la sensibilité des africains de la brousse, ou des indigènes d’Amazonie. Qui se contrefoutent, et bien au-delà, du braconnage d’un fauve, car leurs mômes servent parfois de quatre heures ...



sources :
http://www.nicematin.com/faits-divers/nouvelle-attaque-de-loups-en-plein-coeur-de-saint-etienne-de-tinee-28805
http://www.arezzonotizie.it/cronaca/un-lupo-mi-e-entrato-in-giardino-e-ha-sbranato-il-mio-cane/

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/10/mort-d-aylan-mensonges-manipulation-et-verite_4751442_4355770.html

mercredi 17 février 2016

Handicap : vivre avec deux mains gauches

Je suis né ambisenestre ! Mes parents ne s’en aperçurent pas à ma naissance, tout heureux qu’ils étaient d’avoir un petit garçon, et bientôt trop épuisés par mon habitude durable d'exiger un solide casse croûte vers deux heures trente du matin.
Bien des effondrements si j’avais été maçon, bien des incendies si j’avais été pompier, ont été évités par mon désintérêt pour la chose manuelle. Il fallut cependant presque vingt ans de vie commune pour que ma douce enfin m’interdise tout bricolage.

Cela intervint bizarrement. Autant que je me souvienne, je venais de réparer à sa demande le grill extérieur. Elle a juste ri en regardant mon travail terminé. Étonnamment, le ciment ne retenait pas les briques réfractaires, qu’elle enleva comme ça d’une main, malgré ses cinquante-deux kilogrammes.

Une autre fois je fus particulièrement vexé de voir que j’avais fertilisé la pelouse avec un reste de sac de ciment et non de scories Thomas. Maladresse et distraction vont de pair chez moi. De la même façon que la misère toujours sur les pauvres s’acharne, la maladresse frappe sans fin les maladroits. Ces faits évoqués sont presque fautes de jeunesse, et l’expérience me fait redouter tout ce qui s’apparente au bricolage. Je suis rarement déçu. 

Je vous conte la dernière, sans en rajouter, ce n’est pas la peine … Chasseur heureux, je pris un beau cerf il y a quelques semaines. Que faire du trophée ? Auvergnat radical, je décidai de le cuire, le préparer, le scier de mes petites mains.

Cela commençait bien ...


Partant de l’image radieuse de ce trophée - les quelques micro-entailles collatérales aux doigts sont invisibles - il fallait bien installer ce massacre quelque part …ou souffrir de crampes assez rapidement.

Mon grenier est encombré de souvenirs de chasse, et plutôt désordonné. J’avais décidé de fixer ce nouveau trophée de cerf de façon amovible et sans le clouer sur un écusson. Encore une trouvaille d'auvergnat extrémiste ... A la poutre verticale, sous le massacre d’un grand cerf, il paraissait chétif, alors je décidai qu’en vis à vis, contre un lambris, ce serait mieux !   Mais l’installation était tellement amovible que le crâne s’est décroché quand j’ai claqué la porte!  Il m'avait semblé que mon perçage dans l'os crânien n'avait pas assez d'angle. Mais pas à ce point ! J’ai dû refixer les os des parois nasales qui n’avaient pas aimé le choc.

Mais ce n’est pas tout. Réparé, je l'ai fixé – provisoirement je me disais, mais ad vitam æternam plus probablement-  sur un plan incliné à 45 degrés. Oui, 45 degrés environ, on peut y tremper la main sans que ça brûle. Ce plan incliné est le sous-produit obligé de la montée d’escalier. J'ai réutilisé le perçage existant du crâne. Pas terrible, mais ça tient ... Un jour, je rajoute, en travers des andouillers d’œil, une de ses mâchoires amoureusement préparée. Les dents sont dorées par des sels métalliques issus de son alimentation, c'est une merveille pour un naturaliste, à conserver. Mais ce n’est pas tout …

Car l'après-midi même, un grand bruit a terrorisé le chat qui dormait sur mes genoux, comme une avalanche ravageant le grenier ...  Tombé encore ! Voyant, dans le capharnaüm, qu'il n'y avait pas d'endroit stable et sûr pour poser cette tête "en attendant" , j'ai pris mon courage à deux mains gauches, et la perceuse de l'autre. Prolongeant le perçage jusqu'à créer une ouverture dans l’os crânien, j'ai passé un fil métallique gainé, et attaché celui-ci à une vis surdimensionnée dans le lambris, là où était ma seconde intention. C'était presque bien ...

Las, ce n’est pas tout ! Quand j'ai voulu fermer la porte, le merrain gauche s'est trouvé trop long, empêchant le passage de la porte pour un petit centimètre. Heureusement mon geste fut délicat, ou la tête accrochée solidement ...


  
Le chasseur et le chassé pour la postérité

Comme j'avais décidé que ce serait tout,  j'ai légèrement fait pencher le trophée du bout de l'index ... Et ça passe ! Bon ... Il n'est pas terrible, mon bricolage. Mais de ça, j'ai l'habitude !


lundi 8 février 2016

Déluge

Vers 2014 après JC, Dieu visita Noé et lui dit ainsi "Une fois encore, mon royaume est devenu invivable  et surpeuplé. Construis une arche et rassemble un couple de chaque espèce, et quelques humain(e)s dignes de foi. Dans trois mois et des brouettes,  j’enverrai un déluge de quarante jours qui noiera tout. On appellera ça le "réchauffement" , pour éviter les confusions …

Six mois plus tard, quand Dieu, surbooké, ou un peu sénile en raison de son âge, rend visite à Noé, il n’existe qu’une ébauche de l’arche, alors que le déluge est convoqué et qu’il commence à pleuvoir sérieusement. "Pardonne mon retard, Tout-Puissant", dit Noé, toujours un peu lèche-cul avec les patrons : "Mais il m’a fallu un permis de construire, un système de protection contre l’incendie, et même des issues de secours. J’ai dû aussi me défendre contre les copropriétaires et leur association, qui ne voulaient pas d’échafaudage dans le jardin. J’ai dû trouver un conciliateur.

Les services d'urbanisme m’ont obligé à faire une étude de faisabilité sur le transport de l’arche jusqu'à la mer, ne voulant pas croire que c’est elle qui viendrait.


L’ONF m’a bien vendu finalement, à prix d’or, une coupe de bois, pour la construction de l’Arche, mais des associations pour la défense de l’environnement se sont opposées au chantier en raison de la destruction de l’habitat d’une chauve souris de leurs amies. Le Ministère de l’Environnement les a soutenus - alors que j’en emmenais un couple - comme s’il ne dépendait pas du même gouvernement que les services de la Forêt.

Et cela a été bien pire quand j’ai commencé à constituer des couples de chaque espèce.  Je ne respectais aucune norme, j’attentais à leur bien-être. On ne savait pas à quel régime de détention d'animaux j'étais soumis ... On m’a donc demandé une étude d’impact sur ce Déluge dont je parlais, et auquel pourtant nul ne croyait. 

Puis le ministère du travail a contesté les conditions de travail des bénévoles que soi-disant j’exploitais, après que j'aie dû renoncer à l’aide de mes enfants, au titre de la protection de la famille.

Enfin on m’a assigné administrativement à résidence depuis deux mois, car on me soupçonne de vouloir exporter des espèces en danger, ou de vouloir  quitter le pays, ou les deux à la fois"

Dieu étendit la main, et un arc-en ciel apparut en même temps qu'un rayon de soleil. "Vous n’allez pas détruire le Monde ? " demanda Noé surpris.
"Plus la peine",  répondit Dieu, "l’administration s’en charge."


D’après Le canard des alpages, librement repris.

jeudi 7 janvier 2016

A la recherche d'un cuissot de marcassin

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Et c’est tant mieux car pour la cuisson à basse température, il faut se lever tôt pour apprêter une pièce de viande. Et cela, même si on n’est pas absolument à la recherche du temps perdu ! Ce qu’il y a de sympathique dans cette cuisine, c’est que ça n’attache pas, que ça ne brûle pas, comme, par exemple, les madeleines …

Si vous pouvez choisir la provenance  ...

Il est préférable de commencer avec des plats faciles comme le porc, l’agneau, le sanglier, avant d’évoluer vers le saignant ou le juste cuit. J’avais ainsi un peu foiré une première gigue de chevreuil ; enfin, foiré … Les avis étaient juste partagés, entre moi qui trouvais ça pas si mal, et le reste du monde qui pensait le contraire …

Tout d’abord, si vous vous souvenez d’un ragoût de marcassin publié sur ce blog - Un ragoût de marcassin-, sachez qu’il s’agit du même animal ! Et que reste à écrire Le pâté retrouvé ou A l’ombre du pâté, voire Les pâtés en fleurs. Car je fis avec cet animal une terrine renversante, malgré quelques péripéties en cuisine. Une trilogie, au minimum, donc. Et un bon titre, ça compte, disait Marcel.

Pour notre petit cuissot et pour la cuisine à basse température en général, il faut un four électrique correct, et idéalement une sonde thermique instillée au cœur de la pièce à cuire. Cela vaut 35 euros et apporte la maîtrise de la cuisson.

Les ingrédients :
          Un cuissot de marcassin, celui-là pesait 1.3 kg, tout petit,
Trois à quatre heures (ben oui, le temps est un ingrédient indispensable)
Quelques lardons 
Des herbes aromatiques (thym séché et réduit en poudre dans mon cas) 
Ail en chemise 
Beurre, ou huile de tournesol 
Miel (si on aime)
Sel, poivre. 
... Et un café fort si le réveil a été difficile.



Piquer, facultativement, le cuissot d’un peu de lard.
Un tout petit peu d’huile dans une petite casserole, chauffer légèrement, et remuer avec deux  cuillerées à soupe de miel et les herbes. Badigeonner la venaison après salage, puis poivrer. On le refera au pinceau en cours de cuisson avec le jus, ou le reste de miel + huile s’il y a.

Un peu d’huile, quelques lardons, un ail en chemise, au fond d’un plat.  Trente minutes au four à 110 degrés, puis on descend à 95 degrés. La température de la sonde à cœur de la pièce doit atteindre à minima les 71 degrés qui garantissent la destruction d’éventuelles trichines*. Trois petites heures après, j’ai fini en faisant monter le four à 180 degrés dix minutes pour dorer la viande. On peut le faire à la poêle aussi. Je crois que c'est mieux


On passe à table ?

Les plus de cette cuisson sont une chair très tendre, et pas du tout séchée par la cuisson. Délicieuse. Pour ma part, je reste, après l’expérience, un peu rétif au miel avec la venaison. Il me semble que de la moutarde à l’ancienne aurait donné un résultat meilleur. Et que pas de moutarde non plus eût été un peu supérieur … Un autre avantage est que l’on peut laisser cuire un peu plus sans aucun souci pour cette viande, si des convives sont en retard.

Thermomètre sonde ; ce modèle me convient parfaitement.

Une viande moins cuite Quelques jours après, j’ai amené un petit filet de mouflon à 58 degrés à cœur - badigeonné d’huile et d’un peu de moutarde à l’ancienne - avec le four à 90-95 degrés, puis je l’ai rissolé, avant de servir, durant deux minutes à la poêle. C’était parfait, sauf que finalement, la moutarde nous a semblé de trop. Restons au plus près du produit. La cuisson avait duré une heure quarante cinq environ.  L’appareil sonne quant la température souhaitée est atteinte.

Pour se documenter sur la cuisson à basse température.
http://www.cuisinebassetemperature.com/   et plein d’autres sites ou blogs


Thermomètres-sondes de cuisson :


Trichines : La trichinellose n’est pas la maladie courte et rigolote dont rêvait Desproges. Elle sait être longue et cruelle. Il faut s'en méfier en France métropolitaine pour le sanglier sauvage qui n'a pas été testé, en général. Il faut atteindre 71 degrés à cœur pour garantir votre sécurité. La congélation ne garantit  pas complètement la destruction des trichines.