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lundi 27 avril 2015

Quand je serai grand

Un être humain a entre les oreilles un équipement d'un haut niveau. Mais qu'il ne doit utiliser que dans les circonstances que les lois, les règlements, les normes, auraient oubliées. Qu'il n'aura PLUS  à utiliser dans un monde parfait. Depuis deux ou trois années, je prends de plus en plus durement conscience que les règles deviennent un joli pyjama dont les manches s'attachent dans le dos. 

Avez-vous ressenti cela ? Autrefois, par exemple, j'aimais bien lire 60 millions de consommateurs avant d'acheter un produit, c'était plein d'infos. Une chose me gênait terriblement, leur putain de conclusion : il fallait plus de règles, et plus de contrôle, plus de … Je voulais m'informer, ils voulaient légiférer. Nous nous sommes séparés.

Montez dans votre voiture. Démarrez le moteur, mais ne démarrez surtout pas votre libre-arbitre* en même-temps. Il faut vous a-tta-cher. Le danger est pour vous ? On s'en fout ! Et à 96 vrais km/heure, sur une route départementale droite et vide, vous êtes un contrevenant. Il n'y a personne d'autre que vous ? On s'en fout. Si vous ne déconnectiez pas la fonction libre arbitre, il ne vous resterait rapidement qu'à marcher.

Trop sophistiqué ?


Nous avons élu des législateurs et des gouvernants qui font des lois aussi vite qu'un curé peut en bénir. Ils affirment avoir des solutions pour les grands problèmes, c'est évidemment très exagéré. Les remèdes qu'ils posséderaient justifient leurs pouvoirs et les moyens dont ils veulent disposer.  Bossent ils  davantage pour leur statut,  leur fric, leur pouvoir ou leur bite que pour le bien-être de la société ? 

Etonnamment les gens qui confondent le bien collectif et leurs appétits propres, je les ai retrouvés une fois dans la vie associative. Des personnes malhonnêtes et faiblement compétentes qui déploient des trésors de manœuvres pour y être, pour en être. On y fabrique des règlements que même l'administration jugerait inutiles ... Transformer en enfants des adultes potentiels est une activité désormais partagée entre le politique et l'associatif.


Un guerrier Masai reçoit ses armes vers quinze ans (peut-être est-ce devenu du passé ?). Pas mal de mes copains ont reçu une carabine de 12 ou 14 mm autour de cet âge (je suis un campagnard de soixante ans, j'avoue). Un homme peut avoir des armes, pour chasser, pour défendre son troupeau, ses biens ou les siens. L'occidental aura t'il encore le droit de posséder un révolver ou une arme de chasse ? Même s'il n'a jamais commis de délit ? De franchir  l'adolescence ?

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux »  disait Benjamin Franklin. Nous avons bientôt fait tout le boulot de sacrifice des libertés, et je crois parfois que la facture est en chemin.

Modifiée au nom du Principe de Précaution


*Profitez-en, car le mot va être retiré de tous les dictionnaires. (dans une loi sécurité et sécurité, dans les tuyaux)
** ou une femme bien sûr ...

dimanche 19 avril 2015

Les mots qui soignent



En général, nous n’avons pas assez de mots. Et trop de maux, toujours. Aussi j’en bricole quelques-uns au cours de mes récits. Des mots, pas des maux. Il me faudrait faire un bilan des mots nouveaux que j’ai apportés à notre belle langue, avant même d’être reçu à l’Académie. Le dernier ? Dendescier. Un tout bon ! Se dit de quelqu’un dont le moral varie fortement, de la joie à l’abattement. Voir le dictionnaire de l’Académie française, dans quelques années, pour la définition complète.



Ainsi, disposant de mots parfaitement adaptés, les taiseux en seraient de vrais, pas des bavards refoulés ou des constipés de la phrase, qui sont légion. Créer des mots  moins tragiques, ou créer un antidote aux mots trop définitifs, comme mourir, est un devoir.

White Hunter académicien



Mais mourir n’est définitif qu’à cause de ressusciter qui est de l’ordre du divin, et à cause de renaître qui implique un autre état, une nouvelle jeunesse, un nouveau  bonheur. Du coup, les gens normaux restent morts. C’est démourir qui est le mot nécessaire ; il aurait cet avantage énorme de ramener à la vie sans trop d’exigence pour le mort … le rené ? … Démourir c’est juste ne plus être mort, sans se la péter comme un prophète qui sort du tombeau à J+3, ou une pouffe qui a trouvé la crème hydratante qui lui donne cette sensation de renaissance et qui passe à la télé pour le dire … On aurait certainement pu amoindrir le côté sévère de la mort par des adjectifs. On le fait bien pour les blessés ! Mais c’est vrai que déterminer un espace entre un mort léger et un blessé grave sera difficile. Démourir se conjuguera comme courir et pas comme mourir pour bien marquer sa différence. Démours toujours !

C’est un peu comme remolir.  Nouveau aussi. Une vieille maison démolie, si on la reconstruit à l’ancienne avec plein de trucs, du style, et du cachet, eh ben ça coûte. Et on la reconnaît à peine. Remolie, elle est juste « plus démolie », toujours vieille, mais debout. Vous voyez la nuance ? Moins cher, adapté à la période de crise. Ni rénové, ni reconstruit, mais remoli.

Bon, il faudra que je voie si je ne peux pas entrer sous la coupole avec un couteau de chasse plutôt qu’une épée, ça me ferait plus d’usage. L’habit vert, ça ira.


jeudi 2 avril 2015

Chier dans les bois, un art en perdition

Vous n’êtes pas sans savoir que les grizzlis fertilisent la forêt près des rivières où ils pêchent le saumon. Avec les grizzlis, les forestiers, les cueilleurs de champignons, les naturalistes,  les randonneurs et les trekkeurs de tout poil,  les chasseurs appartiennent à cette dynastie de chieurs des bois, possesseurs plus ou moins doués d’un art en perdition.

Et pourtant, c’est chose importante, car manger chaque jour sans chier jamais nous condamnerait à prendre du poids de façon inconsidérée. Et si d’autre part, nous sommes ce que nous mangeons, et si forcément nous chions ce que nous mangeons, nous sommes aussi un peu ce que nous chions …

Puisque aucun ouvrage français ne s’est attelé à la chose, j’ai donc décidé de le faire, même si mon organisme bien réglé ne m’oblige que rarement à pratiquer l’exercice. Mes hanches en ferraille lui en sont reconnaissantes. Il n’en est pas de même pour tous, et j’ai souvenance d’un partenaire qui souvent s’éloignait en début de chasse pour « poser le pantalon ». Poser culotte, baisser culotte, les expressions sont nombreuses pour éviter le mot le plus simple et le plus direct.




Pour la première fois d’ailleurs lors de mes chasses, tout récemment, un chef de ligne aborda dans ses recommandations la chose. « Ne bougez pas du poste, même pour un animal blessé, même pour vos besoins naturels … » Diantre ! Chier en orange et au bord du layon ne pourrait se faire qu’en tout dernier ressort … Un exercice d’humilité bien pire que manquer un grand sanglier. Remarquons que les garçons chiens pissent fièrement mais semblent frappés de faiblesse et de débilité lorsqu’ils se vident, selon le terme consacré.

Sans machisme aucun, notons la supériorité de l’homme sur sa jolie compagne qui pour faire pipi aussi se doit de baisser pantalon. Mais elle a acquis dans l’exercice une grande grâce que des collègues chassant en montagne observèrent un jour avec plaisir, se passant les jumelles pour garder un souvenir plus précis des jolies fesses blanches sur l’autre versant.

Se chier dessus, expression commune signifiant commettre une bourde néfaste pour soi-même, prend ici tout son sens. Et comme dans la grande ville, le sort des sans-papiers est souvent cruel. Les tenants du sac à dos ont souvent de quoi voir venir. Il faut bien sur éviter de se chier sur les chevilles et disposer d’un équilibre suffisant, et d’une pratique minimum. Tragico-comique, l'histoire de ce randonneur qui quitta son poncho pour satisfaire son besoin et qui eut une horrible surprise en voulant se protéger la tête de l'averse qui survint un peu plus tard.

Quelques recommandations en faveur de la santé publique : ne chiez pas près ou dans le ruisseau, vous transportez peut-être à votre insu des parasites. Et une précaution qui vaut dans les bois comme dans la vie : faites votre trou ! Et posez-y votre offrande à Mère Nature, que vous recouvrirez d’un peu de terre, d’un geste négligent mais adroit du bout du pied. Comme le grizzly, vous enrichirez la forêt qui digérera plus vite votre cadeau ainsi. Mais le sol n’est pas souvent si meuble que cela soit facile.

Je n’ai pas écrit cela pour vous faire chier le moins du monde, mais pour que mon blog soit parmi les premiers à traiter de ce sujet de fond. 

Comment chier dans les bois : Pour une approche environnementale d'un art perdu. Kathleen Meyer. Guide Edimontagne. 

mercredi 1 avril 2015

Luxe et plaisir en un clin d'oeil

C'est le luxe de la caille ou du perdreau que dégustent les paysans chantés par Ferrat.

En matière de gastronomie, il faut avoir le tour de main, ou bien acheter à un toqué, à un prix fou mais justifié, un délice. Ou bien le conquérir de haute lutte. Mais c'est parfois si simple qu'il n'est pas utile d'avoir une recette. L'avoir entendue, même d'une oreille distraite, suffit. Cela devient donc un luxe tranquille, comme ce plat, avec juste quelques grammes de truffe (cela se congèle) et quelques œufs, bios ou fermiers.

A table ...

Pour réussir, soyez seule (e) un soir, avec 3 œufs, quelques grammes de truffe, un rien de fleur de sel, un chouïa de poivre du moulin, un autre de beurre ou d'huile pour la poêle . Un peu de vague à l’âme ou de blessure au corps me semblent aiguiser encore les parfums célestes de ce mets si simple ... A deux, voire quatre, ça marche aussi. Pas plus, je crois, comme chez un toqué ...

Les ingrédients  réunis, chauffez un peu votre assiette au micro-ondes (à donf avec un poil* d'eau au fond) ou au four, c'est un plus pour la dégustation.

Versez l'huile dans la poêle, faite chauffer à feu moyen. Séparez les œufs de leur coquille. Cela cuit tranquillement. Sel et poivre. C'est cuit ? Éteignez, et versez sur les œufs brûlants les copeaux émincés de quelques grammes de truffe. Elle sera chauffée, la truffe, pas cuite.

Quel vin ? Un cahors, un côtes du Rhône va bien, mais des tas d'autres feront l'affaire. Même l'eau**

Bon appétit.


Un coin à truffes ... Mais où poussent-elles ?




* il n'existe pas d'eau velue, et si vous en trouvez, ne la buvez pas.
** à consommer modérément, le coma hydraulique fait des ravages (source OMS).