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dimanche 30 octobre 2022

A vaincre sans péril, on triomphe sans boire

"A vaincre sans péril, on triomphe sans boire".  C'est dans Le cidre, de Corneille que c'est marqué, un pommiculteur, je crois ... Moi, c'est plutôt une bonne cigarette qui m'aura manqué ... Brèfle, je vous raconte.

Premier constat avant-hier, et c'est pas pour me vanter, la baisse du niveau du lac se poursuit. Le mien - de niveau- montait en contrepèterie, vous l'allez découvrir ... Mon bateau ne touchant pas encore le fond, j'ai d'abord capturé quelques gardons au ponton pour les transformer en gardons pélagiques dans le cadre d'une formation qualifiante de "pêcheurs de carnassiers".


gros coefficient ?


Un autre bateau pêche à l'ancre virtuelle, avec plusieurs lignes à bouchons que je présume garnies de vifs ; ils ont arrêté de matraquer au leurre, probablement fatigués ; un autre bateau a disparu derrière une courbe du rivage tandis que je dérive en m'échinant au leurre souple de taille moyenne, au drop-shot, à la lame vibrante, avec une tête plombée "Rubber jig"  habillée d'un ver canadien pour concilier le meilleur de deux mondes, avec un tandem de petits leurres souples, etc. ... J'établis ainsi une grosse liste de leurres et d'appâts que les poissons ne veulent pas.


deux collègues au premier plan, le ponton au fond



J'ai bientôt dérivé sur cinq cents mètres, en deux heures environ, frein à main desserré, et je me calme un peu en matière de pêche active, me cantonnant au rubber jig avec ver canadien canadien avec crinelle, et un ver 60 cm plus haut, en drop shot, que j'active mollement, de plus en plus mollement ... Sur presque toute la dérive, il y a du poisson au fond visible sur le sondeur, que je ne suis pas en mesure de qualifier en raison d'une incompétence crasse, et pourtant pas une touche au ver.


Depuis que je suis vers dix mètres de fond, un gardon est installé en fireball, entre un et deux mètres du fond. Un système de fainéant, quasi inventé pour moi.


La pêche de fainéant 




Un bruit ou un mouvement me tire soudain le regard, je vois la boucle du fil du Penn, coincé sous l'élastique, avancer, je le libère, mais rien ne bouge plus ... Ah si, et même le mouvement s'accélère et le moulinet ouvert commence à se dévider de manière dynamique. Sans sortir la canne de son appui, je ferme le pick-up, je veux ferrer en sortant la canne de son support ... mais je suis aussitôt en prise ; le gardon amoché à franchi 10 mètres (!) pour arriver en surface, libéré mais fort mal en point ...


Je pressens un silure moyen, sauf que le poisson vient éclabousser rapidement en surface, sans que je puisse l'identifier. Ce n'est probablement pas un silure qui monterait ainsi sans façons. Un brochet, vois-je au second tour de manège, tandis que je commence à me demander comment je vais décrocher le pompon. Il fait de nombreux départs successifs, sortant en sondant quatre ou cinq mètres de tresse du moulinet dont le frein réglé vers 1.5 à 2 kg, à vue de nez. Je crains qu'il se décroche, la faute à mon presque non-ferrage ...


Mais sinon, les carottes sont cuites, terriblement cuites, trop cuites ... Ma canne est surpuissante, sans doute de  l'ordre de 50-60 livres (c'est pas marqué), mon moulinet est dimensionné silure, tout neuf et c'est un Penn 6500 au frein merveilleux, équipé d'une tresse de 40 livres juste déballée, d'un bas de ligne de 12 kg Kilestenfer, et je ne suis pas à l'ancre, donc aucun cordage ne peut me piéger, mon épuisette est à la fois immense et quasi parée.


En dix minutes ou moins, le brochet se rend. 


... et il mesure un mètre 


Prendre un brochet d'un mètre, (je l'ai mesuré vite fait dans l'épuisette vers 1.03 mètre, c'est difficile) ce n'était pas un truc pour moi à priori, et surtout pas dans mes objectifs. Mais c'est fait. Comme c'est arrivé sur du matériel un peu surdimensionné car je cherche les silures, je n'ai touché qu'une petite partie des dividendes en matière d'émotions et de sensations. Je n'avais même pas un cigarillo ou une Chimay Bleue pour fêter la prise... La misère !


samedi 15 octobre 2022

Vin de glace 1980, et autres adorables vieilleries

 

C'est pas pour me vanter, mais le temps passe. Moi-même, d'ailleurs … A une époque où pas mal d'avenir encore était devant nous, un ancien étudiant a eu l'idée de réunir les garçons les filles de sa promotion de techniciens agricoles dont je suis, qui pendant un an ou deux s'étaient échinés ensemble pour la conquête d'un diplôme censé ouvrir des lendemains qui chantent plus juste ou plus fort.


Étaient venus se former qui un paysan qui voulait respirer, qui un malade qui voulaient guérir, qui un professeur qui voulaient apprendre, qui un bûcheron dont le dos criait grâce. Il y a avait là-dedans du catholique qui prie quand il a bu, du vigneron, du communiste sûr de lui, du vegan qui jeûne pour se détoxifier, du droitier profond, du néo-rural, pour citer les principales tendances qui emplissaient les salles de cours. Des gens apparemment comme vous et moi. Enfin, comme vous, pas comme moi, étant à la fois communiste et malade, ce qui fait beaucoup pour un bien petit bonhomme.


Et que devinrent ces personnes dans les décennies qui ont suivi ? Cette question vous brûle certainement le pourpoint, voire la forêt girondine. Dans la banque agricole, dans la police, à la ferme elle-même, dans le conseil aux agriculteurs, dans la formation et l'installation de futurs agriculteurs, dans l'agro-industrie, etc.

Certains ou certaines ont trouvé rapidement le débouché professionnel souhaité, et d'autres on ramé des lustres avant de s'établir pour de bon. L'inégalité poursuivait donc ses ravages sans être aplanie par ce modeste diplôme.


Vin de glace ...



C'est ainsi qu'arriva il y a quelques semaines cette bouteille de vin de glace miraculeuse, née en 1980, année du diplôme, qui est dans ma cave aujourd'hui, C'est un coteaux du Layon, un affluent de la Loire sur sa rive gauche. L'automne 1980 fut sauvage, neige et glace arrivèrent tôt. La fin des vendanges s'effectua dans des conditions affreuses, et on débloqua même le pressoir à la barre à mine ... Pendant que moi-même je me les gelais aussi, mais sur les hauteur du Cantal que j'avais atteintes grâce à cette formation.  

C'était le vignoble des parents de Gérard, un étudiant membre du groupe qui se trouve regroupé chez moi, et qui offrit une bouteille de 42 années à chacun de nous. Se retrouver 42 ans après, comment est-ce possible ? Juste grâce à l'un d'entre nous, André-Jean, qui s'y était attelé il y a une quinzaine d'années. Et cela a marché ; on ne résiste pas à un normand.

Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu, d'un jour et tous les trois quatre ans d'abord, puis nous avons décidé, devant l'urgence du temps qui passe, de les rendre annuelles … et sur deux ou trois jours.  La Croix Rouge n'aura pas à ouvrir une antenne, il y a deux infirmières parmi nous ...




Et autres amicales vieilleries ...


lundi 3 octobre 2022

Première chasse 2022

On risque plus à perdre sa passion qu'à se perdre dans sa passion, a dit, grosso-modo, Saint-Augustin, un mec bien, à ce qui se raconte. Pourtant il est une chose qu'on ne saisit pas quand on vit une passion dévorante comme la chasse ou toute passion : c'est  fragile. Il aura suffi que je ne puisse plus aller en montagne courir le chamois, le cerf et le mouflon avec les jumelles, l'appareil photo ou la carabine, et que mes nuits soient assez souvent peu réparatrices pour que l'envie de chasse fonde comme une noix de beurre dans la poêle.


Trois semaines après l'ouverture je me suis quasi fait violence pour m'arracher du lit à 6:00 et attaquer deux heures de route vers le département du Lot, vers le causse de Grammat, là où il est tranché par la jolie vallée du Célé. Conduire de nuit me devient pénible, il faudra deux cafés et un croissant pas loin du but pour rallumer un sourire au moins intérieur, à la pensée de retrouver Erwan, René et les autres.


L'avant veille j'avais sorti une belle carabine de fort calibre, et sa lunette dont le point rouge refusa de s'allumer, malgré une batterie neuve ... Diane m'oubliait-elle, ou savait-elle déjà que je n'étais pas si loin de la trahir ? Je me rabattis sur une seconde carabine, qui se déclara parfaitement prête, et je pris 9 cartouches. 


Nous étions onze chasseurs au rond à 9 heures 30, avec déjà un 17 degrés un peu couvert et sans vent, une météo idéale pour les chasseurs postés, qui promettait d'être un peu chaude pour les piqueurs et les chiens. Le pied, cette partie essentielle de la chasse aux sangliers ou les équipages piqueur-chien de pied  prennent connaissance des possibles sangliers remisés n'avait pas été vraiment fructueuse, et nous attaquerons une zone vaguement favorable vers 10:30.


Mon poste aux Quatre Combelles est au quasi sommet d'un cône calcaire et je dois gravir 20 ou 30 mètres de dénivelé, appuyé par ma canne. De là, je suis face au relief  bien plus élevé et tout proche de l'autre côté de la minuscule vallée, où je pourrais tirer un sanglier jusqu'à 100 mètres et plus. S'il en passait un. Et je peux aussi surveiller mes arrières assez facilement. C'est un poste à 360 degrés où j'ai déjà tué, mais aussi manqué, et souvent poireauté aussi, car la chasse peut se dérouler à un ou deux kilomètres plutôt que s'approcher.


Mon poste … d'où je vois ma voiture



Il fait doux, je suis assis sur de la roche tendre à défaut d'être moelleuse et rien je n'entends. La radio est inaudible et un texto d'Erwan m'apprend qu'il a tué un sanglier, que des chiens mènent encore d'autres animaux.


Les chiens arrivent au premier sanglier tué par Erwan



L'espoir est là. Deux autres tirs ne parviendront pas à mes oreilles non plus mais stoppent un second sanglier. Puis une menée enthousiaste passe sur le plateau, assez proche, mais aucun sanglier ne descend la pente ; c'est un trajet peu usité dans ce sens. Un autre chien donne de la voix dans une autre direction ; est-ce un de nos chiens, ou est-ce la chasse voisine ? Je suis cette fois debout, cherchant un impossible appui parfait sur mon pied gauche. Eh oui, on tire aussi avec les pieds, mais je dois me contenter d'approximation.  Le chien s'est tu, a perdu le pied un moment. Il me semble entendre une respiration. Soudain il est là, arrêté à 20 mètres de moi sur le chemin dans une courte ouverture de la haie, je reste immobile pour ne pas être repéré, et je pousse la sécurité de mon arme. J'épaule quand il repart et tire sur l'animal distinct en pointillé au travers du feuillage. Je vois des pattes gigoter, c'est dedans. Le chien arrive, s'arrête à l'emplacement supposé de l'animal, s'il est bien tombé là. 


Le piqueur que j'ai joint arrive et me confirme que l'animal est mort. Félicitations, photos. Une première chasse réussie. Un quatrième sanglier est tué sur le plateau et nous décidons que nous avons assez chassé aujourd'hui. Les deux week-ends précédents avaient été infructueux, c'était le jour où il fallait en être …


Il est petit, mais c'est le mien ...