... A vous raconter. Souvent, je ramène mes prises dans leur peau. Ainsi, les amateurs de chasse ou de faune peuvent les admirer
encore chez moi, avant que l’état de steak ou de gigue ne dissimule leur beauté. Et puis, c'est tellement mieux de ramener un animal plutôt qu'une carcasse ! Il leur manque seulement les entrailles, laissés aux grands corbeaux.
Joseph, mon voisin, dit le papi, avec qui j’ai chassé le lièvre et le perdreau, adorait venir
voir ainsi, presque vivants, le mouflon et le chamois qu’il n’a jamais chassés.
Le lièvre, il le connaissait à fond, et il tirait droit. Nous mangions ensemble nos rares et merveilleux succès qui étaient le plus souvent les siens.
C'est le papi qui avait tué ce lièvre. Joseph, à gauche de l'image Vers 1999 ... |
Alors comme d’habitude, j’ai ramené mon mouflon, dans la peau. Il est
à la cave quand j’écris cela. Une sacrée belle ouverture, comme j’aime. Je n’avais pas trop
envie, à cause de la météo annoncée, mais c'est passé pile-poil. Au
lever du jour, je montais vers Seycheuse (1650 m), le souffle un peu court, calculant la
bonne cadence. Un cèpe ! Je veux le récolter, mais je touche -sans m’émouvoir-
un truc visqueux qui se sauve d’un saut. Une grenouille rousse ! Le cèpe, lui n’en est pas un, mais une coulemelle
me consolera plus haut.
Bientôt le brame |
Et un beau cerf se révèle à quatre cents mètres de moi! Le brame est sur le point de débuter, je lui souhaite bonne chance dans la conquête des belles. Il s’enfuit
royalement – n’est pas un cerf qui veut- vers les résineux de Peyre Garric,
que je contourne jusque vers un éboulis de rêve. Et, comme une fois sur trente à cette époque, ILS sont là. Une dizaine de mouflons, dont je vois quatre ou cinq exemplaires. Brebis,
agneaux, jeunes béliers.
A gauche, un agneau |
C’est un jour de chance après quelques jours de tristesse. Couché sur la roche, et après avoir armé la carabine mixte, je photographie et je filme, attendant qu’un
animal se lève pour tirer. Pas une brebis ! Je ne la tirerais pas, car il y au moins un agneau et je ne veux pas d’orphelin.
Mais qu’un agneau se lève, ou un jeune mâle, et je ferai chasse. Car ils sont à moins de quatre-vingt mètres, et le
tir est d’une facilité presque culpabilisante. Un jeune bélier se lève, je le photographie encore, puis le tonnerre de ma
carabine provoque une fuite ordonnée, à laquelle il essaie de se mêler, mais ses forces l'abandonnent. Je saute
sur l’appareil photo pour filmer la fuite de la troupe …
C’était une sacrée belle chasse de peu de kilomètres, courte et limpide. Vider et redescendre la bête ne sera pas trop dur. Un gros kilomètre de descente, et un copain, Nicolas, vient à mon secours.
C’était une sacrée belle chasse de peu de kilomètres, courte et limpide. Vider et redescendre la bête ne sera pas trop dur. Un gros kilomètre de descente, et un copain, Nicolas, vient à mon secours.
Mais Joseph ne viendra pas le voir, car il est en terre
depuis vendredi. Il avait quatre-vingt-onze ans, c’était un homme droit et fort. Parti à six ans de la province
d’Almeria, chassé par la pauvreté, pour réussir une nouvelle vie. Comme il le
souhaitait, il est mort chez lui, sans trop souffrir, très entouré. Son aura
nous accompagnera un bon bout de temps.
Très beau récit de chasse ou l'amitié et l'amour de la nature sont ressenti à chaque phrase
RépondreSupprimerTes photos sont magnifiques et tu sais toujours bien écrire ; Joseph aurait été fier et content pour toi.
RépondreSupprimerUna ? Nancy ? Ah Pierrot ! Un grand salut à toi.
SupprimerJe méconnaissais ton blog, Régis. On ne peut être parfait, je suppose.
RépondreSupprimerEncore que le récit de cette tranche de vie, tranche de chasse, frôle n'en soient pas loin. Pas loin du tout.
Merci, j'ai des lecteurs adorables ...
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