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jeudi 8 octobre 2015

Comportement déviant



Assez extraordinaire. Ni elle ne filme, ni elle ne photographie l’évènement. Ses proches s’en inquiéteront si jamais ils prennent connaissance de ce comportement anachronique et presque déviant. Se moque-t-elle de tout ? Refuse-t-elle de partager ? Batterie à plat ?


Comment témoignera-t-elle ? Juste avec sa mémoire et des mots ? Les mots ... N’est pas Shakespeare ou Houellebecq qui veut. Et qui lit ? Qui lit ? qui Lit ? Ne me chatouillez pas, je vous prie ... Compte-t-elle sur sa mémoire pour raconter ça à sa petite-fille, ou à ses amies ? Sur sa mémoire plus que sur celle de son Smartphone ? Bizarre. Déjà touchée par la maladie d’Alzheimer, peut-être ? Les personnes en bleu seraient des aides-soignantes, alors, et l’on est rassuré, on va la ramener dans sa chambre. Mais un numéro vert devrait exister pour signaler ces personnes dans la détresse.


Vivre sans smartphone ... Soyons confiants et lucides, si l’on peut être à la fois lucide et confiant. Cela a existé : les mots étaient bien des outils au service de la mémoire, et ils sont bien contemporains des peintures rupestres, qui elles-mêmes sont les grands parents de la clé USB. Et la toile qui fait voyager les contenus est alors juste un colporteur version 2.0.

On imagine les images de l’évènement, agrémentées d’un commentaire ou pas,  prêtes à s’envoler, ou volant déjà vers une personne aimée ou un réseau, chez le voisin en casquette à lunettes. Futiles souvent, belles parfois, un lien toujours vers les siens ou sa tribu. Je crois bien que la révolution utile est dans ce dernier point : éviter la solitude quand elle est redoutable ou redoutée. J'ai expérimenté ne pas être seul quand on est seul, tant qu’on a la force de pianoter. Et ainsi face à la peur, à l’angoisse, on a ses proches proches, pas loin-loin …Et c'est beaucoup mieux.

Prendre des images, c’est malheureusement mettre un peu d'écran entre l’évènement et soi. Heureusement, les partager redonne du sens à l'acte. Ne pas devenir l’esclave du témoignage, comme Cro-Magnon me racontait récemment, c'est important... Forcé à des semaines de taf pour immortaliser son dernier mammouth ou son premier ours, et à des selfies hasardeux et longuets, visibles à condition de venir dans la grotte, visibles à condition d'avoir une torche ... Mais ils ne cédèrent pas si vite au confort du smartphone, les Cro-Magnon.

 

1 commentaire:

Merci de réagir, mais avec douceur et courtoisie.