Ma douce me quittait quelques jours, et je l’ai accompagnée ce
matin à son job, d’où elle partait. Comme je me trouvais sur les lieux de ma première
vie professionnelle, une vie presque éclatante, j’ai poursuivi mon chemin en
faisant une boucle dans le temps.
L’Hôtel du Midi, dans ce village, se trouve juste face à mon
ancien bureau. Mais Madame Charbonnel que j’adorais, la patronne, et Madame
Vidalenc, qui était la propriétaire de mon appartement, ont quitté cette vie.
Et j’ai dû sacrément changer aussi. Je m’imagine déjà entrant dans le bar
« Eh ! c’est moi » … Et le regard interrogatif d’une
personne qui me reconnait peut-être, ou qui donne le change, et dont les sourcils semblent dire « Meuh
non … c’est pas lui du tout ». Alors bon, je poursuis mon chemin. La peur
d’une émotion trop violente.
Il est plus beau et plus grand que dans mon souvenir, le
village de Pierrefort. C’est déjà ça. Soigné, propret, montagneux et tordu. Je rate presque
la route de Cézens, village qui semblera lui-même
plus loin qu’autrefois.
Le village de Pierrefort - Photo Joël Ramadier |
Je n’ai jamais eu la mémoire visuelle, et un château apparait à ma gauche et à ma surprise.
Complètement zappé ! Ah oui, il y avait bien un château … Des petits chemins
oubliés, mais aux panneaux indicateurs dont les noms de hameaux sont toujours présents
en moi. La ferme du Périer, là … Des gens formidables y vivaient, qui sont
morts. Des gens de qualité y vivent maintenant ; il y a des choses qui se
transmettent, heureusement. Plus haut c’est un printemps peu fleuri, sous un vent
assez fort, sur un plateau ensoleillé et incliné. Bon dieu, où mène cette route
que je prenais, je me souviens ? Je ne retrouve pas dans mes propres circuits –neuronaux-
le trajet d’autrefois. Je connaissais à peu près tous les hameaux du
canton. Mais c’était il y a longtemps.
Au-delà de Cézens, le hameau des Chabasses, où j’ai
travaillé avec des personnes dures à la tâche, à qui la vie ne faisait jamais
de cadeau. Une dame ici, a marqué ma mémoire, par son courage physique. Qui ne
l’a pas sauvée. Eh tiens, il y avait de bien belles filles à côté. Puis, le Col
de Prat de Bouc, Le Lioran, la casa. En arrivant chez moi, un coup de fil
m’apprend que j’ai oublié mon rendez-vous médical. Un peu de passé m’échappe,
j’ai des soucis avec le futur. Je devrais m’occuper avec soin du présent que je
sais vivre et sentir encore un peu … Je n’ai pas fait de photo, malgré l’appareil posé
sur le siège près de moi.
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