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jeudi 28 avril 2016

Crudivorisme et veganisme, une révolution post-darwinienne

Charles Darouine* était drôlement futé pour son époque. Bon, Darwin, OK. Mais c'est bien parce qu'il n'est pas français. C’est pareil, tout'façon. Je n’ai pas tout lu, hein, j’ai sélectionné. D'après lui, en gros, l’homme descend de l’arbre, il essaie de draguer les plus belles filles et ainsi de suite jusqu’à nos jours. L’érection naturelle, il appelle ça. La fonction crée ensuite l’orgasme. En gros, je simplifie ! Il n’avait pas vu tout à fait assez loin, le bougre, mais je suis arrivé à temps. Au début il avait cependant vu juste : la preuve, c'est que le pape n’aimait pas du tout !

Assez poilus - ou alors mal épilés ?- avec un gros bide gargouillant, nous vivions dans les arbres, mâchant, rotant et pétant feuilles et fruits. Ça nous occupait à plein temps ou presque, et c’est tant mieux, car l’ennui n’avait pas encore été mis au point. Quand il faisait très sec et qu’il y avait des incendies de savane, nous descendions parfois des arbres pour nous balader et ramasser quelques cadavres calcinés, en faisant gaffe de ne pas servir nous-mêmes de casse-croûte à un fauve. C’était bon, goûteux et digeste, mais aucun de ces vocables n’existait pour le dire.

Attraper les bestioles nous-mêmes quand il n’y avait pas d’incendie s’est imposé en quelques millénaires de réflexion. La pensée sans les mots, c' est difficile. Nous devenions malins quand même, et les moins courbés faisaient la vigie pour repérer les repas de fête, qu’il fallait ensuite attraper à coups de gourdin et d’intelligence. Après la capture du feu, on faisait griller les prises quand on voulait, et des fruits avec. La caille aux raisins date de cette période, tout comme le zèbre Melba, qui lui, a périclité au cours des millénaires. C’était si facile à mastiquer que notre grande gueule s’est réduite, comme notre gros bide inutile et gênant. Et notre cerveau gavé de protéines, de phosphore et d’énergie, allégé par la position verticale, a continué à grossir.

Nous avons alors pu passer notre brevet de chasseurs-cueilleurs. Ainsi, notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse **. C’est extraordinaire, non ? Et on traite les chasseurs de gros cons … On l’est bien un peu, puisque après ça, il y a dix mille ans, nous avons cru malin de devenir agriculteurs-éleveurs. Sans la Politique Agricole Commune, quand même. Elle est venue bien plus tard, après la sauce grand-veneur et la révolution française, mais avant Poutine et le micro-ondes, je crois. Jusque-là, donc, tout allait bien pour Darouine, et j’écris ça comme je veux.


Notre intelligence et notre langage ont existé pour la chasse, et notre culture, nos mythes, nos œuvres, par la chasse


Sauf que soudain, des personnes pourtant très propres sur elles n’ont plus mangé de viande, soit qu’elles n’aiment pas, soit pour ne pas manger leur frère ou leur sœur en animalité. Cela se défend, cela est respectable. Bon, moi, ça me gonflerait de devoir quitter ma chambre à coucher parce qu’un frère moustique ou, pire, une sœur moustique s’y est installée. Je tue ! Certain se sont mis à manger cru, aussi. On peut se nourrir de légumes, de végétaux, avec un chouia de laitages éventuellement, sans en souffrir, c'est vrai. La preuve, la sagesse auvergnate elle-même a inventé l’aligot et la truffade, végétariens un peu, et reconstituants au possible ! Le crudivore auvergnat, il supprimerait généralement dans la recette la tome (fromage), et il ne ferait pas cuire les patates. Le pauvre garçon !!!

Qui imagine les batteries de cuisine en inox, les faitouts en fonte, le four à chaleur tournante devenus obsolètes après une courte période de gloire ?

Moi, je me marrais de mes concitoyens idolâtrant le loup, soignés aux huiles essentielles, mâchant cent fois leurs graines et mangeant le dimanche  du poisson cru artistement découpé … Et d’une fulgurance, j’ai compris. 

J'ai compris autrement les mots évolution et ré-volution. Révolution au sens de retour, au sens du cycle ou de la boucle ...  Darvin, j’écris comme je veux, s’était planté, il n’avait pas prévu la courbure de l’évolution qui finirait en révolution. Car c’est clair, nous venons de repartir dans la direction inverse, nous supprimons progressivement les protéines animales, dont le loup pourra bénéficier, nous supprimons l’usage du feu pour nous nourrir de choses végétales et crues. 

Notre ventre va redevenir une cuve de fermentation un peu bruyante, lourde à traîner et longue à entretenir, qui nous fera marcher un peu courbés… Pour calmer la migraine occasionnée par cette position incertaine, nous allégerons l’équipement entre nos oreilles. Notre cerveau suivra le chemin inverse de notre usine à fermentations bourdonnante. Nous perdrons les mots, et nous remonterons dans l’arbre, à l’abri des loups.

Alors Charles, ça t’en bouche un coin ?


* il aurait mérité d'être Français
**  http://www.vosgesmatin.fr/loisirs/2014/01/11/chasser-pour-pouvoir-penser

2 commentaires:

Merci de réagir, mais avec douceur et courtoisie.