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mardi 2 février 2021

Sur le volcan

8 décembre 2016 ... Finalement par des hasards ajoutés, je me retrouve possesseur d'un bracelet de chamois. Car "on" sait que je ne tirerais qu'une très vieille chèvre non suitée, si je tire ! Il y en aurait une d'un âge canonique mais bien moins vieille que moi en même temps, mais la trouver est une gageure dans la montagne … Le réveil du volcan est une surprise de taille. 

Le réveil du volcan, fumerolles et lave en fusion ...


Autre surprise, s'il faisait moins quatre dans la vallée à 1000 mètres d'altitude, c'est plus sept degrés à 1500 mètres, d'où j'observe d'entrée à la longue-vue deux chamois, l'un à cinq cents mètres que je dirais bouc, et l'autre à trois kilomètres ... dont je ne dirai rien. Je m'équipe et je démarre doucement. Le sol, malgré la douceur venteuse relative, est dur comme de la pierre, et les ruisseaux sont figés. La traversée de la source de l'Impradine, en partie gelée, me donne des sueurs forcément froides, traversé également que je suis par l'idée glaçante d'une mauvaise chute en ce lieu privé de tout réseau téléphonique. Je me rassure à demi en me disant que ce sera partout comme ça aujourd'hui. Sans réseau.


Je n'ai pas la pensée carnassière, je veux juste goûter au plaisir de ce soleil, de ce vent de quinze kilomètres-heure, de cette marche très lente, de ces chamois ... De ma quête. Et la très vieille chèvre dont j'ai entendu parler serait à trois ou quatre kilomètres de mon véhicule. Un challenge que je ne tenterai pas une seconde fois ! Rapporter seulement le trophée, les cuissots et les filets est forcément possible. Mais bon, à quoi bon y réfléchir déjà ? Marchons, rêvassons, clic-claquons des images.


Un air de matin blême. Au fond, la Brêche de Rolland.


Un groupe de cinq chamois me ravit … Ils sont si cool que je ne crois pas le loup présent ces jours-ci sur ce massif (nous sommes en 2016, et depuis la densité de chamois a bien chuté). Puis une traversée prudente de zones de glace si dangereuses sous un peu de poudreuse, car elles ne sont pas plates, produites par l'eau qui sourd de la montagne et gèle en vaguelettes assassines ... Je fais beaucoup de pauses d'observation. Trois chamois à la Brêche de Rolland, sans doute un trio familial (1). Et j'avance encore, car je sais que je vais trouver d'autres chamois. Je choisis la mi pente pour approcher le Peyre Arse. Si je trouvais l' animal de chasse, je pourrais, s'il n'est pas sur un versant qui me permette l'approche, faire marche arrière pour un long détour, pour le contourner par le haut ou par le bas ...



Une chèvre (jeune) avec deux cabris


J'échange mon blouson Browning vintage contre une petite polaire camo présente dans mon dressing portable, où elle côtoie une bouteille d'eau, une courte longue vue, une corde, deux pains au chocolat, de la rubalise, un télémètre, une lampe frontale, un bonnet et un raton laveur. Cette liste amusera quelqu'un. Par une chance inouïe pour l'idiot géographique que je suis, je trouve d'entrée la draille magique de la mi-pente haute. Et un groupe de neuf chamois sur le bas. Il ne peut que me repérer. Pouvoir me surveiller du coin de l'œil à cinq ou six cents mètres suffit à les rassurer. Je passe à leur large.


Sur le massif d'à-côté, cela flambe dur. L'éveil du vieux volcan sur lequel nous vivons si tranquillement va forcer biches et cerfs à habiter plus loin cet hiver. Et à se faire tuer peut-être dans un secteur moins connu d'eux. 


Je me dis que je n'irai guère plus loin en arrivant à la limite nord du pied du Peyre Arse. Trois chamois à trois cents mètres, qui galopent un peu en s'approchant. Rut ? Non, ils broutent en s'approchant, et c'est une femelle avec deux beaux cabris. Une rareté. Peut-être, même si cela n'est jamais relaté, la chèvre a-t 'elle adopté un cabri orphelin, ou bien sa maman court le guilledou et a confié le petit à la voisine.


D'autant qu'une chèvre assez jeune aurait été tuée et son cadavre abandonné dans la montagne, il y a deux ou trois semaines. L'œuvre d'un con. "Mes" chamois se couchent un court moment à cent mètres, puis recommencent à brouter en montant. Je broute moi-même un pain au chocolat en les observant, tandis que mon APN fatigué refuse d'enregistrer les images de bon cœur. Puis je m'éclipse discrètement.

Le chemin du retour


Et je reviens vers la voiture, que j'atteins un peu avant la nuit. Le paysage est superbe, l'atmosphère nimbée de bleu par les particules fines de l'écobuage.

(1) la structure familiale est la mère, son jeune de l'année, et son jeune de dix-huit mois

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