L'hiver sera rude. Il sera même sans pitié. Deux choses me l'ont rappelé ce lundi matin alors que je finissais juste d'étirer mes vieux os rouillés. Et les vieux qui ont ces os-là ne se trompent pas toujours.
Le fioul à 96 centimes d'abord !!! Le baril ? Le gallon ? Non, le litre ! On en est presque à souhaiter que les pauvres soient aussi SDF car à ce prix là, ce sera nouilles ou chauffage, pas les deux. Alors autant profiter du plein air, non ? Notre président a un plan pour ça, je crois ; il ne faut pas s'inquiéter. Sauf bien sûr si on est pauvre.
Puis le grillon.
Le fioul à 96 centimes d'abord !!! Le baril ? Le gallon ? Non, le litre ! On en est presque à souhaiter que les pauvres soient aussi SDF car à ce prix là, ce sera nouilles ou chauffage, pas les deux. Alors autant profiter du plein air, non ? Notre président a un plan pour ça, je crois ; il ne faut pas s'inquiéter. Sauf bien sûr si on est pauvre.
Puis le grillon.
Adorable grillon |
Je dois avouer à ce stade du récit, pour la compréhension de la suite, que la serpillière, c'est moi ... Je ne veux pas dire là par qu'on doit ramener ma personne toute entière à cet ustensile (on fait comme on veut, hein), mais que c'est moi qui ai la lourde charge, chaque lundi, de traiter tout le rez-de-jardin. Ma femme a généreusement renouvelé mon équipement, et je dispose d'une sorte de paquet de spaghetti bleus au bout d'un manche, avec le seau de la même couleur. Je peux même choisir entre du savon noir et d' autres produits écologiques. Je suis ainsi presque un cadre du nettoyage des sols d'un rez-de-jardin, quand je songe à mon degré d'autonomie et à la confiance accordée par mon épouse.
Alors que j'atteignais la salle de
bain, prêt à laver le sol, juste après le choc du prix du fioul, ma serpillière-spaghetti en main,
je me suis trouvé en présence d'un adorable grillon. Tout le monde
n'a pas cela dans sa salle de bain. Ici, en dépit de la sixième
extinction, des centaines de bestioles volantes sautillantes ou
tissantes passent du jardin à la maison quand elles
démontagnent. Elles sentent l'été fini. On ne compte pas les mouches qui
cherchent un petit chez soi chez nous, ni les punaises, ces horreurs
capables de rendre spéciste le plus rigide des vegans.
C'est assurément le signe d'un
hiver très rude, comme en 56, ou peut-être pire ! Les
grillons, ces adorables bestioles qui accompagnaient mon pépé à la
pêche aux chevesnes après le temps de la récolte des pommes de
terre, ont un chant (stridulation produite par les élytres) qui
évoque pour moi les soirs de l'été bressan quand il y en avait un. Souvent certains
chantaient tout l'hiver quand ils avaient trouvé un fournil
agréable : été permanent, farine et miettes à foison. Leurs Seychelles, leur Polynésie. Il
paraît qu'il en est dans le métro, qu'ils s'y nourrissent
préférentiellement de mégots. Fumez sans filtre si vous aimez les
bêtes.
Mais me voilà assailli encore par une lourde responsabilité, assurer un hiver heureux et
stable à un petit grillon d'intérieur. Chantera t'il ? Fripouille le chat le laissera t'il vivre ?
Perdu dans mes réflexions, j'allais éteindre et m'endormir quand j'ai vu une hénaurme araignée au plafond, au sens premier. Grosse comme le bout de mon doigt. Oui, celui-ci.
Nous les ploucs, on est toujours en retard d'une extinction.
Il a même fallu allumer le chauffage.
Il a même fallu allumer le chauffage.
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