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dimanche 26 janvier 2025

Maquereau en montagne, et marlin ailleurs

Autant l’écrire tout de suite, ça n’a rien donné. Mais ce titre montre le génie et l'inventivité de l’auteur. Quoi ? Il n’y a pas de maquereau dans ce lac ? Mais je les apporte, pardi ! Et le maquereau est au bout de la ligne, en guise d'appât, chargé de convaincre un poisson gastronome.

J’avais bêtement regardé les pêches d'une star d'Outre-Manche. C’était un fake, assurément, un produit de l’IA, un complot... Michel Marron, dit là-bas Mick Brown, soit-disant pêcheur de brochets célèbre Outre-Manche, a-t-il même existé comme voudrait le faire croire cette vidéo? Vous pouvez cliquer si vous aimez. Michel Marron à l'oeuvre . Je suis rentré bredouille au possible, et ça prouve le fake.

Pendant ce temps, à la Réunion, gros contraste ...


Sach95, La Réunion, déc. 2024, 268 kg


Cette déconfiture laissait derrière elle un passif à régler avec mes soi-disant alliés et complices. D'autres maquereaux seraient sacrifiés pour remplacer les sandres et les brochets dont ils m’avaient privé par leur incompétence, leur mauvaise volonté, ou même leur trahison.

White Hunter, Poissonnier, janvier 2025, 468 g.


Je glissai quelques sous dans la poche d’un mauvais garçon notoire, poissonnier de son état, qui me remit cinq maquereaux sauvages d’une livre chacun, pris au hasard des mers et des océans afin que plus aucun d'eux n’ose me ridiculiser pendant quelques générations. J’allais les fumer, moi, ces macs !

Vous aussi, vous avez un compte à régler ? Juste faim ? N'hésitez pas à fumer du maquereau !

C’est incroyablement facile à fileter, et le rendement en filets avec peau est de quasi 60 % ! Contre 35 % pour les perches, peau ôtée, il est vrai.

Et hop, bien rangés dans un plat aux dimensions adéquates, avec 29 g de sel par kg, 3 de cassonade, 3 de poivre noir, 3 de graines de coriandre torréfiées, aussi bien répartis que possible. Laissés de 10 à 72 heures au réfrigérateur, en retournant deux ou trois fois, pour l’homogénéisation du salage. Puis tamponnage au papier ménager et une journée au réfrigérateur pour un ressuyage suffisant avec la mise dans le fumoir.

Ah, on est bien ...


Sciure de hêtre pour une douzaine d’heures, ou plus selon l’humeur. Je les sécherai jusque vers une perte de 15 % de leur poids, et je les congèlerai sous vide deux ou trois jours plus tard, comme il est recommandé pour le poisson sauvage.
    Le fumoir

Ils sont sortis du salage avec 4 % de perte du poids initial, 4 % perdus ensuite en une journée de fumage, 4 % encore dans la nuit dans la cave électrique. Je décide de 4 heures de fumage supplémentaires le matin suivant, perte de poids réelle 12,4 %, et emballage sous vide pour deux jours de frigo, puis congélation anti-parasites (poisson sauvage). Notez que le fumoir aurait été un peu juste pour le marlin !


Ils rejoindront des salades vertes, des blinis tièdes, et je ne sais quoi d’autre…

Les brochets, eux, ils grossissent. Et comme vous avez droit à la photo de la prise extraordinaire de Sacha, "Sach95", qui pêcha en décembre 2024 le prodigieux marlin que vous voyez en tête de cet article ... Je vous livre aussi son récit, le 1er janvier 2025, sur un forum de pêcheurs, car je suis un prince, à défaut d'être un bon pêcheur ...


" .../... une pêche incroyable que j’ai vécue il y a de ça deux jours. En vacances à La Réunion pour une semaine, je me suis prévu une matinée de pêche aux gros avec un pêcheur professionnel, une première fois pour moi. Départ le matin à 7 h, la pêche commence par une traîne rapide au leurre de surface jusqu’à un DCP* à environ 30 minutes de navigation depuis le port. Après quelque temps au jig** sur le DCP sans touche, malgré des échos de thon dans la zone, le capitaine sort une ligne à main pour tenter de prendre un vif ; une fois la chose faite, la ligne au vif est à l’eau, avec un petit poisson d’à peine 10 cm au bout.


Après plusieurs heures sans activité, nous remontons les lignes. Je me charge de remonter celle avec le vif pas plus gros qu’un gardon, et là, à même pas 10 mètres du bateau, une énorme masse noire avec un dos et une dorsale bleu électrique surgit, suivant le vif. Ni une ni deux, une canne avec une bonite entière est à l’eau, et une autre canne avec une imitation d’octopus*** rose de 25cm. S’ensuit une quinzaine de minutes où le poisson slalome entre nos lignes, apparaît puis disparaît, jusqu’au moment où il attaque en surface l’imitation d’octopus. S’ensuit un rush interminable où il déroule plus de 400 ou 500 mètres de fil, tout en faisant des chandelles sur sa course.

Une fois ce rush terminé, je suis installé sur le siège de combat, harnaché au moulinet, et le combat débute. Il était 10 h 15 lorsque la touche a eu lieu, il sera vers 12 h 45 lorsque celui-ci sera terminé.

Je n’aurais jamais pu imaginer à quel point le combat avec un tel poisson était physique et difficile. Il aura fallu se relayer par deux fois avec l’autre personne présente sur le bateau avec moi ce matin pour venir à bout de ce poisson, un marlin bleu de 268 kg, pour près de 3 mètres.

Un poisson exceptionnel, certainement le poisson d’une vie, dans la mesure où le précédent record du capitaine, pêcheur depuis plus de 20 ans sur l’île, était de 246 kg.

Le lendemain, j’avais des courbatures dans les bras, mal aux mains et au dos, et des souvenirs à vie "


* dispositif de concentration de poissons
** Leurre de pêche métallique
*** leurre souple artificiel s'inspirant d'un calamar