C'est pas pour me vanter, mais la houle ne m'a pas empêché d'innover dans la pêche du calamar ! Mieux, elle m'a aidé. Peut-être parce que je descends d'une lignée d'inventeurs pendant que d'autres, moins chanceux, descendent du bus en bas de la rue.
Le broumé, rappelons-le pour les incultes et les bas de plafond, est un mélange de bonnes choses que l'on jette avec science à la mer pour appâter le thon, peut-être même le marlin ou l'espadon. C'est souvent à base de sardines. Relisez Hemingway, "Le Vieil homme et la mer".
Il faut des bagues, pour le thon rouge, désormais ... Attention, ça n'implique pas de l'épouser, le thon, c'est plus compliqué que ça. Pas de bague pour le calamar, heureusement.
Mon grand-père, Majot, avait inventé dans un autre temps et un autre domaine un raticide bio avant l'heure du bio, biodégradable, imparable, sans effet secondaire et sans gluten ! S'il ne fit pas fortune avec, c'est surtout parce que le traitement durait dix jours, ce qui demande de la suite dans les idées chez un consommateur qui, déjà, était bien volage.
Mon grand-père, Majot, avait inventé dans un autre temps et un autre domaine un raticide bio avant l'heure du bio, biodégradable, imparable, sans effet secondaire et sans gluten ! S'il ne fit pas fortune avec, c'est surtout parce que le traitement durait dix jours, ce qui demande de la suite dans les idées chez un consommateur qui, déjà, était bien volage.
Le graal |
Et ce raticide était en suppositoires, aussi. Ça n'a pas aidé.
Mais revenons au port où nous nous vîmes trois et embarquâmes sur l'Arvor **** corsicain et diesel de notre ami. Et au calamar rouge qui nous occupe. Nous partîmes dans le golfe clair comme d'autres vers Terre-Neuve. Une demie heure de traversée sans feu ou presque, dans la nuit à peine éclairée d'un piètre premier quartier de lune. Aucun piéton, heureusement, ne traînait là, nous ne l'aurions pas vu. Un peu chahutés, je trouvais, par cette houle d'un mètre, en chargeant d'une sardine ma turlutte *** ... La position, le travail appliqué pour fixer la sardine, le mouvement du bateau, m'évoquaient une énorme assiette de lard à l'huile avec plein de crème dessus, qu'il fallait manger et manger encore. Allez savoir pourquoi, car on sortait du resto !
*** C'est ça |
Nous nous étions bien vêtus et n'eûmes pas à le regretter. La houle semblait avoir doublé dès que le moteur fut coupé. Des tas d'assiettes de lard à l'huile, débordantes de crème dansaient devant mes yeux, entre les lumières du port lointain et un goéland noctambule entiché du capitaine. Je me cramponnais à ma ligne comme si elle était de vie, ou antispasmodique. Pas bien du tout, j'étais ...
Le capitaine |
Et tout à coup il fut clair dans mon esprit comme dans mon estomac qu'il fallait brouméger ** et je me jetais à genoux contre le franc-bord. Tandis que le capitaine et mon équipière remontaient des calamars.
L'équipière |
Et moi ? Et bien je continuais de brouméger ***, de quart d'heure en quart d'heure, délaissant ma ligne de plus en plus. À minuit, en raison de mon piteux état, on valida ma nouvelle méthode d'amorçage révolutionnaire, et nous rentrâmes accompagnés d'une douzaine de calamars.
** jeter à la mer, avec science, le broumė.
**** un bateau à moteur de 6 mètres conçu pour la pêche de plaisance
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