Ne chassant pas souvent le 29 février, j'avais décidé d'attendre le lendemain ; mieux vaut ne pas rompre avec les bonnes habitudes. En fonction d'un décret préfectoral, du fait que nous serions moins de 5000, et que le causse n'est pas spécialement un lieu confiné, je suis viendu le lendemain, qui tombait aussi inexorablement en mars que des scouts sous les robes d'un curé.
Diane, notre déesse, s'était gentiment penchée sur nous pour nous ébouriffer un peu les cheveux à coups de quelques rafales de vent de mars, d'un p'tiot coup de tonnerre ici ou là, et de quelques gouttes brutales mais de courte durée. Favorable à cette chasse de mars, elle avait posé sur mon chemin un lapin qui était bien là, un lièvre qui semblait faire du stop, un chevreuil qui bouffait des bourgeons. Ouhhh lààààà !!! ça sent le sanglier, ça, en ai-je déduit avec cette logique très branlable des chasseurs de cochons.
Trois chasseurs avaient compté, en venant au rendez-vous, une vingtaine de chevreuils. Ils venaient de 50 km tout au plus, je pense ! Tout le monde est dehors ce matin ! Un piqueur voit même quatre sangliers de loin en faisant le pied au lever du jour. Le printemps frappe fort, même les bécasses sont énervées.
Des fleurs pour Christine |
Et pas seulement ! René, l’aîné de la bande du dimanche, au prétexte de l'âge justement, offre à Christine un bouquet d'anniversaire composé de forsythia, de genièvre et de Jenesekoa Bignonioides Angustifolium *. Est-ce vraiment son anniversaire, le champagne est-il là pour donner le change ? Cela ne nous regarde pas, ce n'est pas de la chasse et nous sommes là pour la chasse, et seulement pour ça.
Nous décidons, enfin, pas moi, d'attaquer la bande des quatre. Je me dis qu'à la rivière je serais bien, mais j'ai droit à la Baie d'Along. Bon d'accord, les locaux disent la Combe d'Alon, mais ça fait vraiment modeste ... Sous les directives du président, nous serrons bien la bande, mais pas trop non plus, pour la circulation ... En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, c'est lancé. Je suis juste sous l’événement, je sens frétiller ma carabine, je sens les muscles de mes balles bleues bandés dans leurs starting-blocks de laiton. Mon palpitant monte dans les tours, comme la courbe des décibels canins qui se déversent. C'est donc ça, le bonheur.
Trop malins, les quatre sangliers, qui sont seulement un, décident de passer saluer le président plutôt que votre serviteur, lequel probablement pour les remercier de cette attention tire juste deux coups dans le paysage. "Doublé de Serge", commente ironiquement un piqueur. Pas de bol pour le suidé, il passera à un autre posté un peu décalé, mais aux canons parfaitement calés ...
Oukissont les trois frangins ? Nous insistons - surtout les chiens en fait - jusqu'à 11:59, nous passons alors un peu de gel antiseptique sur nos mains pour obtenir l'absolution hydroalcoolique des bises matinales, et nous partons prendre une légère collation clôturée par une larme de champagne.
Aux Quatre Combelles, un poste surélevé |
Trois attaques l'après-midi, dont pour finir une chez les trois frangins, décidément partis ... La première est très prometteuse aux Quatre Combelles, je suis sur le rocher, les chiens lâchés en deux points sont enthousiastes. Ça ne va pas traîner, se dit chacun. Puis les chiens seront de plus en plus silencieux, et nous ne parviendrons pas à lancer. Les chiens se sont calmés, la radio aussi, et je ne vois plus le gilet orange sur la crête … Merdre !!! Ma radio m'a lâché en oubliant de dire bip bip. Descente de mon piédestal, remplacement des piles, et je fonce rattraper les potes.
Ce sont les Trois Boules qui succèdent aux Quatre Combelles, mais là aussi, les chiens perdent la voie ; s'ensuit un épisode burlesque entre un piqueur qui appelle pour qu'on vienne le récupérer et son chauffeur, suivi au GPS sur la "centrale à chiens", qui s'emmêle dans les chemins. Immense rigolade, tout le monde donnant des conseils farfelus.
Essai final sur les trois frangins, beaucoup trop malins pour nous. Un magnifique vol de grues survole notre échec.
Petit verre empreint d'amitié après cette jolie journée où j'ai marché au moins cent mètres, gravi pas loin de cinq mètres, palpité un peu, bien rigolé et aussi appris l'énorme facture « santé des chiens » de mon ami piqueur.
Fin de partie, ils ont été excellents |
J'accompagnerai au retour un lièvre sur un petit kilomètre, en voiture évidemment, avant qu'il veuille bien prendre la tangente.
* je ne connais que le nom latin
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