Nombre total de pages vues

lundi 3 octobre 2022

Première chasse 2022

On risque plus à perdre sa passion qu'à se perdre dans sa passion, a dit, grosso-modo, Saint-Augustin, un mec bien, à ce qui se raconte. Pourtant il est une chose qu'on ne saisit pas quand on vit une passion dévorante comme la chasse ou toute passion : c'est  fragile. Il aura suffi que je ne puisse plus aller en montagne courir le chamois, le cerf et le mouflon avec les jumelles, l'appareil photo ou la carabine, et que mes nuits soient assez souvent peu réparatrices pour que l'envie de chasse fonde comme une noix de beurre dans la poêle.


Trois semaines après l'ouverture je me suis quasi fait violence pour m'arracher du lit à 6:00 et attaquer deux heures de route vers le département du Lot, vers le causse de Grammat, là où il est tranché par la jolie vallée du Célé. Conduire de nuit me devient pénible, il faudra deux cafés et un croissant pas loin du but pour rallumer un sourire au moins intérieur, à la pensée de retrouver Erwan, René et les autres.


L'avant veille j'avais sorti une belle carabine de fort calibre, et sa lunette dont le point rouge refusa de s'allumer, malgré une batterie neuve ... Diane m'oubliait-elle, ou savait-elle déjà que je n'étais pas si loin de la trahir ? Je me rabattis sur une seconde carabine, qui se déclara parfaitement prête, et je pris 9 cartouches. 


Nous étions onze chasseurs au rond à 9 heures 30, avec déjà un 17 degrés un peu couvert et sans vent, une météo idéale pour les chasseurs postés, qui promettait d'être un peu chaude pour les piqueurs et les chiens. Le pied, cette partie essentielle de la chasse aux sangliers ou les équipages piqueur-chien de pied  prennent connaissance des possibles sangliers remisés n'avait pas été vraiment fructueuse, et nous attaquerons une zone vaguement favorable vers 10:30.


Mon poste aux Quatre Combelles est au quasi sommet d'un cône calcaire et je dois gravir 20 ou 30 mètres de dénivelé, appuyé par ma canne. De là, je suis face au relief  bien plus élevé et tout proche de l'autre côté de la minuscule vallée, où je pourrais tirer un sanglier jusqu'à 100 mètres et plus. S'il en passait un. Et je peux aussi surveiller mes arrières assez facilement. C'est un poste à 360 degrés où j'ai déjà tué, mais aussi manqué, et souvent poireauté aussi, car la chasse peut se dérouler à un ou deux kilomètres plutôt que s'approcher.


Mon poste … d'où je vois ma voiture



Il fait doux, je suis assis sur de la roche tendre à défaut d'être moelleuse et rien je n'entends. La radio est inaudible et un texto d'Erwan m'apprend qu'il a tué un sanglier, que des chiens mènent encore d'autres animaux.


Les chiens arrivent au premier sanglier tué par Erwan



L'espoir est là. Deux autres tirs ne parviendront pas à mes oreilles non plus mais stoppent un second sanglier. Puis une menée enthousiaste passe sur le plateau, assez proche, mais aucun sanglier ne descend la pente ; c'est un trajet peu usité dans ce sens. Un autre chien donne de la voix dans une autre direction ; est-ce un de nos chiens, ou est-ce la chasse voisine ? Je suis cette fois debout, cherchant un impossible appui parfait sur mon pied gauche. Eh oui, on tire aussi avec les pieds, mais je dois me contenter d'approximation.  Le chien s'est tu, a perdu le pied un moment. Il me semble entendre une respiration. Soudain il est là, arrêté à 20 mètres de moi sur le chemin dans une courte ouverture de la haie, je reste immobile pour ne pas être repéré, et je pousse la sécurité de mon arme. J'épaule quand il repart et tire sur l'animal distinct en pointillé au travers du feuillage. Je vois des pattes gigoter, c'est dedans. Le chien arrive, s'arrête à l'emplacement supposé de l'animal, s'il est bien tombé là. 


Le piqueur que j'ai joint arrive et me confirme que l'animal est mort. Félicitations, photos. Une première chasse réussie. Un quatrième sanglier est tué sur le plateau et nous décidons que nous avons assez chassé aujourd'hui. Les deux week-ends précédents avaient été infructueux, c'était le jour où il fallait en être …


Il est petit, mais c'est le mien ...



2 commentaires:

  1. Avec toutes mes félicitations...Tu vois bien... Il suffit d'être au bon endroit. Mais pour ma part aussi, comme tu le dis dans ton message la passion de la chasse baisse, baisse, baisse. Je pourrais y aller demain matin avec ma petite teckel... Mais je ne suis pas sûr d'avoir le courage de me lever a 6h30. Peut l'après midi... Samedi après midi c'est, il y a une battue, j'irai. Bon encore bravo à toi. Michel

    RépondreSupprimer
  2. Eh oui, si l'on n'entretient pas la passion, elle disparaît tout doucement. Alors, chasser quand il fait beau, quand on se sent en forme ...

    RépondreSupprimer

Merci de réagir, mais avec douceur et courtoisie.