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jeudi 28 mai 2015

Ma poupée-garçon



Quand on naît dans le genre masculin, on est condamné à un profil et à un destin XY. Comme les géomètres ? Sans doute est-ce pour cela que j’ai tué des milliers d’indiens, que j’ai gagné plein de guerres avec des pistolets en plastique et des sabres du même métal, grâce à un courage illimité, pendant que ma sœur couvait ses poupées. Pff, la fille !
 
Une fois pourtant, je me suis égaré sur la route du genre. Je me souviens très bien, même si j’étais vraiment petit ; c’était bien avant l’âge scolaire. J’avais adopté, sans doute trouvée, une poupée. Babeth, ma grande sœur, se moquait de moi, et ce fut plus terrible encore quand ma maman et ma grand-mère me raillèrent. "Tu joues avec une poupée ?" J’avais défendu bec et ongles mon honneur de garçon … Et ma poupée, je m’en souviens encore, cinquante cinq ans après ! "C’est  une poupée garçon !" Je revois les images de la cour de la ferme, et ma poupée-garçon. C’était en fait un garçonnet de vingt centimètres de haut en short, bien dégradé d’ailleurs. Il était en caoutchouc, mais n’émettait plus le moindre pouet ! pouet !  quand on pressait son corps.


1000 fois moins beau que celui-ci ...




Je ne me rappelle pas d’autre entorse, et l’école a dû finir de me formater en garçon-garçon. Il s’écoula ensuite  bien  dix  ans avant que je ne recommence à jouer avec des poupées. Des « en vrai » qui  me fixèrent radicalement dans mon genre. J’ai toujours conservé depuis de vrais jeux de garçon. Les jeux, les injonctions parentales, puis sociétales, nous installent dans notre genre. Et les hormones, évidemment. Je suis resté jaloux des filles quand même, qui parlent mieux que nous de davantage de choses. Mais bon, elles ne pissent pas debout, non plus. Qu’adviendra-t-il, grâce à ce chemin que l’on commence à ouvrir  pour les bambins, un chemin moins marqué de prédestination, à l’école, et aussi à la maison où le partage des tâches s’installe ? Du bien, en général. Peut-être un inconfort pour quelques-uns et quelques-unes, qui ne seraient pas survenus à la mode ancienne, quand on avait besoin de bonne chair à canon, et de reproductrices compétentes. 

Comment sera le monde des garçons demain ? Je pense à des activités principalement masculines, comme la chasse que je pratique assidument. Une quasi parité s’installera t-elle ? Je pousse l’amour de mon art jusqu’à fabriquer moi-même les cartouches de mes carabines, et je ne connais encore aucune dame qui le fasse. En France. Cela viendra t-il ?
Renaud disait - je crois - dans une chanson, qu’une fille valait toujours mieux que son frangin. Ou un truc comme ça. Les garçons me semblent aussi avoir davantage besoin d’une passion, alors que les filles sont davantage touche-à-tout. Le foot, la chasse, le bricolage ou la photo sont-ils là pour combler un vide ? Ils sont probablement des territoires de substitution, qui remplacent ceux que nous n’avons plus à conquérir. 

Déjà que nous ne sommes pas purs, car croisés X Y, serions nous incomplets, en plus ?

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